Depuis que le président de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah a renouvelé l'appel au dialogue auquel il a invité à prendre part le mouvement populaire, la société civile et la classe politique, il n'y a eu aucune initiative ni un fait qui puisse faire croire que sa nouvelle tentative a quelque chance d'aboutir. Comment en effet peut-il espérer atteindre ce résultat alors qu'il n'a fait que réitérer une feuille de route à ce dialogue dont le rejet est cause de l'échec cinglant de la pseudo-conférence nationale qu'il a tenté d'organiser ? En la déclinant sans tenir compte des objections qu'elle a suscitées auprès des parties invitées, il ne pouvait s'attendre de leur part qu'à un nouveau rejet de son appel au dialogue. Ce qui est manifestement advenu compte tenu de la fin de non-recevoir quasi unanime qu'elle a provoquée en retour. Bensalah est encore moins susceptible de mener à bon port la mission qui est la sienne en tant que président intérimaire, à savoir la tenue d'une élection présidentielle dans le cadre strictement constitutionnel, que son statut déjà contesté en raison de son appartenance à la « issaba » ayant nui au pays l'est encore davantage maintenant qu'il a été prolongé aux motifs de considérations non expressément prévues par la loi fondamentale. Le maintien de Bensalah à la présidence de l'Etat rend non seulement impossible la perspective d'un dialogue salutaire en vue de dénouer la crise politique mais il va mettre le pouvoir réel auquel il sert de paravent devant la situation d'avoir à gérer un Etat en toute inconstitutionnalité. Ce qui sera le cas à partir du 9 juillet prochain. L'interprétation toute spécieuse du préambule de la Constitution qu'a faite le Conseil constitutionnel pour « hallaliser » la prolongation du mandat du président intérimaire y mène tout droit. Autant dire que sachant que Abdelkader Bensalah n'étant qu'un paravent, l'Algérie n'en a pas encore fini avec la gouvernance extra-constitutionnelle qui l'a conduite au mur. Ce dont les centaines de milliers d'Algériens qui descendent dans la rue chaque vendredi en sont parfaitement conscients et le démontrent en mettant la pression non seulement sur le président par intérim, mais aussi et plus directement sur ceux qui lui dictent ses faits et actes. Façon de faire comprendre qu'ils ne sont pas dupes des intentions de ces derniers, ni consentants à les laisser se réaliser.