Âprement critiqué ces derniers temps et conspué même par ses proches collaborateurs, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Abdelkrim Medouar, n'est plus aussi serein qu'au jour de son élection à la tête de la Ligue. Longtemps absent de la scène médiatique, Medouar, qui commence à sentir le roussi, a accordé ce week-end un entretien à la radio nationale dans lequel il a tenu à se justifier et à apporter des éclaircissements sur des sujets qui pendent et qui risquent de l'emporter dans leur sillage, notamment concernant la programmation, la gestion de la Ligue, ses absences répétées et, par dessus tout, l'affaire du derby MCA-USMA qui a pris une tournure inquiétante. Medouar a tout d'abord défendu la décision de son instance de programmer le derby de la capitale en pleine date Fifa, estimant que la demande de report formulée par l'USMA était infondée. «La loi ne fait aucune exception. Pourquoi personne n'avait évoqué ce sujet la saison dernière alors que toute une journée de championnat avait été programmée en pleine date Fifa ? Il y a 10 matchs en retard qu'il fallait programmer. Tout le monde était au courant de cette décision», a affirmé Medouar. Fixé au samedi 12 octobre, le derby algérois, comptant pour la mise à jour de la 4e journée, ne s'est pas joué en raison du forfait de l'USMA qui ne s'est pas déplacée au stade du 5-Juillet. La direction de l'USMA a saisi auparavant la LFP pour le report du match. Le club a justifié sa demande par le fait que ce derby ne doit pas être programmé en pleine date Fifa, se basant dans sa requête sur l'article 29 des règlements généraux de la compétition de la Ligue 1. L'USMA a également déploré l'absence de six joueurs internationaux, retenus actuellement dans différentes sélections nationales, dont cinq qui se trouvent actuellement avec l'équipe nationale militaire. Deux jours plus tard, la commission de discipline de la LFP a rendu son verdict : match perdu par pénalité pour l'USMA (3-0) et défalcation de trois points. «Je tiens à préciser que les joueurs retenus en sélection militaire sont des contractuels. L'USMA a justifié la présence de ses joueurs en sélection militaire pour demander le report, mais ils ne sont pas tous des titulaires à part entière, les statistiques sont là pour le confirmer», poursuivra Medouar. En réaction à ces sanctions, l'USMA a décidé d'introduire un recours auprès des instances compétentes et d'aller jusqu'au bout dans cette affaire pour faire valoir ses droits, ce qui risque de mettre la Ligue dans l'embarras, comme lors de l'affaire de la JSK l'an passé. Pour les observateurs, la LFP aurait pu éviter toute cette polémique en décalant la rencontre, d'autant que cette affaire a connu un nouveau rebondissement. La FAF s'en lave les mains Selon des membres du BF, la fédération algérienne de football n'aurait pas spécialement autorisé l'organisation du derby lors d'une date Fifa comme le soutient la LFP. Abdelkrim Medouar aurait décidé, contre l'avis de certains membres du bureau exécutif de la LFP, d'organiser la rencontre en se basant sur le feu vert accordé par la FAF lors de la réunion du bureau fédéral à Ouargla. «Sur sa demande, le BF a autorisé, à titre exceptionnel, la LFP à programmer des matchs en retard de la Ligue 1 professionnelle lors de la prochaine date Fifa, mais en dehors des jours des rencontres de l'équipe nationale, soit le jeudi 10 et le mardi 15 octobre 2019», avait écrit la FAF dans le communiqué du relevé des conclusions du dernier BF. Cela a, semble-t-il, servi à Medouar pour justifier sa décision unilatérale de faire jouer le derby en cette date, allant à l'encontre de l'article 29.3 du règlement du championnat professionnel et refusant par la suite tout avis de la part des autres membres du bureau. Or, il semblerait que la FAF n'a pas donné son feu vert spécialement pour le derby algérois. Un membre du bureau fédéral n'a pas caché son étonnement de voir la FAF impliquée dans la décision de la LFP. C'est dire que, face à cette polémique, la FAF et son bureau fédéral s'en lavent les mains et mettent le président de la LFP dans une situation plus qu'inconfortable. Les graves révélations de Messaoudene A propos de la fronde à laquelle il fait face au sein du bureau de la LFP, l'ancien président de l'ASO Chlef a nié tout boycott de la réunion par les membres de l'instance, affirmant que ces derniers avaient tous des empêchements. Or, selon des indiscrétions, le courant ne passe plus entre Medouar et ses proches collaborateurs, qui lui reprochent ses décisions arbitraires et l'absence de concertation. «La Ligue n'a jamais été une propriété personnelle et Medouar n'en fait qu'à sa tête, hélas», nous dira un membre de la Ligue sous le sceau de l'anonymat. Autre sujet qui a rythmé l'actualité footballistique ces derniers jours, c'est le conflit entre Abdelkrim Medouar et l'ex-vice président de la l'instance Djamel Messaoudene, qui a fait de graves révélations sur le fonctionnement de la Ligue lors de son passage à la radio vendredi. Toujours membre de l'instance, l'ancien président du CABBA dira : «Il n'agit uniquement que lorsque cela l'arrange. Et il n'a jamais été question d'embarquer la Ligue avec lui lorsqu'il est en vacances, la LFP n'est pas un bagage. Il y a des affaires et des questions qui n'attendent pas», a déclaré Messaoudene. Pis encore, «il utilise des biens publics à des fins personnels, sans que personne n'intervienne. Pour preuve, son fils utilise quotidiennement la voiture de la Ligue en toute impunité». Par ailleurs, au sujet de la polémique autour de la programmation du derby, Djamel Messaoudene a révélé que Medouar avait refusé de reporter le derby malgré les demandes des autres membres de la LFP, affirmant qu'il était préférable de reporter la rencontre, ce qui aurait pu arranger tout le monde. Ceci dit et en plus de l'opposition de plusieurs membres du bureau exécutif, Abdelkrim Medouar se retrouve de plus en plus isolé. Finira-t-il par jeter l'éponge ?