Les piétons n'ont pas la vie facile dans la cité historique des Zianides. En effet, des voitures omniprésentes, des trottoirs étroits aux airs de parcours d'obstacles et des piétons sont souvent en danger lorsqu'ils traversent la chaussée. Les passages censés protéger les piétons sont devenus paradoxalement les zones de tous les dangers, car certains automobilistes n'accordent guère de répit aux passants (enfants en situation de handicap visuel ou auditif, personnes en fauteuil roulant, personnes âgées, parents avec poussettes, etc.). En outre, l'occupation anarchique de trottoirs par certains commerçants constitue un danger permanent pour les piétons. L'empiètement abusif de terrasses des cafés, restaurants et commerces sur le trottoir et la voie publique gêne aussi considérablement le déplacement des piétons. Même certains passages protégés qui existent ne répondent guère aux normes requises et ne comportent pas de lignes d'arrêt indiquant l'endroit où les véhicules doivent s'arrêter pour laisser traverser les piétons à l'amont des passages pour piétons. Assurer un partage harmonieux de l'espace public à Tlemcen devient ainsi un impératif. La mobilité piétonnière et espaces piétonniers dans le centre-ville, la diversité des usages de l'espace public, la mobilité motorisée individuelle et collective urbaine, la prise en compte des handicaps sont autant de défis à relever. De même, la prise de conscience d'une augmentation des déplacements dans la ville de Tlemcen oblige à repenser la façon dont on les analyse et les gère. La mobilité est modelée par des modes de vie et des pratiques spatiales plus diversifiées. De nombreux piétons rencontrés au centre-ville, près de la citadelle d'El Mechouar, la grande mosquée, l'allée des pins et Bab Wahran avouent éprouver de l'appréhension quand ils traversent la chaussée. «Certains chauffards très jeunes ne respectent guère le piéton et roulent à grande vitesse ! Au centre-ville comme dans les quartiers périphériques, le passage protégé n'est pas pour les piétons, leurs droits et leur sécurité étant bafoués. Certains conducteurs ne cèdent pas le passage aux piétons s'engageant dans la traversée de la chaussée. Vous savez, dans certains pays avancés, le non-respect de la priorité au passage pour piétons constitue une infraction au code de la route et entraîne des sanctions ! Alors, il est temps de remédier à cette situation», a relevé Mohamed, un fonctionnaire de la ville de Tlemcen. Selon un retraité de la sécurité sociale, «les autorités locales doivent entreprendre de durcir les sanctions en cas de refus de priorité aux passages pour piétons, afin de sensibiliser les conducteurs et de prévenir les accidents. Elles peuvent mettre en place ce qu'on appelle la vidéoverbalisation. Les policiers peuvent utiliser les caméras de surveillance pour relever les infractions aux passages pour piétons et verbaliser les conducteurs». Tous les jours, Abdellatif va au bureau à pied. Et tous les jours ou presque, ce piéton téméraire peste contre les commerçants qui exposent leurs produits à même le trottoir. «Certains trottoirs sont encombrés par les marchandises, étalages et emballages des magasins. Le mobilier urbain et panneaux publicitaires mobiles des commerçants empêchent la circulation des piétons et des fauteuils roulants en toute sécurité. Le trottoir est devenu un véritable fourre-tout, sinon, comment explique-t-on la vente sur le trottoir de denrées ou d'objets que l'on trouve également à l'intérieur des commerces devant lesquels ils sont établis» ? s'étonne-t-il. «Résultat : on est obligé de marcher sur la route, ce qui est quand même un comble pour un piéton ! L'on peut être facilement écrasé ou effrayé par une voiture » ! Certains riverains nous ont fait part de l'état des trottoirs. «On assiste tous les jours à des glissades ou des chutes de personnes qui marchent sur des trottoirs qui ont tendance à s'enfoncer. Le phénomène produit des craquelures, des bombés, toutes sortes d'aspérités curieuses à observer». Rien ne semble destiné à faciliter le trajet des piétons et les déambulations dans le centre-ville. Selon un ingénieur des mines de Tlemcen, «le plan tlemcénien de circulation et de déplacements urbains doit être revu et corrigé, car la grande majorité des déplacements sont assurés aujourd'hui par l'automobile. Ce mode de transport se généralise car il fonctionne comme un véritable adaptateur territorial et permet un accès plus facile aux différents lieux de la ville. Il est également en phase avec l'individualisation des modes de vie, car il y a plus d'autonomie et d'indépendance dans les pratiques de mobilité. Il est plus nécessaire que jamais de prendre en compte la dimension urbaine de la mobilité».