Depuis que l'institution militaire s'est rangée au côté du mouvement populaire, son chef le général Gaïd Salah n'a cessé de répéter qu'elle se considère toujours mobilisée pour honorer l'engagement qu'elle a pris afin de réaliser les revendications et les aspirations légitimes du peuple et de combattre les forces qui complotent contre la volonté populaire et pour la survie du régime dont les Algériens réclament le démantèlement radical. Pour preuve que l'armée s'en tient à son engagement, Gaïd Salah a interpellé la justice pour qu'elle ouvre les dossiers d'affaires de corruption et de dilapidation de l'argent public dont les auteurs ont bénéficié de l'impunité du fait de leur appartenance à la « issaba » qui a fait la pluie et le beau temps tout au long du règne de Bouteflika et de son frère et conseiller. Il a également accusé ce dernier et les généraux Mediène et Tartag de comploter contre le peuple et l'armée qui le soutient en les menaçant d'avoir à en rendre compte à la justice. Mais si effectivement il a été déclenché une opération « mains propres » qui a donné lieu à l'arrestation ou à la convocation par la justice de plusieurs hommes d'affaires et hauts responsables proches de l'ancien président et de son frère, elle n'a pas concerné comme le veulent les Algériens les véritables parrains qui ont été à la tête de la « issaba » prédatrice. Ils se sont d'autant montrés dubitatifs sur cette opération qu'elle leur a semblé ne pas pouvoir aller plus loin que la rumeur a fait état que Gaïd Salah se serait engagé auprès du président déchu à ce qu'elle ne touchera pas le cœur de la « issaba » qui n'est autre que son frère et conseiller. Pour aussi puissants et influents qu'ont été les personnages arrêtés ou convoqués par la justice, en s'arrêtant à eux l'opération « mains propres » ne pouvait que décevoir des manifestants qui clament chaque vendredi qu'il faut s'en prendre aux plus hauts niveaux de responsabilité dans la ruine du pays. Mis sous pression, Gaïd Salah s'est vu obligé de frapper plus fort et plus haut, d'où les interpellations de Saïd Bouteflika et des généraux Mediène et Tartag lesquels ont été à un moment ou à un autre du règne de Bouteflika parrains et protecteurs aux côtés de celui-ci et de son frère de la « issaba » cause du soulèvement populaire. Si Mediène et Tartag sont dans le collimateur de la justice, ce n'est pas uniquement en raison de l'inimitié que leur voue le vice-ministre de la Défense et chef de l'état-major de l'ANP mais pour surtout avoir eu une grande part de responsabilité du fait des fonctions qu'ils ont occupées dans l'avènement du règne de Bouteflika et des dérives auxquelles il a donné lieu et ont, c'est l'évidence, tenté de le pérenniser en faisant alliance avec la « issaba » pour faire barrage au mouvement populaire dont la mobilisation annonçait la chute de celle-ci. Il reste maintenant à Gaïd Salah à aller au bout de l'engagement pris par l'institution militaire de permettre la réalisation de la revendication populaire d'une transition politique excluant que les résidus et symboles du régime Bouteflika qui subsistent en soient parties prenantes à un titre ou à un autre.