Le camp du maréchal Khalifa Haftar et celui de Fayez al-Sarraj, en pourparlers, depuis lundi à Genève, ont accepté de transformer la « trêve » en un « cessez-le-feu durable » et doivent désormais déterminer comment parvenir à cet objectif, a annoncé mardi l'émissaire de l'ONU pour ce pays. Depuis avril, les forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est qui cherche à conquérir Tripoli, sont opposées à celles de Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU. Pour la première fois, de hauts responsables militaires des deux parties sont réunis à Genève, où ils ont entamé des négociations indirectes, s'est félicité l'envoyé de l'ONU, Ghassan Salamé, lors d'un point de presse. Confirmée lors du Sommet international du 19 janvier à Berlin, la commission militaire conjointe est composée de 5 membres représentant le GNA et 5 autres le maréchal Haftar. Selon M. Salamé, les discussions ont porté sur une « longue liste de points » dont « la tentative de transformer (...) cette trêve en un véritable accord sur un cessez-le-feu durable ». « Le principe a été adopté au cours de la première session et la question est de savoir quelles en sont les conditions », a-t-il ajouté. Selon l'envoyé de l'ONU pour la Libye, « il existe une véritable volonté des deux parties de s'asseoir ensemble et de commencer à négocier ensemble », précisant que les deux parties ne discutent pas encore directement. Prévue initialement le 28 janvier, cette première réunion n'a pu avoir lieu en raison de l'absence des représentants du maréchal Haftar. L'émissaire de l'ONU a donc dû rencontrer le maréchal Haftar, samedi, à Benghazi pour le convaincre de participer à la réunion, à Genève. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011. La Communauté internationale craint de voir le conflit dégénérer en nouvelle Syrie. L'émissaire de l'ONU a, une fois de plus, dénoncé mardi les violations continues des engagements pris le 12 janvier à Berlin par la Communauté internationale pour arrêter les ingérences et les livraisons d'armes aux belligérants. « Nous sommes inquiets parce que nous considérons que des résolutions assez claires prises à Berlin ne sont pas respectées par les deux parties en conflit et nous voyons que de nouveaux mercenaires, de nouveaux équipements sont en train d'arriver pour les deux parties », a-t-il dit, exhortant le Conseil de sécurité à adopter, rapidement, une résolution pour créer une nouvelle dynamique vers une fin de conflit. En parallèle aux pourparlers militaires à Genève, l'ONU a lancé un autre volet de discussions autour de sujets économiques et financiers et un premier cycle de discussions s'est tenu, à Tunis, le 6 janvier. Un deuxième round est prévu, le 9 février, au Caire, a indiqué M. Salamé. Il espère également que les parties vont entamer des discussions politiques, « probablement dans deux semaines (...) à Genève». Un processus de dialogue « loin de l'ingérence étrangère » Pour rappel, lors de leur réunion à Alger, le 23 janvier dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, ont exhorté les belligérants libyens à s'inscrire dans le processus de dialogue politique, sous les auspices des Nations Unies, avec le concours de l'Union Africaine (UA) et des pays voisins de la Libye, en vue de parvenir à un règlement global de la crise, loin de toute ingérence étrangère. Les chefs de la diplomatie avaient exprimé « leur profonde préoccupation vis-à-vis de la gravité de la situation que traverse la Libye et son impact négatif sur la sécurité et la stabilité des pays voisins, en soulignant leur totale solidarité avec le peuple libyen », indiquait un communiqué à l'issue de la réunion. Les ministres ont insisté « sur la nécessité pour toutes les parties libyennes, à rester engagées dans le maintien du cessez-le-feu, exprimant leur espoir que les frères libyens s'engagent dans un règlement pacifique de la crise libyenne, loin de toute solution militaire et d'intervention étrangère, y compris les milices et les mercenaires, pour favoriser l'organisation des élections transparentes qui répondent aux aspirations du peuple libyen et préserve l'indépendance de la Libye, son unité et sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire ». Un « rejet catégorique du terrorisme, de la violence, quelles que soient sa forme ou sa source » a été également, exprimé lors de cette rencontre qui a appelé « les frères libyens à revenir au processus politique, sous l'égide des Nations Unies, dans le cadre de l'Accord politique libyen et des résolutions du Conseil de sécurité y afférentes », réaffirmant leur « soutien aux efforts et aux initiatives visant à trouver une solution à la crise libyenne ».