Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a affirmé hier samedi qu'il n'y aura pas de dissolution de l'APN à la suite du blocage de l'institution parlementaire depuis maintenant une dizaine de jours par les députés de la majorité. Ahmed Ouyahia a confirmé lors d'une conférence de presse après une rencontre avec les militantes du parti sur ce dossier de blocage de la chambre basse du Parlement par les groupes de la majorité parlementaire (FLN, RND, TAJ, MPA) plus les Indépendants, qu'il ne s'est pas opposé à la motion de destitution du président de l'APN, signée par les députés RND. Il a, en effet, expliqué que «je n'ai pas objecté la signature par les députés du RND de la motion de destitution du président de l'APN», appelant en même temps tout le monde «à la sagesse», avant d'affirmer qu'«il n'y aura pas de crise dans le pays». Le SG du RND, qui a estimé qu'«il est regrettable ce qui se passe à l'APN», a quand même assuré que la loi de finances 2019 sera signée par le Président, «même si le blocage de l'APN se poursuit», et que de toute façon, «un plan B de la dissolution de l'APN n'existe pas», infirmant dans la foulée certaines analyses et commentaires de responsables de partis qui avaient estimé inéluctable une dissolution de l'APN. Car selon le SG du RND, «la crise est due au fait que les députés ne veulent plus travailler avec le président de l'APN», et que «la Présidence n'a rien à voir avec la crise à l'APN», et qu'elle «ne peut pas intervenir». En fait, explique-t-il, «la Constitution ne prévoit pas le cas d'un conflit interne à l'APN», reconnaissant qu'«il y a un blocage», mais «ne pense pas que le président de l'APN va s'aventurer avec le blocage». Ahmed Ouyahia, qui s'est dit «ne pas entrer en confrontation avec le président de l'APN», a rappelé qu'il y a «361 députés qui ont signé pour le départ de Bouhadja», avant de donner à son tour le coup de grâce au président de l'APN, en l'appelant «à partir». En affirmant espérer que «l'affaire de l'APN se terminera dans le calme», Ouyahia explique d'autre part que «le président de l'APN a été élu par ses camarades, il s'est produit un malentendu entre eux», estimant que «c'est une affaire interne à l'APN». L'APN est bloquée depuis plus d'une dizaine de jours, après que le groupe parlementaire du FLN, rejoint par ceux des partis alliés du RND, de Taj, du MPA et des Indépendants, a appelé le président de l'APN à démissionner sous peine de destitution s'il n'obtempère pas. Le président de la première chambre du Parlement a refusé de partir, estimant que son départ obéit au règlement en vigueur régissant les activités de l'APN et a accusé dans le même temps que cet appel à sa démission a d'autres objectifs. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia, interpellé sur les déclarations incendiaires contre l'Algérie de l'ex-ambassadeur de France à Alger, Benrard Bajolet, a souligné d'abord qu'«il n'y a pas de crise entre l'Algérie et la France», avant d'enchaîner que «Bajolet cherche à démolir, il fait partie du clan qui cherche à démolir les relations algéro-françaises». «Pour l'Algérie, le livre de Bajolet est un torrent de haine», explique le SG du RND pour qui «Bajolet a été un accident de l'histoire dans les relations entre l'Algérie et la France. Il a déversé son fiel. Mais les chiens aboient, la caravane passe». Sur les récents changements à la tête de l'ANP, il a expliqué que ces «changements ont été effectués par le président de la République, qui est le chef suprême des forces armées, et ils (les changements, Ndlr) «n'ont pas impacté le fonctionnement l'armée». «L'armée est prête, vous avez vu le chef d'état-major en visite dans les 3e et 4e régions militaires», a-t-il dit avant de s'interroger sur les objectifs des récentes manifestations des retraités et radiés de l'armée. «Est ce qu'ils protestent ou sont-ils utilisés ?» S'agissant de la prochaine présidentielle, Ouyahia dira qu'elle «aura bien lieu en avril 2019» et faire lien entre une dissolution du Parlement et des élections législatives anticipées et le report de l'élection présidentielle est «une pure illusion politique». Et de préciser que tout remaniement ministériel «relève des prérogatives du président de la République, cela n'est pas nouveau», ajoutant que Ouyahia en tant Premier ministre «dérange certains». Par ailleurs, dans son discours devant les militantes de son parti, le SG du RND, parlant des douloureux événements du 5 octobre 1988, dont le pays a fêté vendredi le 30e anniversaire, que les jeunes Algériens «ont été victimes de manipulations politiciennes, des manipulations qui ont poussé le pays vers l'anarchie, puis l'instabilité, et enfin le terrorisme barbare». Ouyahia: Bouteflika doit poursuivre sa mission Selon M. Ouyahia qui a rendu hommage aux victimes, «les policiers ont été désarmés deux jours avant les événements», ajoutant que «les troubles ont été annoncés trois jours à l'avance». Résultat: «les événements d'octobre 1988, qui n'avaient rien de spontané, ont plongé l'Algérie dans l'anarchie, puis l'instabilité et ensuite le terrorisme». Par ailleurs, faisant le bilan de quatre mandats du président Bouteflika, il a rappelé que «près de 4 millions de logements ont été livrés. Plus de 11 millions de nos enfants et de nos jeunes sont à l'école», et que «le niveau de vie de la population s'est substantiellement amélioré » S'attaquant indirectement à l'opposition, il a ajouté que «la chute dramatique du prix du baril à partir de 2014 a amené certains à croire que le pouvoir allait se retrouver en difficulté et que sa politique sociale allait cesser». Mais, «l'Etat, a-t-il dit, a mobilisé des ressources financières par un recours temporaire à l'emprunt interne», affirmant que «le meilleur exemple du bien fondé de cette démarche présidentielle vient d'être donné par le projet de loi de finances pour 2019 qui se distingue par l'augmentation des transferts sociaux ainsi que par l'absence de toute nouvelle taxe ou impôt». Pour autant, estime-t-il, «l'Algérie compte encore des pauvres, qui attendent l'amélioration de leur condition sociale, des chômeurs qui espèrent un emploi, et des familles qui attendent un toit». Il reconnaît cependant que l'Algérie «fait face aussi à des problèmes de gouvernance à améliorer». Pour lui, le pays a quatre défis à relever : vaincre d'abord «l'anarchie et la violence», qui ont produit «l'incivisme, la négation de l'autorité de la loi, et la tentative de dictat de la rue». Le second défi, Ouyahia le définit comme «la victoire sur le populisme et la démagogie», car «le développement exige des efforts et du travail», dont «la libération de la dépendance au pétrole». Quant au «troisième défi que notre pays doit relever, c'est la préservation de sa stabilité», ajoute le chef du RND pour qui «le pluralisme et la démocratie ne doivent pas être instrumentalisés pour semer la division». Il a accusé dans la foulée «ces ambitions et ces manipulations (qui) refont surface à chaque rendez-vous politique important, et nous devons leur opposer la vigilance et la mobilisation des patriotes sincères». Le quatrième défi à relever est la «préservation de la sécurité du pays». Enfin, le SG du RND, également Premier ministre, a réitéré l'appel de son parti au président Bouteflika pour qu'il poursuive son œuvre à la tête de l'Etat. «Nous sommes convaincus que de nouveaux progrès nationaux nécessitent la continuité de la mission du Président Bouteflika», a-t-il dit.