Le pays en entier découvre, les yeux exorbités, que les «zones d'ombre» ont trop longtemps caché le lever du «soleil politique» ! C'est qu'il ne se passe pas un jour sans que la prison d'El Harrach ne reçoive un nouveau «locataire» en col blanc. Effarés, les Algériens découvrent l'immense étendue des dégâts causés au pays par une caste de dirigeants corrompus jusqu'à l'os. L'équivalent en oseille de quoi construire un autre pays est parti dans les poches des Danaïdes d'une engeance prédatrice, qui se sont servies par des pelletées entières dans les caisses de l'Etat «essoré». Comment dégripper cette immense machine en panne après presque un quart de siècle de gabegie et d'incuries criminelles ? La réponse à cette question lancinante importe peu, sinon comment peut-il en être autrement quand on connaît l'ampleur de la saignée grandeur nature causée au pays et la difficulté «objective» pour un président à servir sa patrie sans forcément s'aliéner les sympathies d'une partie, grande ou petite, de ses concitoyens ? Personne de sensé ne pourrait valablement réfuter l'idée qui voudrait que pour que le pays ait une chance de retrouver sa force perdue, il ne faudrait surtout pas persister à cacher la vérité aux Algériens, en continuant à leur renvoyer une image faussement satisfaisante d'eux-mêmes. Cruellement désillusionné pour avoir été pendant longtemps gavé de «bobards» amers, l'Algérien doit aujourd'hui apprendre à influer sur son destin et avoir le courage de faire face à l'austère nudité de la vérité. L'un des indices, peu ou prou encourageants qui, prudemment, nous autorisent à penser que quelque chose est en train de changer dans le pays et que nombre de voix se sont fait entendre, ces derniers temps, pour dire que la démarche des hommes nouveaux, en charge de la gestion du pays, aussi sujette à caution qu'elle pourrait l'être, a au moins le mérite de rassurer sur un point : le discours langue de bois et «orientée» vers des buts peu avouables, est en net recul. Et cela n'est pas rien quand on connaît les graves dommages occasionnés au pays par les fausses rassurances données aux Algériens au moment où la patrie à Ahmed Zabana se rapprochait dangereusement du précipice. Aujourd'hui, les choses sont condamnées à changer. Sous les coups de boutoir d'une vie outrageusement «délavée», le citoyen n'a plus besoin d'écouter de fastidieux mais surtout de creux discours, pour savoir si le pays va bien ou se porte très mal. L'exemple qui nous montre le mieux que les temps ont changé est sans conteste la «surchauffe» du front social, avec un nombre effarant de mouvements sociaux qui couvent. Mais laquelle des deux colères est la plus dommageable pour le pays, celle des Algériens ou celle de ceux chargés de leur garantir une vie au strict minimum syndical ? Ces derniers préfèrent-ils gérer la menace d'une déflagration sociale qui se rapproche dangereusement de l'horizon, plutôt que dilapider des richesses que nous ne produisons pas ? Mais face à une telle «leçon», rien ne dit que des résistances ne vont pas continuer à se dresser sur le chemin du personnel politique en charge de la gestion du pays, qui fait montre, il faut bien le dire, d'une grande détermination à faire «avancer les choses». Et si résistance il y a (et il y en aura sans doute), les Algériens doivent-ils se convaincre que le sauvetage du pays doit nécessairement passer par leur propre faillite ? Aussi vrai que beaucoup de chemin reste à faire pour s'arrimer au train du développement, le vrai, il est à craindre que les dessous de la corbeille vont apparaître plus tôt que prévu !