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Confinement durant le mois de Ramadhan à Aïn El Turck Cruelle épreuve pour les familles nécessiteuses
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 05 - 2020

Tributaire du salaire de misère de l'emploi précaire et/ou vivotant grâce à une rente encore beaucoup plus insignifiante, rapportée par des activités informelles, nombre de responsables de famille sont tombés dans une cruelle dèche depuis, confinement oblige, qu'ils ont basculé dans le sordide monde du chômage.
Le mois sacré a encore grandement contribué à l'embourbement de leur situation dans la pire des mélasses. La pandémie de Covid-19, majorée avec le carême ont lamentablement décuplé les affres de l'indigence chez cette frange de la population du chef-lieu de la contrée d'Aïn El Turck. «En temps normal, les gens bricolent comme ils peuvent avec des activités informelles. Mais il suffit d'un tremblement pour que tout s'effondre et que les revenus s'évaporent. Le virus n'a pas inventé la précarité, mais il l'a grandement accrue» a commenté, avec une pointe dépit non dissimulée, un père de famille, locataire d'un logement précaire dans le village de Cap Falcon, avant de renchérir «les problèmes ne vont pas s'arrêter avec le déconfinement.
Les familles vont encore manger beaucoup de pain noir, tous les emplois ne vont pas reprendre de sitôt. Les pauvres n'ont aucune réserve pour faire face à une crise probablement durable. Les maigres ressources du foyer se sont taries et les dépenses ont augmenté». Selon les témoignages recueillis par «Le Quotidien d'Oran», pour les familles démunies de la municipalité d'Aïn El Turck, qui se débattent dans la versatilité des lendemains, les frais d'alimentation, le loyer et les charges sont devenues insurmontables en cette période de crise sanitaire. «Nous faisons appel à la débrouille, une équation aux mille inconnues, qui multiplie l'incertitude dans laquelle nous tentons de subsister à ce chômage forcé. Pour nous autres chaque crise n'est qu'une grosse vague de plus.
Si nous nous ne lavons pas les mains régulièrement, c'est faute d'avoir l'eau courante à la maison», a fait remarquer avec humeur, un autre interlocuteur d'un centre de recasement dudit village où des familles de quatre à six enfants sont entassées dans une effroyable exiguïté de parpaing et de tôle ondulée et où les allées serpentant entre les masures sont si étroites qu'on peut y faire passer un cercueil mais pas une ambulance. Pour ces familles le slogan «Restez chez vous !» est d'une perturbante ironie. «Au fil des années d'attente d'un hypothétique relogement, nous avons compris finalement que nos responsables se tamponnent fort civilement le coquillard au sujet de notre piètre situation. Ils viennent, toute honte bue, nous agiter leur grelot sous le nez à chaque veille de joute électorale. Et puis, plus rien, jusqu'aux prochaines législatives», s'est indigné notre interlocuteur, artisan cordonnier de son état, en chômage depuis le début du confinement.


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