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Covid-19: La valse des chiffres et des explications
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 05 - 2020

Si pour la wilaya de Blida les choses sont quand même presque claires, il n'en va pas de même pour l'ensemble du territoire national, à travers lequel nous enregistrons un regain de contamination par le Covid-19 alors que, heureusement d'ailleurs, les décès semblent de moins en moins nombreux. Durant les trois derniers jours précédant le vendredi, c'est-à-dire mardi, mercredi, jeudi, les nouveaux cas confirmés ont été fort nombreux avec respectivement 174 et 2 décès, 190 et 5 décès puis 159 et 6 décès, soit 523 nouveaux cas enregistrés en l'espace de seulement 3 jours. Plusieurs explications ont été données, la première qui vient à l'esprit de tout le monde et qui a motivé la fermeture, après une autorisation qui n'a duré que trois ou quatre jours, de plusieurs commerces accusés, à tort ou à raison, d'avoir participé à l'augmentation du nombre de cas confirmés. C'est vrai que la réouverture de ces commerces a entraîné des comportements irresponsables des citoyens qui, croyant peut-être que la pandémie était vaincue, sortirent avec femmes et enfants et envahirent les magasins, achetant tout ce qu'ils pouvaient, surtout les confiseries de Ramadhan et les habits pour enfants en prévision de l'Aïd. Seulement, et sans être spécialistes de la santé, nous pouvons remarquer qu'une petite semaine n'est pas suffisante pour que ceux qui auraient pu être contaminés dans ces magasins ont déjà été découverts et comptabilisés, d'autant plus que la période d'incubation, ajoutée à celle nécessaire pour réaliser des analyses, dépasse la semaine. Les commerces ont été refermés car ils constituaient un danger réel et non pas parce qu'ils ont permis la contamination de ce nombre important découvert en si peu de temps.
L'autre explication, peut-être plus plausible, est que l'augmentation du nombre de cas confirmés, comme l'a d'ailleurs expliqué le ministre de la Santé, revient à l'ouverture et la mise en service d'autres centres d'analyses, en plus de celui de l'Institut Pasteur d'Algérie, ce qui fait que des centaines de personnes infectées par le Covid-19 circulaient et contactaient d'autres personnes, sans qu'elles soient repérées. Nous pensons que c'est l'explication la plus sensée mais qui fait peur à tous car il apparaît clair que le nombre de personnes, surtout saines et porteuses du virus, n'est pas connu, ni même cerné approximativement.
Obligation du port de la bavette
C'est donc dans le but de rattraper les choses que les pouvoirs publics commencent à imposer le port de la bavette à tous ceux qui sortent, même s'ils observent les mesures de distanciation sanitaire. La balle est dans le camp des citoyens, il s'agit aussi de leur santé et de celle de leurs proches, les mesures de protection, de distanciation sanitaire, de confinement strict sont à prendre très au sérieux car c'est seulement ainsi que nous pourrons entamer la phase de retour à la normale et empêcher le virus de faire plus de victimes. J'allais écrire que nous ne trouvons pas les bavettes sur le marché et j'ai eu la réponse d'un responsable du ministère de la Santé qui a assuré que: «le fait de ne pas trouver de bavettes sur le marché ne doit pas nous dispenser d'en porter, de très nombreux citoyens les fabriquent chez avec un morceau de tissu et, si elle n'est pas efficace à 100%, elle peut être un rempart à une contamination directe». C'est d'ailleurs toujours mieux que de rester sans bavette et risquer d'être contaminé à tout moment. Mais les citoyens sont toujours interpellés pour veiller à leur propre sécurité sanitaire, bien avant les personnels de santé qui ne peuvent que colmater les brèches, quand cela est possible et, souvent au détriment de leur propre santé. Une situation étonnante, irréfléchie, irresponsable, a été rapportée par un citoyen qui en a été témoin: arrivés devant la porte d'un bureau de poste, des individus qui ne portaient pas de bavettes se sont vu interdire l'entrée et ils n'ont pas trouvé mieux que d'emprunter celles de leurs connaissances qui se trouvaient à l'intérieur ou qui n'allaient pas pénétrer dans le bureau de porte. C'est là un comportement très grave qui nous fait peur car trop de personnes prennent à la légère la pandémie que nous vivons, peut-être par manque de sensibilisation, par manque d'informations, mais ce qui est sûr, c'est que c'est par manque de confiance envers tout ce qui est étatique que nous assistons à pareils comportements, les citoyens deviennent suspicieux dès que la chose vient des pouvoirs publics, et c'est une situation qui doit être corrigée en premier lieu.
Couffin du Ramadhan et aides: le silence après le brouhaha
Dès le début du confinement puis avec l'arrivée du mois sacré de Ramadhan, c'est à un véritable brouhaha que nous avons assisté avec la distribution de milliers de couffins, de centaines de tonnes de produits alimentaires et des aides en numéraires. Des dizaines d'associations, d'individus et de personnes aux desseins inavoués se sont mis au-devant de la scène et ont aidé à la distribution des couffins et des aides, prenant des photos et des vidéos avec les pauvres familles démunies, les mettant dans des situations malaisées. Le plus incroyable dans tout cela c'est que ces distributeurs ne sont que des… distributeurs qui n'ont rien sorti de leurs poches, se mettant à la place des véritables bienfaiteurs qui préfèrent rester dans l'ombre et qui n'aspirent à recevoir de louanges de personne. Nous nous souvenons tous de ces déclarations tonitruantes, de ces statistiques sur les familles démunies qui ont reçu des aides, de ces autres familles qui se disent lésées car étant dans le besoin et n'ont rien reçu à cause de représentants de quartiers qu'elles ne connaissent pas, etc. Jusqu'à ce que le Premier ministre en personne ait remis les pendules à l'heure et interdit toute publicité concernant ces dons. Depuis maintenant près d'une semaine, c'est le silence complet quant à ces aides et ces remises de couffins aux familles démunies, même ceux qui sont tout le temps à rouspéter se sont tus. Alors les familles démunies continuent-elles à recevoir des aides, avec plus de dignité cette fois, ou bien il n'y a plus rien parce que certains ne peuvent plus se montrer en train d'aider les pauvres ?


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