Après l'accident qui a sérieusement endommagé la cathédrale Notre-Dame de Paris et brûlé une partie de son toit, les organisations islamiques de France n'ont pas manqué de manifester leur solidarité et leur émoi au peuple parisien en larmes. Ainsi Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris vient d'appeler tous les musulmans de France à contribuer à la souscription initiée pour reconstruire le bel édifice sacré abîmé par les flammes. «Cette cathédrale, temple de Dieu, est un joyau du patrimoine mondial et représente pour les musulmans le symbole de Marie-Meriem- mère de Jésus, mentionnée à 34 reprises dans le Coran», a plaidé avec raison Dalil Boubakeur. De leur côté, tous les dirigeants des associations musulmanes de France- Mohamed Moussaoui, le président de l'Union des mosquées de France, Anouar Kribech, le président du Rassemblement des musulmans de France, et Ahmed Ogras, le responsable du Conseil français du culte musulman (CFCM)- ont versé également quelques larmes de compassion... et de circonstance. Mais des voix «malintentionnées» (comme celle de l'écrivain algérien Salah Guemriche) en ont profité pour rappeler, à juste titre, que le ravage à grande échelle des antiquités irakiennes après la destruction programmée de l'Irak, en 2003, n'a guère suscité le même sentiment de deuil généralisé. Un milliard d'euros de dons a déjà été récolté en 48 h pour le magnifique joyau religieux et touristique parisien. Mais même s'il est vrai, comme le rappelle le journaliste amoureux des musées, Stefan Bern, «qu'il ne faut pas opposer les hommes et les vieilles pierres»; pendant ce temps-là, sur la rive lointaine et éloignée du malheur, 14 millions de personnes, dont 5 millions d'enfants, sont menacées de famine dans le pauvre et «sans intérêt» Yemen.