Les bruits de bottes à la frontière entre l'Ukraine et la Russie font monter la pression sur le gaz. La menace d'une invasion russe de l'Ukraine aurait de graves conséquences. Le président américain, Joe Biden promet un «désastre» à la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine par les troupes militaires russes massées aux frontières entre les deux pays, allant jusqu'à affirmer dans ce sillage que cela «changerait le monde». Une «mini» guerre mondiale n'est pas éloignée, vu l'engagement d'un soutien total par les Occidentaux à l'Ukraine. Et, dans ce climat tendu, il y a le point extrêmement sensible des hydrocarbures russes qui pèse dans la balance, notamment quand on prend en considération le fait que l'approvisionnement russe couvre plus de 40% des besoins en hydrocarbures de l'Europe, un facteur qui a déjà eu son influence sur la hausse des prix du baril et du gaz. Craignant d'être privés en pleine période de froid du gaz russe, en cas d'éclatement d'un conflit armé en Ukraine, les pays européens multiplient ces derniers jours les tentatives visant la «désescalade» et ne perdent pas de temps pour chercher de nouvelles sources d'approvisionnement en gaz, notamment. Appréhendant une probable faiblesse de position des pays européens face à la Russie, en raison de la menace sérieuse d'un arrêt brutal du pompage de gaz russe dans l'option d'une invasion de l'Ukraine par l'armée russe, les Américains ont pris les devants pour remédier à cette situation, en trouvant des approvisionnements constants pour répondre aux besoins des Européens. Dans ce contexte, le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont laissé entendre, à travers une déclaration commune rendue publique, vendredi dernier, que «les Etats-Unis et l'UE travaillent conjointement à assurer un approvisionnement continu, suffisant et ponctuel en gaz naturel à l'UE depuis diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d'approvisionnement, y compris ceux qui pourraient résulter d'une nouvelle invasion russe de l'Ukraine». Sans perdre de temps dans la mise en place de cette stratégie, la Maison Blanche a annoncé que Joe Biden recevrait le 31 janvier l'Emir du Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié. L'Algérie également, qui figure au classement dans le top 10 des pays exportateurs de gaz, serait sollicitée dans ce cadre pour approvisionner des pays européens de la rive-sud de la Méditerranée, notamment l'Italie. Principal fournisseur de gaz à l'Espagne par le biais du gazoduc Medgaz, et assurant 9,5 % des importations françaises en gaz naturel, l'Algérie comptait, déjà, sans cette tension entre la Russie et l'Ukraine, renforcer ses exportations vers l'Italie suite à des garanties avancées dans ce sens par le président Tebboune à son homologue italien, Sergio Mattarella, lors de sa visite en Algérie, au mois de novembre dernier. Selon les déclarations de l'ambassadeur d'Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, rapportées par l'agence de presse italienne Nova', Sonatrach a exporté plus de 1,5 milliard de mètres cubes de gaz vers l'Italie durant le mois de janvier en cours, devenant le premier fournisseur de l'Italie en gaz. Une tendance qui va se confirmer plus encore dans l'avenir.