Les retraités de l'ANP sont-ils en train d'être mieux écoutés par les pouvoirs publics, après des années de black out sur leurs revendications ? La dernière sortie des membres de cette association, qui a amené les services de sécurité à boucler pratiquement la capitale, provoquant la colère de milliers d'automobilistes et voyageurs, aurait porté ses fruits, puisque le ministre de l'Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, a reçu hier dimanche leurs représentants, a annoncé un communiqué du ministère. Cette rencontre a permis au ministre de prendre connaissance des revendications de cette frange de la société, indique le communiqué. «Le ministre a rencontré, en présence des cadres centraux du ministère, le président de l'association, Thameur Ghodbane». « L'entrevue a été l'occasion pour le ministre d'exprimer la reconnaissance de l'Etat algérien envers les éléments de cette catégorie et de souligner la nécessité d'instaurer des passerelles d'un dialogue permanent, à tous les niveaux, avec les représentants de cette association pour exposer leurs préoccupations», ajoute le communiqué. Les discussions ont permis «au ministre de prendre connaissance des préoccupations de cette association», ajoute le communiqué. Durant ses discussions avec les représentants de l'association, le ministre a affirmé son engagement «à œuvrer au règlement de tous les problèmes en suspens de cette association», précise la même source. Le ministre de l'Intérieur avait auparavant mis en avant le suivi permanent de sa part et l'intérêt accordé par les pouvoirs publics à toutes les préoccupations exprimées. C'est la première fois depuis longtemps que les représentants de l'association des retraités de l'ANP sont reçus à un tel niveau officiel, alors qu'ils avaient jusqu'à présent été superbement ignorés. L'association des retraités et radiés de l'ANP avait organisé la semaine écoulée une marche nationale sur Alger, mais qui a été empêchée par la gendarmerie nationale, qui a pratiquement verrouillé les accès à la capitale. Des bouchons de plusieurs dizaines de kilomètres étaient signalés sur tous les tronçons routiers de l'est et de l'ouest, et même du sud, menant vers Alger. Mais, ils avaient réussi à entrer dans la capitale et tenir un sit-in à la Place des Martyrs. Encadrés par des policiers qui les empêchaient de quitter la Place des Martyrs, les manifestants avaient porté à l'opinion publique les mêmes revendications, à savoir «la révision à la hausse des pensions de retraite, la revalorisation des primes de blessure, l'octroi des licences de taxi ou café pour les retraités de l'ANP, l'accès aux logements sociaux et lots de terrain, ainsi que la prise en charge médicale de qualité pour les retraités de l'ANP atteints de maladies et autres». En janvier 2018, le ministère de la Défense avait expliqué que «l'affaire est close», car «la majorité des dossiers des retraités ont été traités, et les protestations actuelles sont le fait de personnes radiées des rangs de l'ANP pour des raisons disciplinaires et judiciaires». Dans un communiqué, le MDN expliquait que «le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire a donné, depuis 2013, des instructions à ses services spécialisés à travers les différentes Régions militaires, où il a été procédé à l'engagement des mesures et des procédures nécessaires en vue de l'étude de l'ensemble des dossiers émanant des différentes catégories de retraités de l'ANP, et ce à la lumière des dispositions contenues dans le code des pensions militaires modifié N 13-03 du 20 février 2013. Ceci a permis la régularisation de la majorité des dossiers déposés», assurait le MDN. En outre, le ministère avait dénoncé «l'infiltration d'individus n'ayant aucun lien avec ce dossier et voulant introduire leurs revendications parmi celles des catégories concernées alors qu'ils s'inscrivent dans la catégorie des radiés des rangs de l'ANP pour des raisons disciplinaires et judiciaires qui ont fait l'objet de jugements prononcés à leur encontre à titre définitif». Le 4 février 2018, le chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, avait même appelé les retraités de l'armée à «ne pas se laisser manipuler».