La Russie montre encore une fois ses gros bras face à un Occident qui semble plus faire dans l'esbroufe que la realpolitik. Reprochant la ligne «agressive» des Occidentaux dans le conflit sur l'Ukraine, le chef du Kremlin a promis des «mesures militaires et techniques adéquates de représailles» en cas de menaces avérées sur son pays. Le Kremlin avait déjà accusé les Occidentaux d'être responsables de la rupture de confiance à partir des années 1990. Outre le front ouvert du conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses, casus belli entre l'Europe et la Russie, le prétendu déploiement du groupe Wagner au Mali inquiète également les dirigeants occidentaux, à commencer par la France. «Nous appelons la Russie à se comporter de manière responsable et constructive dans la région», lit-on dans un communiqué signé par une quinzaine de pays, impliqués dans la lutte antidjihadiste dans la région. Mais c'est Paris qui se fait le plus de mouron, sachant que c'est justement cette ex-puissance coloniale qui porte l'entière responsabilité de la situation désastreuse pas seulement au Mali, mais aussi en Libye et toute la région sahélo-sahélienne. Si Bamako serait sur le point de conclure un accord technico-financier avec le groupe paramilitaire Wagner, réputé proche du Kremlin, le gouvernement malien a apporté un démenti formel à ces allégations concernant «un prétendu déploiement des éléments d'une société de sécurité privée», dans un communiqué publié vendredi soir. Message on ne peut plus clair destiné en premier lieu à la France, le pouvoir malien demande à «être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l'Etat malien n'est engagé que dans un partenariat d'Etat à Etat avec la Fédération de Russie, son partenaire historique», selon un communiqué signé du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga. Même si les USA, surtout préoccupés à contrer la montée fulgurante de la Chine, ont mis en garde le Mali contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, si le gouvernement venait à recruter le groupe russe Wagner, Moscou fait la sourde oreille et semble bien déterminé à poser pied en Afrique subsaharienne. Contre et envers les cris d'orfraie des Occidentaux, la France en premier.