Ce qui se passe actuellement en Syrie n'est que la conséquence logique de la guerre livrée contre le régime d'Al Assad depuis le début du conflit syrien. Devenu un vaste front de guerre, terrain de jeu des puissances militaires mondiales et régionales, la Syrie, dépecée, exsangue et livrée aux intérêts stratégiques et économiques de Washington et de ses alliés de l'Otan, d'Israël et ses relais du Golfe, ainsi que de la Russie, n'est plus maître de son territoire. Incapable d'en défendre l'intégrité, et malgré toutes ses mises en garde, les menaces du président turc Recep Tayyip Erdogan ont été mises à exécution en lançant une offensive militaire contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord-est de la Syrie. Dans ce rectangle de la haine (Damas, Washington, les Kurdes et les Turcs), les Kurdes ont le plus à perdre. Damas qui a promis de protéger son territoire n'a rien pu faire jusqu'à maintenant sauf en référer aux bavards de la Ligue arabe qui se sont réunis, comme toujours, pour pondre du vent. De son côté, Washington et après avoir donné l'illusion d'être d'accord avec le projet turc d'instaurer une « zone de sécurité » à l'intérieur des terres syriennes fait volte-face et son fantasque président de menacer Ankara d'une guerre économique. Les Kurdes, hier alliés de l'Otan dans sa guerre contre Daech, ont l'impression de se faire poignarder dans le dos au moment du départ des forces américaines des positions-clés qu'elles occupaient à Ras al-Aïn et Tal Abyad, dans le nord-est de la Syrie. La Turquie, quant à elle, reprend à merveille le concept de la guerre préventive cher aux Américains et s'octroie le droit par la force à « se défendre » contre une organisation «terroriste» pour respecter la légalité internationale admise pour certains et refusée pour d'autres. Cette nouvelle violation de territoire d'un pays souverain s'inscrit dans cette logique de la force brute qui donne droit aux pays de s'attaquer impunément à d'autres Etats sous l'argumentaire parfois fallacieux de la lutte contre le terrorisme. Israël, France, Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite ou encore Emirats arabes unis et aujourd'hui la Turquie, tous sont passés par cette case et ont engagé une guerre sans nom au nom de ce sacro-saint principe démocratisé par les faucons américains. Et tant que l'hypocrisie occidentale et ce deux-poids deux-mesures dans le traitement des événements internationaux sont en vigueur, des peuples opprimés comme les Kurdes, les Palestiniens ou les Indiens d'Amazonie resteront otages d'enjeux aussi cupides que liberticides.