Menaçant de recourir à un sit-in national des imams si leurs revendications ne sont pas satisfaites, Djelloul Hadjimi, secrétaire général de la Coordination nationale des imams, en a gros sur le cœur, et s'interroge sur la passivité et le refus du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, de satisfaire la revendication de hausse des salaires des imams. Il a expliqué hier samedi dans une déclaration au Le Quotidien d'Oran que le ministre «nous a donné des assurances quant à la satisfaction de nos revendications», mais il a par la suite fait machine arrière, alors qu'il y a «des PV de réunions sur ce dossier» avec la société civile et l'association des Imams. «Le ministre n'a pas à nous refuser cette hausse des salaires, il doit soumettre nos revendications au gouvernement», estime encore M. Djelloul Hadjimi selon lequel l'autre importante revendication de la fédération des imams est la révision du statut particulier de l'Imam. «Il (le ministre) ne veut accéder à notre demande de révision du statut particulier de l'imam», précise t-il avant de souligner qu»'un imam, qui a un grade de professeur, est payé en moyenne à 30.000 dinars. Ce n'est pas normal.» «Nous revendiquons autant une hausse des salaires des imams que la mise en place d'un nouveau statut particulier», explique M. Djelloul Hadjimi, qui a indiqué que «nous avons demandé une intervention du président Bouteflika, pour satisfaire la principale revendication de la fédération des imams algériens. Après une période d'accalmie qui aura duré deux à trois ans, après la promulgation fin 2008 du dernier statut particulier de l'imam du temps de l'ex-ministre des Affaires religieuses et des Waqfs Bouabdallah Ghlammallah, le bras de fer entre la fédération des imams et le ministère a repris en mai dernier, lorsque l'imam de la grande mosquée d'Alger, Ali Ayya, avait publiquement dénoncé les conditions de vie des imams, et appelé à une amélioration de leur pouvoir d'achat et de leurs conditions de vie. Sur un plateau de télévision le 16 mai dernier, il s'était emporté, et a lancé que «l'imam a honte devant l'épicier, devant le vendeur de légumes, l'Etat doit donner à l'imam de quoi suffire à ses besoins». Globalement, les salaires des imams, qui sont des fonctionnaires, varient de 30.000 DA à 40.000 DA, plus les primes. La revendication de la profession à une amélioration des salaires n'est pas nouvelle, et dure depuis la dernière revalorisation des salaires en 2008 avec les nouveaux statuts des imams, payés selon les barèmes de la fonction publique, puisqu'ils émargent au budget du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. En 2008, le département des Affaires religieuses avait proposé dans le projet de statut particulier des fonctionnaires du secteur, et selon les grades, des primes entre 6 000 et 10 000 DA, alors que le salaire de base des imams est de 28.000 dinars. Signé le 24 décembre 2008 par Ahmed Ouyahia, Premier ministre, le décret exécutif n° 08-411 du 24 décembre 2008 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration chargée des affaires religieuses et des wakfs prévoit en son chapitre III quatre corps pour les imams (art.33), à savoir le grade d'imam instituteur (catégorie 10, mis en voie d'extinction), le grade d'imam Mouderess (instructeur, catégorie 11) ), le grade d'imam professeur (catégorie 13) et celui d'imam professeur principal (catégorie 14). Quant aux postes supérieurs, le même décret exécutif fixe le salaire de l'Imam Mufti (niveau 9), l'imam agréé (niveau 7) et le Premier imam de la mosquée. Le même décret portant statut particulier des imams a fait passer la liste des postes de dix à dix-neuf, selon la responsabilité et l'importance de la tâche. Mais, le décret exécutif du 24 décembre 2008 portant statut particulier de l'Imam interdit à cette profession toute action de protestation. Ce statut particulier des fonctionnaires des affaires religieuses interdit ainsi aux hommes de culte l'adhésion à des organisations à caractère politique, le recours à la grève et les astreint au respect de la référence religieuse officielle. D'où le recours, a annoncé au Le Quotidien d'Oran Djelloul Hadjimi, à un sit-in national de protestation si les revendications de la fédération ne sont pas satisfaites, ou prises en considération. «Nous allons déterminer avec les imams la date et le lieu de ce rassemblement de protestation», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas au ministre de nous refuser une hausse des salaires, ou la révision des statuts de la profession», estime-t-il par ailleurs, avant de dénoncer les niveaux bas des salaires des imams algériens. Déjà, au mois de mai dernier, durant le mois sacré de ramadhan, la coordination nationale des imams et des fonctionnaires des Affaires religieuses avait organisé un sit-in devant le siège de l'Union générale des Travailleurs algériens (UGTA), à laquelle elle est affiliée, à l'appui de revendication portant sur l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. «Nous sommes affiliés à l'UGTA», a insisté M. Hadjimi, qui a appelé le ministère de tutelle au dialogue afin de trouver des solutions urgentes aux doléances des imams, dont le logement. Il y a également la «dépénalisation du métier de l'imam», car le statut particulier prévoit en cas d'incitation à la violence, des poursuites judiciaires, l'ouverture d'une formation continue dans les universités et l'application du principe d'égalité des chances. Dans son coup de gueule du 16 mai dernier, l'imam de la Grande mosquée d'Alger Ali Ayya avait proposé pour les imams un salaire mensuel de 80.000 dinars, un logement et une voiture de fonction. «C'est un minimum. L'imam doit également pouvoir bénéficier d'un logement social», a-t-il ajouté.