Après avoir été cité nommément, par l'ex patron du FCE, Ali Haddad, dans l'affaire du financement de la campagne du 5ème mandat, Said Bouteflika, le frère conseiller de l'ex président déchu , a été invité par le procureur général à donner sa version des faits. Emmené depuis la prison militaire de Blida, Saïd Bouteflika s'est présenté devant le juge de Sidi M'Hamed vers la fin de l'après-midi pour répondre aux questions du juge et du procureur général. Mais, il a refusé de répondre aux questions du procureur général qui lui a demandé s'il avait demandé à Ali Haddad de transférer l'argent collecté de la campagne au siège de l'ETRHB. Said Bouteflika a quitté la salle d'audience à la demande du juge. Ali Haddad a affirmé, hier matin, que «c'est Saïd Bouteflika qui m'a demandé de récupérer l'argent d'un montant de 19,5 milliards de centimes afin de les conserver dans mon siège à l'ETRHB», en soulignant que l'argent se trouvait au siège de la direction de la campagne électorale à Hydra ». Et d'ajouter que Saïd Bouteflika lui a demandé ce transfert par mesures de sécurité. «Il craignait que le bureau de la campagne électorale de Hydra soit cambriolé». Ali Haddad a confirmé, devant le juge, que l'homme d'affaires Mazouz lui a remis un chèque de 39 milliards de centimes, au profit de la campagne électorale de Bouteflika. Les concessionnaires de voitures lésés chargent les ex- dirigeants Au troisième jour du procès, le juge du Tribunal de Sidi M'Hamed a donné la parole à la partie civile, essentiellement des anciens importateurs et des concessionnaires de véhicules connus qui ont été dépossédés de projets de construction automobile, sans arguments valables. Des projets détournés par des ex-dirigeants au profit de leurs connaissances et les personnes proches du clan du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Dans son intervention devant le juge, Abderrahmane Achaibou, le patron du groupe automobile Elsecom', a fait état du blocage de quatre de ses projets d'usines de montage de véhicules de marques KIA, Ford, Daewoo et Isuzu. Il a affirmé devant le juge qu'il a été même dépossédé de la Marque Kia, au profit de Hassan Arbaoui. Pour Achaibou, l'ex-ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb accusé dans cette affaire et en fuite à l'étranger «était non seulement une personnalité ingérable, mais un vrai diable!» «Il pratiquait, dit-il, une politique discriminatoire non justifiée à l'égard de mon groupe ainsi qu'avec d'autres groupes du secteur pour servir ses amis et ses connaissances». Abderrahmane Achaïbou a expliqué, avec des documents à l'appui, qu'il avait déposé tous les dossiers complets pour l'obtention d'agrément provisoire de concessionnaires de véhicules neufs, le 27 novembre 2014, concernant la société mixte algéro-japonaise, créée pour la commercialisation et la production de camions Isuzu. Ainsi que pour le renouvellement d'agrément définitif de concessionnaires de véhicules neufs pour les marques déjà distribuées, déposé le 26 janvier 2016, d'agrément pour quatre projets d'investissement dans le montage de véhicules de marque KIA, Daewoo, Isuzu et Ford. «Mais, sans réponse, pourtant nous avons envoyé 22 lettres aux responsables du gouvernement et au ministère de l'Industrie». «Abdelmalek Sellal était plus au moins correct, il m'avait dit que Bouchouareb était à l'origine du blocage et qu'il s'agissait d'une personne ingérable». C'est ce qu'a été d'ailleurs confirmé par un membre de la commission technique, Amin Tira, qui avait déclaré devant le juge « j'ai agi selon les instructions de Bouchaouareb» en insinuant que ce dernier avait bloqué le dossier. Achaibou ajoute : «je dis que Abdeslam Bouchaouareb avait des plans diaboliques, parce que l'absence de réponse, tout ce temps-là, a semé le doute, chez nos partenaires sud-coréen et japonais en la capacité du groupe Achaïbou à obtenir ces agréments». La gorge nouée, il a affirmé que son groupe a été obligé de concéder leur marque à d'autres partenaires qui, contrairement à son groupe, sont arrivés à obtenir leur agrément définitif avec une rapidité incroyable. En évoquant Hassen Arbaoui, qui a affirmé, à son tour, que le groupe d'Achaibou ne voulait pas développer des investissements dans l'industrie automobile, mais il voulait juste créer un pôle de véhicules à Oran, Abderrahmane Achaibou a affirmé «oui monsieur le juge, j'étais contre le montage de véhicules en Algérie, car je suis un ancien du secteur et je suis un ingénieur qui a été formé en Algérie, et je savais que le montage n'est pas du tout rentable avec ces conditions». Le blocage des projets Cevital' s'invite au procès Le fils d'Issad Rebrab qui s'est constitué partie civile, a donné raison à Abderrahmane Achaibou. «Le montage plutôt le boulonnage des véhicules n'est pas du tout rentable pour le cas de notre pays, il fallait d'abord fabriquer la pièce de rechange que nous importons à 100%. Tout ce qui se fait en Algérie est de la poudre aux yeux, on ne fait ni le CKD ni le SKD, ceux qui font réellement le CKD, c'est la SNVI monsieur le juge», révèle-t-il. Il a affirmé que le groupe Cevital' a depuis plusieurs années, souffert du blocage de ses projets y compris celui du secteur automobile. «Nous avons déposé des dossiers complets pour des projets de construction automobile, mais ils sont restés sans suite. D'ailleurs nos partenaires coréens nous disaient qu'il faut d'abord régler vos problèmes politiques avec le gouvernement ». Mais, les raisons sont ailleurs, selon Omar Rebrab, qui a affirmé devant le juge que : «Mourad Oulmi, le patron de SOVAC a offert une villa de plusieurs milliards située à Hydra, à l'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb pour avoir la marque Volkswagen.» Omar Rebrab affirme : «on voulait vraiment faire des usines automobiles avec un taux d'intégration progressif, mais ils ont préféré l'octroi des pré-agréments à Arbaoui, Tahkout et Tiziri» Faut-il le rappeler, la concession Hyundai du groupe Cevital', a été confiée à l'homme d'affaires, Tahkout Mahieddine, et ce, grâce «aux interventions de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb» Le patron d' Emin Auto': «On est dans une situation catastrophique» Le patron d' Emin Auto', Nihat Sahsuvaroglu, a affirmé devant le juge, en tant que partie civile, que son groupe est dans l'embarras suite au refus «non justifié» de l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia pour l'octroi de l'agrément à l'usine de production de camions JAC, de SUV SsangYong basée à Tamzourah, dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Il dira que son groupe avait débloqué un investissement de 60 millions de dollars pour l'aménagement de l'assiette foncière à Ain Témouchent, et pour la réalisation de l'usine après la validation du dossier d'investissement au ministère de l'Industrie. Alors qu'on attendait l'accord du Conseil national d'investissement, qui relève du Premier ministère, pour finaliser les travaux, nous avons appris qu'Ahmed Ouyahia s'est opposé au projet «mais après quoi ? Après que nous ayons déboursé 60 millions de dollars, sachant que les services de douanes nous ont invités à débloquer les équipements d'un montant de 25 millions de dollars qu'on devait retirer du port». Le refus, selon le patron d' Emin Auto', n'est pas du tout justifié, «pourtant l'ambassadeur de la Chine en Algérie avait affirmé que notre groupe devait garantir une production automobile 100 % algérienne». Il avait saisi plusieurs fois, l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, mais en vain. Il a fermé la parenthèse : «je fais confiance à la Justice algérienne pour la réparation du préjudice causé à notre groupe».