Au centre-ville du chef-lieu de la wilaya de Batna, les trottoirs, souvent très larges, sont la plupart du temps encombrés de panneaux publicitaires, de poubelles, de barbecues, de rôtisseurs, de barrières et de marchandises exposées à même le sol. Les exposants et les marchands ont fini en ce mois de ramadhan par confisquer les trottoirs et forcer les piétons à marcher sur la chaussée. Chaque jour, de nouvelles surprises les attendent. Même des véhicules occupent impunément les trottoirs. C'est à ce spectacle récurrent qu'assistent, impuissants et résignés, les pauvres piétons. A leurs risques et périls, ils sont souvent contraints d'emprunter la chaussée ou de se faufiler pour se frayer un passage. Les mamans avec poussettes, les personnes âgées pour qui descendre sur la chaussée représente une épreuve pénible et dangereuse, les enfants, les non-voyants, les handicapés, tous les piétons en général sont astreints à ce calvaire quotidien qui, pourtant, porte d'énormes préjudices au paysage urbain de la ville de Batna. Indubitablement, dans l'esprit chauvin et étriqué de ces commerçants, de ces exposants, de ces conducteurs inciviques, vendre ou se garer sur un passage protégé ou sur un trottoir pendant quelques heures ne dérange certainement personne. De tels agissements, malheureusement, sont considérés socialement comme des incivilités légères ou «normales», pire encore, tout piéton qui se plaindrait ne serait même pas écouté. Dans leur for intérieur, ces intrus ont la ferme conviction que vendre sur les trottoirs et stationner sur ces espaces publics sont un dû ou plutôt un droit. Le plus absurde, si ce n'est le plus hallucinant, est que ces mêmes commerçants et ces automobilistes sont tous des piétons. Tolèrent-ils à ce moment-là de trouver une voiture garée sur «leur» trottoir, ou sur «leur» chemin ? Aujourd'hui, les piétons assistent désarmés à ces dizaines de mètres de trottoirs entièrement occupés par les exposants, les commerçants et les voitures. Il est courant de voir ces incivilités envahir la ville de Batna, souvent contre le mur et même en travers des portes d'accès aux logements. Ce phénomène des expositions, de la vente et du stationnement sauvage a tendance à prendre des proportions alarmantes. Il a pour origine, outre la paresse et l'incivisme des marchands et des automobilistes, le manque de parkings et d'espaces de stationnement, notamment au centre-ville. Quand donc des efforts louables seront-ils entrepris pour la réhabilitation du tissu esthétique de la cité de Batna ? Il est possible, à l'initiative du conseil de la ville et des autorités locales, de juguler le commerce et le stationnement sur trottoir par des actions pérennes associant répression et communication. Il est temps de réagir avant que «squatter» les trottoirs ne devienne un droit pour les exposants, les marchands de fruits et légumes et les automobilistes.