Les médecins résidents renouent avec la «protesta», après que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) a refusé d'organiser une session de rattrapage aux recalés des examens du DEMS lors de la session de juillet dernier, qui s'est tenue moins de deux semaines après le gel d'une grève nationale de huit mois. Dans un communiqué transmis hier dimanche à la presse, le Comité autonome des médecins résidents algériens (CAMRA), qui comprend également les étudiants en médecine dentaire, a dénoncé le gouvernement de n'avoir pas «honoré ses engagements» vis-à-vis de la corporation, notamment l'organisation d'une session de rattrapage aux étudiants ayant échoué à la session de l'examen du DEMS en juillet dernier. Et, surtout, que le ministère de l'Enseignement supérieur leur ait proposé de le repasser comme candidats libres. «Nous tenons à rappeler l'engagement du gouvernement à travers des déclarations officielles des ministres concernés par notre dossier à la réouverture du dialogue avec notre collectif, conditionné par le gel de notre grève en signe de bonne volonté, et ce après la session du DEMS du mois de juillet 2018'', indique le CAMRA dans son communiqué. 'Trois mois plus tard, cet engagement n'a malheureusement pas été honoré'', ajoute le CAMRA, qui a rappelé 'le boycott historique et sans précédent des deux sessions de l'examen du DEMS comme forme de protestation légitime face au dédain et l'indifférence que nous avons eus en retour''. Selon le CAMRA, 'à ceux-là, on voudrait faire payer leur engagement dans notre grève nationale en leur refusant leurs droits légitimes et élémentaires d'avoir une session de rattrapage et en les contraignant à passer la prochaine session du DEMS en candidats libres.'' Dès lors, et 'suite aux nouvelles décisions du MESRS concernant le refus de programmer une session de rattrapage légitime pour les candidats du DEMS, nous, l'ensemble du CAMRA, dénonçons cette procédure injuste, qui contredit'', estime le Collectif, 'tout un droit constitutionnel qu'est la grève, et vient envenimer une situation déjà très tendue.'' Dès lors, le Collectif a lancé un appel à l'ensemble des résidents 'à la solidarité et à la remobilisation pour dénoncer cette injustice qui touche une partie intégrante de notre corporation, nos confrères et nos aînés.'' Des sit-in hebdomadaires seront ainsi organisés à 14 heures chaque lundi à travers tous les CHU du pays, alors qu'un sit-in national sera très prochainement programmé, annonce le CAMRA. La colère du Collectif intervient justement après que le MESRS a annoncé un accord prévoyant la prolongation de l'année universitaire 2018 jusqu'à février 2019, avec la tenue de cours de rattrapage pour l'ensemble des années de résidanat, les examens devant se tenir en janvier, puis seront suivis par une session de rattrapage prévue en février 2019. Quant à l'évaluation pour les années intermédiaires, elle est prévue en janvier 2019, avaient indiqué des membres du CAMRA. La décision de prolonger l'année universitaire 2018 jusqu'à février 2019 a été décidée pour répondre aux nombreuses anomalies et irrégularités 'enregistrées dans les différents services à travers les régions'', selon un responsable au ministère de l'Enseignement supérieur. 'Ces étudiants n'ont pas été traités de façon équitable. Il y a un écart important d'un service à un autre, où il y a zéro validation'', selon le président national d'un comité pédagogique de spécialité, qui a expliqué que 'nous proposons une prolongation de l'année jusqu'au mois de décembre et la mise en place d'un planning des épreuves intercalaires pour les 2e, 3e, 4e et 5e année et une évaluation en janvier pour les étudiants en 1re année de résidanat sous forme d'examen''. Le CAMRA proteste en fait contre la décision du MESRS de ne pas accorder de session de rattrapage aux résidents en dernière année, qui avaient échoué à l'examen du DEMS lors de la session de rattrapage de juillet dernier. Car, en pleine grève dure au printemps dernier, les médecins résidents avaient boycotté les deux sessions du DEMS (diplôme d'études médicales spécialisées), programmées en janvier et en mars derniers. La session de juillet dernier (1er au 19), tenue après le gel de la grève des résidents le 24 juin, a été en réalité une session exceptionnelle. Selon l'article 22 de l'arrêté ministériel 1137 de novembre 2015 portant organisation et modalité d'évaluation et de progression du cycle de formation en vue de l'obtention du DEMS, 'une session de rattrapage est organisée dans un délai n2 excédant pas trois (03) mois, à compter de la date d'affichage des résultats de la session normale pour les résidents n'ayant pas réussi à la session normale de l'examen.'' Or, pour 2018, il y a eu la session normale de janvier, qui a été boycottée, ensuite celle de rattrapage de mars, également boycottée. Selon des sources proches du CAMRA, près de 50% des étudiants qui ont passé leur examen de DEMS en juillet ne l'avaient pas obtenu, alors que le ministère de l'Enseignement supérieur avait annoncé un taux d'échec de 30%. Sur le front des revendications, le CAMRA campe toujours sur ses positions, et attend l'application du PV signé au mois d'avril dernier avec le ministère de la Santé. La protestation avait repris début septembre après un gel de deux mois. Les revendications portent notamment sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux oeuvres sociales, ainsi que le droit à l'agrément d'installation à titre privé de spécialiste en biologie clinique.