Pour Gaïd Salah, le nouveau souffle redonné à la protestation populaire qui s'est traduit ce vendredi écoulé par d'imposantes marches dont les participants l'ont copieusement fustigé, cela ne constitue probablement pas une donne lui faisant obligation de revoir sa feuille de route prévoyant l'organisation de l'élection présidentielle selon le timing qu'il lui a fixé en «suggérant» la convocation du corps électoral à compter du 15 septembre en cours. Il ne cédera pas car sachant que plus cette échéance électorale sera repoussée, moins il sera le maître des horloges qu'il est depuis la démission forcée de l'ex-président. Si comme il l'a soutenu il en est arrivé à vouloir l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais c'est en raison que le temps ne travaille pas en faveur des intérêts de la nation, il a de même pris conscience que ce temps passant c'est tout le semblant de cadre constitutionnel incarné par Abdelkader Bensalah en tant que président de l'Etat par intérim qui s'en trouvera remis en cause. Il en résulterait pour le pouvoir de fait au nom duquel il décrète et ordonne qu'il ne pourra plus arguer de son respect pour le cadre constitutionnel qui n'est déjà qu'une fiction depuis que Bensalah ayant épuisé le mandat d'intérim qui lui a échu en tant que président en exercice du Conseil de la nation n'est pas parvenu à organiser l'élection présidentielle, s'est vu octroyer une «rallonge» sur la base d'une exégèse par le Conseil constitutionnel de la loi fondamentale aussi spécieuse que contestable de l'avis des spécialistes du droit. Gaïd Salah s'est d'autant empressé à précipiter l'enclenchement du processus électoral qu'il sait que le président de l'Etat par intérim sur les épaules duquel se concentre la fiction du cadre constitutionnel a un problème de santé qui pourrait le forcer à jeter l'éponge. Ce cas de figure induirait une situation à laquelle les plus futés constitutionnalistes organiques ne parviendront pas à donner une solution par interprétation de la loi fondamentale. Contre ce temps qu'il sait jouer contre lui et le pouvoir de fait dont il est l'homme fort, le chef de l'armée n'a d'autre choix que de s'accrocher à l'organisation de l'élection présidentielle au plus vite et tant que Bensalah est encore en mesure de lui maintenir le semblant d'habillage constitutionnel qui justifierait qu'elle soit organisée dans le timing arrêté sans qu'il ait eu son mot à dire. Pour autant, le scénario peaufiné par le pouvoir de fait ne va pas être mis en scène dans un climat de renoncement de la part d'une population qui tout en n'étant pas irrévocablement opposée à l'organisation d'une élection présidentielle, clame qu'il n'est pas question qu'elle ait lieu sans la satisfaction des préalables et conditions qu'elle met à sa tenue. La détermination de Gaïd Salah nourrissant celle du mouvement populaire, l'on va vers le basculement d'un pouvoir à semblant constitutionnel à un pouvoir dénué même de ce faux-semblant et n'ayant pour argument que celui de la force.