Les étudiants algériens veulent passer à une autre phase de revendications, après les marches hebdomadaires du mardi, en organisant samedi prochain une conférence nationale pour débattre de la marche à suivre et définir leurs propositions de sortie de crise. Hier, et comme d'habitude depuis fin février dernier, ils étaient des centaines d'étudiants à battre le pavé, entre la place des Martyrs et la place Audin, réclamant un changement politique radical dans le pays. Pour la 25ème semaine consécutive, les étudiants ont marché vers la Place Audin, en passant par la Grande Poste, après un grand rassemblement à la Place des Martyrs. Mais, hier, il y avait un fait nouveau, à savoir l'implication dans la marche des étudiants de citoyens de tout bord, ce qui a donné un caractère inédit à cette manifestation. Malgré la période des vacances universitaires, les étudiants, faisant partie des deux grands mouvements estudiantins, le Pôle et le Forum des étudiants, étaient en grand nombre pour revendiquer le changement radical, le départ des responsables de la crise politique et économique et l'avènement de la démocratie et des libertés individuelles. Les slogans restaient également les mêmes, avec ce «qu'ils partent tous», « Etat civil et non militaire » ou « les étudiants ne veulent pas d'un nouveau pouvoir militaire ». Par contre, fait nouveau, les étudiants ont lancé des invitations aux juges pour qu'ils rejoignent leur mouvement et marchent avec eux: « Juges, rejoignez les manifestations », scandaient les étudiants. Comme cela est devenu une habitude, le thème des débats des étudiants de ce mardi a porté sur les moyens de maintenir la mobilisation pour les deux dernières semaines d'août avant la rentrée sociale. La marche des étudiants de ce mardi s'est déroulée par ailleurs sans incidents à travers l'itinéraire habituel, et le cordon de policiers déployés le long des artères traversées par les manifestants n'intervenait pas durant cette marche. La marche des étudiants a débuté après le rassemblement à la Place des Martyrs, qui a conduit les étudiants vers la Grande Poste, et la Place Audin avant de faire le chemin inverse. Les manifestants se sont ensuite dispersés dans le calme, sans qu'il y ait des interventions de la police. Hier avait également eu lieu une concertation des deux sections estudiantines pour la tenue de la première conférence nationale des étudiants, prévue samedi prochain à Alger. Cette conférence est organisée conjointement par le Forum des étudiants et le Pôle des étudiants algériens, ainsi que d'autres étudiants indépendants. «La conférence aura pour but d'unir et de renforcer les liens entre les étudiants afin de devenir une réelle force de proposition politique», indique à TSA un étudiant de l'Ecole polytechnique. Les débats de cette conférence porteront sur un seul point à l'ordre du jour: l'examen d'une proposition de sortie de crise. Le Pôle des étudiants algériens a été créé au lendemain des marches du 22 février par des étudiants de l'Ecole nationale polytechnique, l'ENSA, l'EPAU et l'ESI. Aujourd'hui, ce groupe est composé de 13 établissements universitaires. Quant au Forum des étudiants, il est composé des étudiants issus de plusieurs établissements universitaires. « Etant donné que la situation politique est totalement bloquée, nous allons proposer une feuille de route commune pour essayer de sortir de cette crise », relève un membre du Pôle, qui a proposé deux feuilles de routes, une avec le maintien de Bensalah et l'autre sans le chef de l'Etat intérimaire. « L'objectif est de mettre en place une charte, laquelle va permettre de garantir les revendications les plus importantes à leur sens que sont la liberté d'expression, la séparation des pouvoirs, etc. », explique le même étudiant.