Dans son intervention en Conseil des ministres, le viceministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP a, une nouvelle fois, fait l'éloge appuyé de l'action du gouvernement Bedoui dont le changement est quasi unanimement demandé et posé en tant que l'un des préalables sans la satisfaction desquels il est inenvisageable d'aller à l'élection présidentielle dans les plus brefs délais ainsi que le voudrait le Haut commandement de l'armée. C'était une façon pour Gaïd Salah de faire comprendre que sa position reste invariable sur le sujet malgré le rapport de l'Instance de dialogue et de médiation dont les auteurs ont souligné que le départ de Bedoui et son exécutif est une revendication à satisfaire pour permettre la mise en branle du processus électoral dans un climat plus apaisé qu'il ne l'est en raison de leur maintien. En paraissant rester droit dans ses bottes sur la question, le chef de l'institution militaire ne fait que radicaliser les oppositions à l'encontre de l'organisation d'une élection présidentielle avec Bedoui aux commandes de l'exécutif et une administration sous son autorité. Même s'il a conscience qu'en restant sur cette posture, il donne ainsi l'argument à certaines parties ayant manifesté leur disponibilité pour le processus électoral qu'il prône à réviser leur position. Gaïd Salah ne consentira au départ de Bedoui que si les pressions populaires et des parties en question ne désarment pas et iront en s'accentuant. L'impasse politique subsiste malgré le coup d'accélérateur qui vient d'être donné au processus électoral et cela à cause essentiellement que Gaïd Salah fait du maintien du gouvernement Bedoui un credo et une ligne rouge intransgressible. En cela, le chef de l'armée n'est pas mû par une empathie quelconque à l'endroit de cet exécutif et de son chef ou une satisfaction pour le travail qu'ils auraient accompli. Ce que Gaïd Salah entend démontrer est qu'il s'en tient avec cohérence et conséquence à la position strictement « constitutionnaliste » qu'il a fait adopter à l'institution militaire en réponse au bouleversement politique provoqué dans le pays par la révolution populaire qui a éclaté le 22 février. Il s'y maintient d'autant qu'il appréhende en y dérogeant par l'acceptation du départ d'un gouvernement certes impopulaire et contesté mais légal en regard de la loi fondamentale du pays. Il en résulterait une situation hors cadre constitutionnel flagrante qui légitimera tous les griefs et procès faits à l'institution militaire sur sa gestion de la crise et des décisions qu'elle a prises en la matière.