La diversion du putsch orchestré à l'APN a pris fin mercredi dernier. Et, de nouveau, les appels à une candidature pour un 5ème mandat du président Bouteflika, le candidat du «consensus» estime le RND, reviennent au-devant de l'actualité nationale. Après les annonces solennelles du secrétaire général du FLN, c'est au tour du second parti algérien dans l'ordre chronologique de ses suffrages récoltés aux dernières législatives de revenir à la charge pour revendiquer un 5ème mandat et appeler M. Abdelaziz Bouteflika à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Au RND, il semblerait que l'on veuille faire mieux que le FLN dans le soutien à une 5ème mandature, puisque la question de l'état de santé du président n'est pas taboue et en parler est même important. Sinon, comment décrypter les affirmations du porte-parole du RND, qui fait office de N°2 du parti, qui estime lui aussi que «parler de l'état de santé du président est dépassé» et n'hésite pas à affirmer que «le président exerce normalement ses fonctions constitutionnelles» ? Au passage, il n'hésite pas à critiquer l'opposition qui doute «de la capacité du président à poursuivre sa mission». Pour le RND tout comme pour le FLN et les partis de l'alliance présidentielle, même si le MPA traîne les pieds pour annoncer son soutien, il n'y a aucun doute que le chef de l'Etat doit briguer un 5ème mandat et, dans cette perspective, le pressent même à s'engager dans la course à la prochaine présidentielle. Bien entendu, les relais dans les milieux syndicaux, patronaux et d'affaires se sont eux également autosaisis de la prise en charge d'un 5ème mandat du président Bouteflika et, à leur tour, lui confirment leur soutien indéfectible. Sauf que dans la conjoncture politique actuelle, marquée par un véritable coup de force contre la légalité constitutionnelle et la violation de tous les règlements régissant la vie parlementaire, de tels appels et rappels à un soutien indéfectible au président Bouteflika pour briguer un dernier mandat présidentiel sonnent faux. D'autant que ce qui s'est passé au sein de la seconde chambre du Parlement, avec l'éviction illégale et contraire à tous les usages d'un président élu et son remplacement dans des circonstances absurdes, qui ont empiété et ignoré le règlement intérieur de l'APN, est tout désigné pour expliquer ce soudain rappel à l'ordre des troupes pour (re) focaliser l'attention sur la prochaine échéance électorale et enterrer au plus vite le scandale de la nomination d'un président de l'APN envers et contre tous. Le putsch au Parlement a été avalisé, confirmé et acté en haut lieu, et donc que l'ère Bouhadja et la légalité au sein des institutions parlementaires ont vécu. Le dernier acte de ce que les constitutionnalistes avaient désigné comme une «forfaiture» dans la destitution de Saïd Bouhadja a été joué jeudi lors des festivités commémoratives du 64ème anniversaire du déclenchement de la lutte de libération, où le nouveau président de l'APN était présent aux côtés du président du Conseil de la Nation et du Premier ministre. Fin donc de la diversion à l'APN qui a duré un bon mois et, surtout, permis aux partis de la majorité présidentielle de calibrer leur soutien et baliser la voie à une 5ème mandature pour M. Bouteflika. Et, surtout, de fermer le jeu autour de la prochaine élection présidentielle. Il reste cependant deux inconnues, celle de la capacité du président à assumer un 5ème mandat et, surtout, sa volonté de «poursuivre son œuvre», comme le revendiquent ses partisans. Certes, le scénario est là, il ne peut en être autrement, mais le président, qui a défendu le bilan de ses 20 ans à la tête du pays, sera le seul à décider de sa candidature le moment venu. Le reste, les sorties enflammées du SG du FLN notamment, n'est que facultatif.