Qui a peur du groupe Wagner, cette force paramilitaire constituée de mercenaires jamais reconnue par les autorités russes ? Les Européens, les Français en particulier et les Américains sont très allergiques au groupe Wagner, qu'ils ne cessent de harceler sur les champs de bataille à travers plusieurs régions chaudes du globe. Les Français, quand ils ont compris qu'un accord entre les autorités maliennes et le groupe Wagner est sur le point d'être conclu après le retrait de leur force militaire anti-insurrectionnelle «Barkhane» du nord du Mali, se sont débattus dans tous les sens pour faire barrage à l'arrivée des russes dans cette région, considérée comme une chasse gardée de la France. Consentant à un rôle accru de l'Algérie au Mali plutôt que de voir les Russes s'installer dans cette région, jusque-là zone dans son prolongement sahélien dominée par les Européens et les Américains. Malgré la crise qui secoue les relations entre les deux pays, la France ne voit, désormais, que des avantages à ce que l'Algérie s'inscrive plus fortement encore dans la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, qui a été conclu en 2015, selon le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Tout mais pas de Russes au Mali ? Ou serait-ce un message à l'Algérie pour ne donner aucun soutien au groupe Wagner pour s'installer au Mali, en contrepartie d'un soutien fort à l'application des accords d'Alger, défendus avec ardeur par les autorités algériennes, voire considérés comme la solution la plus efficace pour mettre fin au conflit malien ? Ce n'est pas une première apparition du groupe Wagner au Mali, car auparavant, ses éléments étaient signalés à la frontière de l'Ukraine en appui aux séparatistes ukrainiens, en Syrie aux côtés des forces militaires gouvernementales, en Libye en soutien aux combattants du maréchal Haftar, en République centrafricaine et jusqu'en Amérique du Sud, mais son arrivée au Mali menace d'énormes intérêts occidentaux. Se mettant de la partie, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a clairement mis en garde le groupe Wagner contre toute ingérence au Mali. En visite au Sénégal, samedi 20 novembre, Antony Blinken a déclaré que les Etats-Unis contribuent à la stabilité du Mali et qu'il serait «malheureux si des acteurs étrangers s'engageaient en rendant les choses encore plus difficiles et plus compliquées dans ce pays, et je pense en particulier au groupe Wagner», a-t-il déclaré devant la presse. Pourtant, les Etats-Unis ont été l'une des premières puissances à recourir au service d'une «armée privée», en l'occurrence Blackwater', qui a été engagée à fond dans des conflits en Irak, en Afghanistan et même en Ukraine (face à Wagner), provoquant d'énormes scandales dans l'impunité totale, sans que quiconque n'ait trouvé à redire. Dans cet environnement conflictuel autour de la suprématie militaire au Mali et les régions riveraines au Sud, dont le sous-sol regorge de richesses naturelle, les ministres français des Affaires étrangères et des Armées ont, lors d'un entretien à Paris le 12 novembre avec leurs homologues russes, «exprimé le caractère inacceptable que revêtirait le déploiement de mercenaires de Wagner dans la bande sahélo-saharienne», selon un communiqué du Quai d'Orsay. Des menaces à peines voilées qui exposent la région, déjà sous la menace terroriste, à plus de périls encore.