Rien à dire, la nature est parfaite, nul ne peut l'incriminer. Elle ne ment pas, ne trahit pas, ne se trompe pas. Du microcosme au macrocosme les mêmes lois physiques régissent l'univers. Si distorsion il y a, elle ne peut qu'être le fait de l'homme. Elle ne lui a donc rien laissé sinon le souci d'essayer de comprendre les mécanismes, d'en théoriser le fonctionnement, pas toujours avec succès. Preuve cette fameuse « théorie du tout », derrière laquelle courent vainement les plus grands cerveaux de la communauté scientifique, à l'exception de Saadani, Ould Abbès et les quarante voleurs qui pensaient l'avoir trouvée à travers le candidat du consensus. En attendant ce graal, les physiciens doivent se contenter de tâtonner dans ce « noir » derrière lequel se confine l'essentiel de l'énergie et de la matière. Le hic est que c'est aussi dans le noir que se cachent les monstres et qu'en plus, fourbes comme ils sont, ils détestent être mis à nu. La nature est parfaite certes, mais cela ne la dispense pas de se défendre. L'autodéfense est son Droit naturel qui n'a besoin ni d'hémicycle ni de cadenas pour se légitimer. Par le couffin, dos de chameau ou de chauve-souris ; à Huan, Milk Bar ou Coq Hardi, elle use de ses bombes comme elle peut, là où elle peut. Peu importe le moyen, se libérer de l'étreinte du prédateur, retrouver son espace vital, tel est son crédo. L'homme aussi est un virus, tout comme ce corona qui, las de végéter, profitant d'un trou de la couche d'ozone non obstrué, jugea le moment propice d'aller conquérir le monde. Mondialisme ou mondialisation, autant prendre possession de sa part avant que la planète ne soit desservie. Cela fait bien longtemps que Covid-19 observe les humains. Tout comme lui, ses concurrents ne sont après tout que des créatures de Dieu, même si, de l'éprouvette dans laquelle il fut confiné, ils ne lui étaient visibles qu'au télescope. D'eux, il a appris tant de choses : la cupidité et la stupidité mais aussi qu'il faut savoir se faire invisible, avancer masqué, se servir en asservissant, se faire mutant, transgressif, sans frontières quant à ses ambitions. La suite est une question de compromission et surtout d'accoutrement : un diadème à se faire poser sur la partie la plus précieuse du corps. Devant une tête couronnée, on courbe l'échine, on s'agenouille, on s'incline jusqu'à toucher terre et creuser sa propre tombe. La cellule apprendra à ses dépens que trop d'hospitalité est nuisible, que c'est par la couronne que tout arrive et que la détresse respiratoire est avant tout une atteinte à la liberté de respirer.