Plus de 200.000 permis de construire gisent depuis plus de six mois dans les tiroirs de l'administration algérienne. On raconte que les responsables signataires seraient tétanisés et ont volontairement croisé les bras en se réfugiant aux antipodes de leur responsabilité pour faire bonne figure face à la rédemption prolifique actuelle engagée par les tribunaux. On aurait tort de déduire que cette inouïe fuite en arrière ne serait qu'un épiphénomène bureaucratique. L'énorme inertie administrative en tous lieux, des mairies, des daïrate, des banques et de tous les poumons chargés de donner un sens à la vie du pays est assimilable à une mortelle perfusion pour mettre à bas le pays. Ce n'est plus de la classique bureaucratie qui nous était devenue familière, mais d'une profonde attaque sourde contre les aortes censées faire battre le cœur d'une patrie qu'il s'agit. Ce n'est pas non plus les petits et grands relents cachés de la familière corruption auxquels on pourrait attribuer les qualificatifs sans lettrines et sans initiales que l'on doit souligner. Il est devenu question d'un drame dont on ignore encore le bout. La large indolence administrative bloquante avec ses conséquences affolantes est franchement comparable à un sabotage car les milliers de freins de toutes les natures ont des incidences directes sur une économie déjà sérieusement mise à mal. En la matière, une inertie délibérée prend la forme d'une franche action de traîtrise quelles qu'en soient les raisons qui l'ont guidée. Le malaise ainsi créé est contraire à la volonté nouvelle de moraliser une administration décriée et les résultats auxquels on a abouti sont totalement contradictoires avec la finalité attendue. De ce fait, plus de 200.000 permis de construire bloqués renvoient à un nombre incalculable de travailleurs potentiels à recruter contraints à se croiser les bras par l'inconséquente force de sape d'une administration décidée à tout geler. Sauf quand il est non conforme à la légalité, un document administratif non remis à son demandeur donne à l'Etat un profil d'ennemi primaire et pervertit la nécessaire confiance du citoyen.