Ainsi, le nom de l'imam en chef de la Grande Mosquée d'Alger fait plus «jaser» dans les chaumières que la consultation populaire sur la nouvelle loi-mère, prévue le 1er novembre prochain. Mais en attendant que le timonier en chef désigne, peut-être, un mufti «officiel» de la République, le pays serait, paraît-il, en quête d'un nouveau code de l'imamat, pour donner plus de «conscience patriotique» à des hommes de culte fonctionnaires, souvent pris «en flagrant délit d'antipatriotisme» ! Exposé aux «irradiations» corruptrices du monde nébuleux de la politique et de la religion «bigotisée», l'imam, selon le «chef d'inculpation officieux», serait dans l'Algérie post-salafiste un Algérien plus ou moins proche de Dieu, mais trop loin du pays. Au point que certains refusent toujours de saluer le drapeau national, ou même se lever à l'intonation de l'hymne national. S'il est vrai que cela constitue une atteinte aux symboles de la nation, un acte punissable par la loi, l'imam serait-il un justiciable comme les autres que sa proximité avec la justice immanente ferait de lui un fautif démultiplié par autant d'Algériens nés sous l'étoile du pays d'Ibn Badis ? Mais diantre ! Qu'est-ce qu'un code du «bon imam» (à supposer qu'il y ait en face d'eux de mauvais imams), et que cela peut-il représenter aux yeux mi-clos du profane, comme de «l'illuminé» ? La néo-charte du «bon imam» servirait-elle simplement à obliger l'homme de culte, employé de l'Etat devant l'éternel, à apprendre l'hymne national par cœur, et saluer l'emblème national, même posé sur un socle ébréché, lui-même posé sur un grand bureau bancal ? Mais en attendant de percer cet épais mystère de cet énigmatique code de l'imamat, le chef de la mosquée serait-il le seul Algérien, enturbanné ou pas, barbu ou imberbe, à souffrir d'un déficit d'amour du pays, quand on sait (pour parler comme les pédants) que des strates politico-socio-historico-culturelles font que le subconscient collectif fait passer Dieu avant le pays, avant la patrie et le pain quotidien. Et même avant l'imam, fût-il vicaire d'Allah sur terre ?! Sous les latitudes chloroformées d'un peuple en quête éperdue de ses repères égarés, en quoi l'imam, dans son faux rôle de directeur de conscience d'une société originellement dédiée à croire en la même immanence, est-il le seul à avoir besoin d'un code de bonne conduite, dans un pays où chacun, du plus haut juché jusqu'à l'employé de voirie, rêve toujours de manger à lui seul le grand gâteau national. Sans jamais daigner partager un traître quignon, en veillant toujours à couper la main à celui qui le nourrit ? L'imam étant un être humain supposé faillir « le moins possible », comparé à ses congénères «moins fidèles», pourquoi, alors, penser à imposer un code de bonne conduite à l'homme de culte lorsque tous les hommes en faux col blanc, ou en costume de gangster, ont tous besoin d'un code pour ne pas mal se conduire, et transformer le pays en une gigantesque caverne d'Ali Baba ? Aussi vrai qu'après les imams-harraga, les imams « rebelles », les imams «Ccpéisés», les imams-guérisseurs-charlatans, le jour viendra, peut-être, où l'on créera ad vitam aeternam des imams « hauts gradés », « cléricalisés », chargés de faire aimer, par la force de la baïonnette, Dieu et la patrie martyrisée au reste de la peuplade « égarée » !