Le lait pasteurisé en sachet est en train de devenir une «affaire d'Etat» ! Un conseil interministériel est prévu pour plancher sur ce casse-tête dont les héros sont des distributeurs qui défient ouvertement l'autorité de l'Etat. Pis encore, outre le non-respect du prix subventionné du sachet de lait, des commerçants se livrent publiquement à la vente concomitante, obligeant le «dindon de la farce» qu'est devenu le pauvre consommateur à acheter d'autres produits alimentaires pour avoir droit à un litre de lait. Le ministre du Commerce exprime publiquement son courroux et promet que «l'Etat va sévir et que la tête de la Issaba sera décapitée et pas seulement sa queue !». Et à trois mois du ramadhan, la pénurie de lait en sachet risque de tourner à l'émeute, et c'est cela qui donne des cauchemars éveillés à l'expert économiste et néo-ministre du Commerce, Kamel Rezzig. La «crise de nerfs» causée au ministre du Commerce renseigne sur ce qui attend le nouveau gouvernement pour mettre de l'ordre dans ce véritable «panier à crabes» qu'est devenue la sphère commerciale en Algérie, transformée en zones de non-droit pour le commun des consommateurs, aux yeux plus gros que le ventre. A contresens de la plus triviale des logiques, sous nos latitudes si particulières, tout semble «tourner» en prenant à défaut le bon sens le plus élémentaire chez le plus érudit du peuple des «raisonnés». Au pays où l'oseille n'a pas la même odeur pour tous, «le miracle économique», du soleil de la liberté à nos jours, consiste en un «jeu de dupes» aussi inutile que scélérat : compresser la demande sociale en réduisant, jusqu'au goulot, de l'offre, provoquant du coup, une situation ubuesque où celui qui a dix sous neufs fourre sa main baladeuse dans la poche de celui qui a un demi-douro trop usé. Sinon, comment dégoupille-t-on cet épais mystère algéro-algérien et qui voudrait qu'à chaque fois que l'arrivée du mois de toutes les agapes est annoncée, la mercuriale s'arrache les cheveux, à en perdre raison ? Quelle est donc cette mouche qui nous empoisonne le sang pour nous retrouver, à chaque fois, ramer contre le courant pour se fatiguer les bras et couler comme un caillou au fond d'une eau fangeuse ?!