En dépit des mesures draconiennes prises conjointement par la direction des services agricoles et du H.C.D.S. (Haut commissariat au développement de la steppe) au cours des deux dernières décennies dans le cadre de la réhabilitation des terrains de parcours en milieu steppique qui se sont traduites par la mise en défens de plusieurs milliers d'hectares et par l'introduction de nouvelles espèces végétales rustiques, la steppe traverse en cette période automnale une désertification qui met gravement en danger le tapis végétal. La conjugaison d'une série de facteurs, tels les longues gelées nocturnes, la baisse très sensible de la pluviométrie, les labours sauvages et les vents de sable interminables qui sont venus à bout de la maigre végétation qui a réussi à résister aux aléas de la nature. Une situation qui inquiète des milliers d'éleveurs qui doivent faire face à une longue période de disette. Inaccessible pour les petits éleveurs, la commercialisation de l'aliment du bétail pose problème. Les éleveurs voient au fil des jours leur cheptel ovin fondre comme neige. Et pour cause, le sac de maïs concassé pesant moins de 100 kilogrammes leur est proposé à 3.800 DA, soit plus du double de celui fixé à la sortie de l'ONAB. L'on assiste actuellement à une prolifération de petites minoteries, véritable filon d'or pour certains commerçants. Les plus débrouillards parmi les éleveurs bradent leurs moutons pour sauver ce qui peut l'être. Le marché hebdomadaire aux bestiaux qui tient lieu également de bourse de l'aliment du bétail, fourrage, orge et maïs concassé échappe totalement au contrôle de l'Etat. Pour rappel, le cheptel ovin est estimé à plus de 1,8 million de têtes détenues par quelque 7.000 éleveurs et il constitue la principale activité et source de revenus pour la population nomade. Une activité qui traverse ses jours les plus sombres en cette période de grands froids. Des propositions ont été faites aux autorités locales pour assainir le secteur de l'apprivoisement des éleveurs en aliment du bétail par une évaluation effective et sans complaisance des besoins exprimés annuellement et plus particulièrement l'ouverture d'antennes de l'ONAB dans chacune des 22 communes de la wilaya afin d'éradiquer définitivement l'introduction d'intermédiaires sur le marché local et par ricochet rapprocher l'éleveur du point de distribution ce qui atténuerait dans de larges proportions leurs longs et onéreux déplacements vers le nord du pays en quête de ce produit. Face à cette situation préjudiciable au monde de l'élevage, l'on a appris récemment que le wali vient de prendre récemment des mesures concrètes et urgentes en saisissant la direction de l'ONAB de Bougtob afin que chaque éleveur puisse accéder régulièrement tout au long de la période hivernale au sac d'aliment du bétail au prix fixé par la réglementation en vigueur, soit 1.500 DA le quintal, une initiative qui, de l'aveu des éleveurs, pourrait mettre fin à leur calvaire.