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Nos enfants, nos espoirs
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 02 - 2022

« Tes défauts de fils sont mes défaillances de père » Citation prêtée à l'Empereur romain Marc Aurèle
Depuis des temps immémoriaux, les plus grands veillent à l'instruction et à l'éducation des plus petits et supportent mal, pour une majeure partie d'entre eux, l'échec d'où il vient. Les premières années d'une famille ou, indifféremment, de toute famille, au moins au début, tourne autour d'une seule institution : l'école, d'un seul objectif : l'éducation et l'instruction des enfants, d'une seule orientation : la réussite scolaire des enfants.
On aurait pu parler de la crise russo-ukrainienne et la Poutinisation du monde, des élections françaises et le regain inquiétant de l'extrême droite. On aurait pu disserter autour de l'anniversaire du Hirak ou du reniement, à raison, d'un gouvernement, de son Premier ministre et d'un Parlement avec ses deux chambres. On aurait pu s'attarder sur la décadence d'un royaume et de la déchéance de son roi.
On a choisi d'entendre, de reprendre et de relayer les préoccupations des mères de famille, des pères et des tuteurs au sens large du mot, désespérés pour la plupart et dans la plupart du temps, sur le fonctionnement des écoles de nos enfants, particulièrement en période de crise où la démocratisation ségrégative reste une constante, déplaçant ainsi les inégalités sociales dans le temps et seulement dans le temps.
Bien avant la crise sanitaire, l'économie numérique avait transformé le monde du travail. Mais cette crise n'a pas seulement renforcé les dispositifs de travail à distance mais l'école à distance aussi. Cet état de fait a mis à nu les inégalités sociales et la fracture numérique, d'une part, entre pays développés et ceux en développement, et, d'autre part, entre riches et pauvres. Aussi bien la connectivité qu'un matériel adéquat et de qualité deviennent de plus en plus à la fois une denrée rare et surtout inaccessible. L'apprentissage à distance, même avec des stratégies multimodales utilisant par exemple Internet, la télévision ou la radio, des supports imprimés et la messagerie instantanée, a eu des effets très variables.
Les rentrées, les tentatives de reprise post-Covid-19 ou post-amélioration de la situation sanitaire ne sont pas réussies, on s'efforce à des rentrées ou des reprises normales dans un contexte exceptionnel non maîtrisable. Les questions pratiques, du comment respecter la distanciation pour stopper la propagation du virus, s'ajoutent aux soucis éducatifs du comment rattraper les manques accumulés pendant des mois.
La guerre, dans un parallèle que je souhaite acceptable, a transformé le milieu éducatif, les écoles fermées, les études suspendues, les professeurs, pierre angulaire de l'acte éducatif, s'emploient à travailler ce qui paraît important et ainsi prioritaire. Ajoutés à cette difficulté des espaces, les enfants, les apprenants, ne sont plus capables d'apprendre, de prêter attention, de se concentrer et de réfléchir. Ils sont instables, fatigués et surmenés selon les termes des spécialistes de tous bords. L'importance, tout évènement historique l'acquiert de la signification construite dans l'imaginaire collectif et des enseignements qu'il prodigue pour modéliser les improvisations, dans le tas, destinées à contrecarrer les difficultés induites par ce dernier dans l'organisation sociétale. Toutes les pratiques adoptées par les autorités, dans l'urgence et dans l'incertitude, tendant à assurer la continuité pédagogique et même si peu de choses étaient partagées entre les impacts du Covid-19 et ceux de toutes les autres crises majeures sur l'école, sur les apprenants et sur le corps encadrant et professoral, l'on peut reconnaître la similitude dans l'effort de tous ces acteurs afin de garantir la permanence de l'école. L'éducation reste un élément déterminant et structurant dans l'édification du destin de l'humanité, c'est pourquoi la fermeture de l'école reste un fait exceptionnel.
Quoique, le temps de l'école, celui de la santé publique, et le temps politique ne sont jamais synchro, il n'en demeure pas moins important, loin de toute comparaison hasardeuse, de retrouver, de susciter même les espoirs d'une rupture, d'un changement profond et durable.
L'idée d'une réforme sérieuse et en profondeur du système scolaire, qu'elle soit l'aboutissement d'une rupture franche avec l'inefficience de celui en place, ou une sorte de vœu constant de modernité et de nouveauté, trouve un consensus largement partagé. L'éducation nouvelle est alimentée par un mouvement qui va au-delà des fractions et est une sorte de débat quant à la régression honteuse des ambitions de l'institution qui privilégie, de plus en plus, une visée utilitaire des études et, de moins en moins, une visée plus générale en rapport avec le développement de l'enfant et de l'individu.
A cause du Covid-19, près de 2 milliards d'apprenants de par le monde, particulièrement les plus jeunes et les plus pauvres, subissent des pertes d'apprentissage et de bien-être et des efforts colossaux sont déployés pour redresser nos systèmes éducatifs pour les rendre plus résilients, équitables et inclusifs afin d'éviter une hypothétique catastrophe générationnelle. Les apprenants de nos jours encourent le risque de perdre, selon des estimations sérieuses, près de 17.000 milliards de dollars de revenus tout au long de la vie en valeur actuelle, d'une part, et, d'autre part, définitivement de longs mois d'apprentissage. La persistance de cette situation agite, inquiète et trouble particulièrement les familles, soucieuses de l'avenir de leurs enfants.
La vie est parsemée de problèmes à résoudre et commencer par les accepter est notre chemin pour trouver des solutions. Bien évidemment, ce n'est pas une invitation à la passivité, à la paresse ou à l'abdication mais à chercher le juste et fragile équilibre entre lutter et céder, entre insister et lâcher prise.
Toujours dans cet esprit d'acceptation, nous devons nous rappeler l'impermanence de toute chose et croire à l'idée de la perfection nous plonge, aveuglés, dans le monde impitoyable du catastrophisme qui nous mènera inévitablement au stress, à l'obsession, voire à la dépression. Qu'on se rassure, certaines aptitudes humaines semblent innées chez l'enfant, d'autres se mettent en place très tôt et d'autres encore se développent très rapidement.
Nos petits sont équipés de tout un arsenal spécialisé, d'une complexité comparable à un programme d'un ordinateur très perfectionné mais qui lui reste seulement et seulement à intégrer quelques informations et logiciels pour se mouvoir dans tel ou tel environnement.
Preuve historique en est, de grandes personnalités, des scientifiques de rangs élevés et des inventeurs de génie ont eu leurs classes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Que les mères de familles inquiètes soient rassurées, que les pères et tuteurs au sens large du mot soucieux soient tranquillisés, ils sont la meilleure école de leurs enfants.


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