Dépassant les susceptibilités et les écueils politiques qui traduiraient son action comme une tentative de caporaliser le mouvement populaire né le 22 février 2019, le Front des forces socialistes (FFS) en vient à « la raison » qui exige l'ouverture, sans tarder, d'une « dynamique politique pour transformer le Hirak en projet politique » devant permettre « la construction d'un processus politique qui préserve l'unité nationale et consacre la souveraineté populaire ». D'autres personnalités et leaders de formations politiques ont exprimé ce vœu de fédérer le mouvement populaire sous une aile politique qui légaliserait et légitimerait ses activités, mais l'idée a été vite abandonnée sous une pluie de critiques acerbes qui accusaient ses initiateurs de mener à travers ce projet une tentative de dévier le Hirak de son but principal. Les détracteurs du projet en question, par crainte de sabordages ou à cause d'une pluralité des tendances en son sein, tenaient à garder au mouvement populaire un corps sans têtes. Finalement, devant le risque de dilution de ce mouvement par l'usure du temps et les contingences politiques, le FFS a pris les devants de la scène pour avancer ses pions sur ce chemin éclairé, qui ne peut que renforcer la démocratie et donner plus de stabilité au pays. Mais, cette vision des choses est-elle partagée par les Forces du pacte de l'Alternative démocratique ou PAD ou FPAD, où siège le FFS aux côtés de différents partis politiques, associations et membres de la société civile comme les syndicats autonomes, associations, chercheurs universitaires, juristes et écrivains, rassemblées autour d'une alternative politique autre que celle suivie jusque-là, soit l'alternative d'une assemblée constituante ? La déclaration d'intention découle d'un seul acteur du PAD, en l'occurrence le FFS, dont le premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, a exprimé, en sus de l'appel de raison visant à transformer le Hirak en projet politique, sa «disponibilité à s'engager aux côtés des forces nationales et patriotiques» pour «une issue politique qui réhabilite l'Etat national et consacre la démocratie». Cette sortie traduit-elle une volonté ou une position qui réoriente la boussole politique de ce parti au penchant boycotteur, ayant en cela rejeté l'élection présidentielle du 12 décembre dernier et le référendum du 1er novembre ? En tout cas, le FFS ne se contente plus de se confiner dans un bloc d'opposition stérile, prenant l'initiative d'ouvrir une nouvelle voie à la recherche d'une solution politique « démocratique et consensuelle », comme l'a souligné son premier secrétaire national lors d'une conférence, vendredi dernier, dont les propos ont été rapportés par l'APS, ce qui est en soi un assentiment des autorités politiques du pays. Considérant que «seul un véritable dialogue inclusif avec l'ensemble des forces et personnalités politiques, dans un climat apaisé, d'ouverture politique et médiatique, est à même de permettre au pays de sortir» de cette situation, le FFS n'est pas loin de rejoindre la volonté du président de la République, qui a fait sienne cette plaidoirie au lendemain de son élection. Reste à connaître quel positionnement adopterait le PAD face à cette vision de l'un de ses membres résolument tournée vers la décantation.