Le pays est rentré dans un processus électoral devant aboutir à la tenue d'élections présidentielles. Le Pouvoir, qui veille à son bon déroulement, manifeste de la nervosité au constat que les opposants à la tenue du scrutin présidentiel aux conditions fixées par lui ne désarment pas et continuent à faire bouger la rue. Sa nervosité transparaît à travers le tour de vis répressif qu'il imprime à sa gestion des manifestations populaires dont les rues de la capitale sont la scène. Les étudiants qui descendent dans la rue de la capitale chaque mardi ont eu ce jour de la semaine écoulée à avoir un avant-goût du durcissement du comportement des forces de sécurité à l'endroit de leur démonstration de force. L'échéance électorale se rapprochant, il est à craindre que les face-à-face manifestants et Pouvoir tournent à la confrontation qui échapperait à tout contrôle. Ce qui rend palpable l'inquiétude que ressent la majorité des citoyens conscients que les deux camps qui se défient sont l'un et l'autre dans la logique de l'intransigeance et du «passe ou ça casse» à la détermination du Pouvoir de faire taire l'opposition au processus électoral enclenché. Ceux qui l'expriment et la manifestent affichent tout autant la leur de poursuivre la contestation. Ce qui réunit les ingrédients à même de provoquer la survenance dans le pays d'une situation autrement plus explosive dont il a été jusqu'alors préservé par le fait que le face-à-face Pouvoir-opposants a revêtu le caractère pacifique qui a contraint les radicaux des deux bords à tempérer leurs ardeurs à en découdre. En mettant en branle l'engrenage de la répression massive et disproportionnée à l'encontre de ses opposants, le Pouvoir fait démonstration que l'activisme de ces derniers met en danger sa démarche visant l'organisation des élections présidentielles dont il n'est plus aussi certain qu'elle a l'adhésion populaire dont son homme fort affirme en avoir la preuve. Il y a lieu de s'interroger si le recours à cette répression n'a pas pour but de pousser l'opposition anti-élection à se départir de son pacifisme et perdre ainsi le soutien indéniable dont elle bénéficie de la part d'une frange large de l'opinion publique qui défend son droit à s'exprimer contre la solution de sortie de crise par une élection présidentielle dont elle estime que les conditions n'ont pas été réunies pour qu'elle soit régulière et honnête et un rendez-vous de rupture radicale avec le système et le régime dont le peuple algérien ne veut plus. Si c'est cela à quoi tend le tour de vis répressif qui s'est vérifié ce mardi dernier au détriment des étudiants qui sont l'aile marchante et déterminée de l'intifada populaire anti-système, l'opposition se doit de ne pas y prêter le flanc et se garder d'initiatives inconsidérées qui lui vaudront la désapprobation populaire que la propagande officielle présente comme s'exprimant déjà.