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Migration : un enjeu civilisationnel
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 01 - 2019

Les réfugiés, exilés, migrants de la misère et de la violence sont l'expression de l'énorme désordre mondial qui continue dans cette infernale logique. Et les frontières forteresses ne changeront rien au risque du chaos qui guette tout le monde. Riches et pauvres.
En Europe et partout dans le reste du monde, la question migratoire s'installe comme le révélateur de notre humanité, comme l'indice de tolérance de « l'autre», comme le dernier acte coupable marquant en ce début de siècle la fin de la Civilisation humaine chantée sous les airs de la modernité et de la liberté. De celle de penser à celle de circuler, la Liberté s'effrite, se meurt étranglée entre des discours de bienveillance et des actes répressifs sans précédant. Hier encore, le 19 décembre à l'Onu, le monde dans sa large diversité a adopté dans sa très large majorité le Pacte sur la migration. C'est à dire l'engagement du monde à coopérer pour répondre au défi migratoire par des politiques justes, de partages, humaines. Et partout en Europe aux Etats- unis, en Asie, en Afrique s'élèvent des barrières, des barbelés, des forteresses, des frontières étanches.
Des enfants, femmes, jeunes, vieux errent entre déserts, mers et océans à la recherche d'un abri, d'une main tendue, d'un secours et partout ils sont repoussés, rejetés et beaucoup d'entre eux périssent noyés en mer ou brûlés par le soleil du désert. La question des migrants est devenue en occident un jeu et un enjeu capital dans la conquête des pouvoirs. Ressassée, usitée, déformée dans les débats politiques et médiatiques, elle a changé les paysages et alliances politiques et travesti le champ social et la pensée «populaire». Le 26 mai 2019 l'Europe a rendez-vous avec l'élections de son parlement et dans beaucoup de pays avec des élections générales (législatives nationales notamment). Et tous, futurs candidats à l'échelle nationale ou européenne regardent ce qui se passe à leurs frontières, comptent le nombre d'entrées de nouveaux migrants, préparent des discours sur la souveraineté nationale, la sécurité, la fermeté contre ces «vagabonds» qui mendient ça et là quelque charité humaine. Depuis le temps que les politiques et médias occidentaux courent derrière les peurs fantasmées de l'extrême droite, des racistes et xénophobes en traitant la question des migrants avec les mêmes fantasmes, ils ont fini par leur ressembler malgré le maquillage dans des discours courtois à l'apparence rationnelle et juste.
L'Europe et l'occident, mais pas que, s'enferment dans une logique sans issue pour leur propre survie: de l'imposition d'un marché économique mondialisé mais combien injuste pour les plus faibles, aux guerres contre des pays déjà victimes de violences chez eux et pour finir l'enfermement chez soi derrière des barricades, il y a comme un désordre, un chaos, une mutinerie collective du monde. Le pire est à venir avec la multiplication des conflits et guerres, les bouleversements climatiques et l'aggravation du fossé entre riches et pauvres. Le débat sur les migrations qu'elles concernent les réfugiés, les exilés politiques, les migrants économiques dits réguliers ou les migrants dits clandestins envahit les sphères politiques et médiatiques avec une surenchère cynique et démagogique devenue banalité jusqu'à contaminer des intellectuels se réclamant de la gauche humaniste et sociale -libérale. Il n'y a plus de honte ou de tabou à accuser de tous les maux le migrant, l'autre, l'étranger de tous les soucis de celui qui l'accueille: chômage, sécurité, mœurs inhabituelles et pour les plus «doués»: remplacement de population.
La théorie du «grand remplacement» pollue des esprits jusque là avertis et vigilants. Doucement, lentement, le rejet du migrant a atteint les sociétés et pouvoirs des pays eux-mêmes pourvoyeurs de migrants. Effet de miroir, des africains repoussent d'autres africains hors de leurs frontières. Les pays maghrébins dont le nôtre, l'Algérie fait le tri des migrants entre vrais réfugiés et infiltrés de groupes terroristes, bandits et mercenaires en tout genre affirment, à raison, les gouvernants. Des ONG, médias et «veilleurs de consciences» régissent immédiatement pour fustiger la réaction algérienne. Cette hypocrite et cynique guerre d'accusations coupables réciproques entre gouvernements, ONG, peuples et médias complique davantage le destin des migrants et brouille le fond du problème: les vraies raisons à l'origine de l'accentuation des flux migratoires en ce début de siècle.
