Le football amateur vit les moments les plus sombres de son histoire. Jamais il n'a été confronté à semblable situation que celle qu'il traverse actuellement. Dettes des clubs pros estimées à plus de mille milliards, selon la DCGF. Clubs interdits de recrutement par la CNRL. Ingérence de la rue dans la gestion des clubs, prétendus professionnels. Telle est l'actualité de cette discipline. Ajoutez à cela le phénomène de la valse des entraîneurs qui est devenue une " marque déposée " chez les présidents des clubs algériens. A la fin de la phase aller, ils sont dix entraîneurs à avoir été remerciés, d'une façon ou d'une autre. Seuls la JSK, le MCO, le CABBA, l'USMA, l'ASO et le PAC ont conservé leurs staffs techniques. En effet, la fin de la première manche des championnats des Ligues 1 et 2 a été marquée par des changements à répétition au niveau de la barre technique des clubs. Là, la palme revient au DRB Tadjenanet où le président Tahar Guerraiche a consommé la bagatelle de quatre techniciens, les deux Tunisiens Lassaâd Lehachemi et Lotfi Djebara, Mounir Zeghdoud et Sofiane Nechma qui a été remplacé par Mustapha Biskri. On ne voit pas l'utilité de ces fréquents changements dans la mesure où le DRBT vient d'être éliminé au premier tour national de la coupe d'Algérie et occupe actuellement la neuvième position au classement avec neuf longueurs de retard sur le quatrième, le RCR. A l'ASK, le troisième coach engagé depuis le début de saison, Rachid Bouarata, n'a pas tenu longtemps comme d'ailleurs ses prédécesseurs, Belachter Mohamed et Noureddine Maroc. Le MCEE est sans entraîneur depuis le départ de Yaiche Abdelkader et Sahraoui Touhami. Pour sa part, l'USM Annaba en est à son troisième technicien après Said Belaribi et Lamine Bougherara qui vient lui aussi d'être remercié par la JS Saoura. Le club phare de Béchar s'est spécialisé dans ce domaine d'instabilité technique criarde avec les Moaz Bouakaz, Saber Abdelkrim et Bougherara Lamine. Cette " épidémie " a touché de nombreux clubs de l'élite, à l'image du MCA, l'ESS, le CRB, le NCM, l'USB, l'USMBA et, tout récemment, l'ASAM avec l'annonce de démission d'Aït Djoudi Azzedine, annoncé hier au MCA. Dans ce même contexte, il n'est pas écarté de voir d'autres entraîneurs quitter leurs postes lors des prochaines journées. A l'OMA, l'opposition veut la tête du jeune entraîneur Hadj Merine, Nadir Leknaoui a juré de ne plus remettre les pieds à l'USB. Au NAHD, Lakhdar Adjali est visé par Mourad Lahlou, le directeur général du Nasria. C'est le même refrain dans les divisions inférieures. Said Belaribi, ancien coach de l'ASK et l'USMAn, est annoncé pour succéder à Samir Boudjaârane à la barre technique du MOC. A l'ASB Maghnia, c'est la confusion, Laâredj Boushaba (ex-ICS Tlemcen) et Noureddine Meguenni ont été contactés. Samir Houhou a préféré rendre le tablier et quitter le MSP Batna, et la liste est encore longue étant donné que le jeu de coulisses et des intérêts personnels continuera à ravager nos clubs par la faute des présidents qui ont trouvé là une véritable source d'argent facile pour s'enrichir sans aucun contrôle des deniers publics par l'Etat. Une situation déplorable qui en dit long sur la gestion des responsables de clubs qui n'accordent aucun intérêt au projet sportif par exemple. Ce phénomène risque de perdurer encore longtemps, dans la mesure où il est conçu de manière à calmer la rue qui est devenue partie prenante dans les grandes décisions internes de nos formations. Aujourd'hui, et c'est malheureux de le dire, c'est bel et bien la "rue" qui pilote les changements des coachs avec cette pression des supporters ou des pseudo-supporters. Ce qui est arrivé au CRB est édifiant. Comment peut-on oser pousser vers la sortie un entraîneur qui a eu le mérite de sauver le club de la relégation, de l'aider à gagner une coupe d'Algérie et le faire accéder en haut de la pyramide de l'élite ? Là aussi, ça sent la manipulation. Quant aux responsables des clubs, ils ne seront là que pour acquiescer au détriment du développement du football algérien bien " enveloppé " dans l'étiquette d'un "professionnalisme" qui n'a de vrai que le nom. On ne le répètera jamais assez, cette valse d'entraîneurs, préjudiciable pour notre football, est la résultante d'une mentalité dégradante. Est-il concevable qu'un club, géré par des subventions de l'Etat, puisse recruter et limoger des techniciens, sans que personne ne lève le petit doigt ? A titre d'exemple, qui va régler les indemnités des entraîneurs limogés ? Certainement pas les présidents et encore moins de leurs poches.