Que des bandits, terroristes et mercenaires en tout genre s'infiltrent dans des flots de migrants victimes de guerres, violences, misères...est une évidence indiscutable et il faut s'en prémunir. Même si les terroristes se découvrent souvent et de plus en plus chez soi, de ses propres enfants. Le drame est que toutes les politiques et stratégies de prise en charge de la question des migrants soient conçues et appliquées sous le seul aspect sécuritaire, la seule crainte d'infiltration de terroristes et mercenaires dans la cohorte de réfugiés. Parce que c'est sous ce seul argument, rappelons-le, que les gouvernements occidentaux justifient le durcissement de leurs législations sur l'immigration et la construction de barrières à leurs frontières. L'exemple des USA en est la parfaite illustration: de l'interdiction d'entrée à des citoyens de pays dits musulmans supposés pourvoyeurs de terroristes islamistes, Donald Trump finit par la construction d'un «Mur» à sa frontière sud contre des migrants de pays majoritairement catholiques... pauvres.
Autre exemple? Le honteux silence et refus des européens d'accueillir 49 réfugiés laissés en rade dans deux petits bateaux en méditerranée depuis 20 jours. Même l'appel du pape pour les accueillir est resté à ce jour sans écho. 49 naufragés dont des femmes et enfants «terrorisent» les gouvernements européens ! Plus au nord, la France et la Grande-Bretagne ont engagé leurs armadas navales dans la Manche pour verrouiller les 33 km de mer aux quelques centaines de migrants qui s'y aventurent. Du coup, que signifie le «Pacte migratoire» adopté par tous ces pays qui se renvoient des migrants qui ont et continuent de vivre l'enfer depuis....depuis quand en fait? Depuis les guerres contre la Syrie, la Libye, le Yémen, l'Irak, l'Afghanistan. Et depuis bien plus longtemps en Afrique et en Asie: exploitation des ressources minières avec la violence d'un marché inéquitable, impitoyable, imposé par la loi du plus fort, appauvrissant et asservissant des millions d'Africains et d'Asiatiques.
Depuis la multiplication des catastrophes climatiques dues au mode de surconsommation des pays les plus riches d'abord. Autant de facteurs qui ne laissent pas d'autre issue aux victimes de ces injustices et violences que le chemin de la fuite, de l'exil, de la migration. Le plus inquiétant est que le monde poursuit cette logique suicidaire de course sans fin à la richesse, l'abondance, la surconsommation pour les plus forts au détriment des plus faibles en les rendant de plus en plus pauvres et en les réprimant chez eux s'ils se révoltent et en leur imposant des guerres s'ils persistent pour au final en faire d'eux des réfugiés, des migrants. Ensuite pour se donner bonne conscience, les Etats adoptent au nom de la justice et de l'humanisme des résolutions communes appelant à protéger les victimes de ce désordre mondial.
Au compte-goutte, les Etats les occidentaux et quelques autres moins aisés distribuent des doses de solidarité et d'humanisme en accueillant malgré eux des réfugiés arrivés sur leurs territoires. Nous sommes très loin du devoir de responsabilité et d'engagement proclamé et signé à l'ONU et du principe d'humanité tout court. Cet aveuglement à continuer à voir le migrant comme une menace en soi et à ne pas traiter à la racine les causes qui le jettent sur le chemin de l'errance et de l'exil finira par emporter tout l'acquis de la longue marche de la civilisation humaine vers la paix et la liberté. Nous finirons tous réfugiés, pauvres et riches, et la violence sous toutes ses formes y compris la guerre n'épargnera aucun pays au monde. Nous y sommes presque.


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