Le sommet Etats-Unis/Afrique, qui se tiendra du 13 au 15 décembre à Washington, n'est-il pas tout fait pour contrer d'autres sommets, très nombreux sur la scène internationale, dont les sommets «Afrique-France», »Russie-Afrique», «Turquie-Afrique» ou »Chine-Afrique» ? Il y a le fait incontestable que les Etats-Unis ont longtemps négligé ce continent, notamment durant le dernier mandat de Donald Trump, la dernière édition du sommet en question remonte à 2014, et ce réveil brutal de la diplomatie américaine laisse penser qu'il a été en grande partie provoqué par la guerre en Ukraine. Dans le sillage de cette guerre, les Etats-Unis n'ont pas pu convaincre de nombreux pays africains à s'aligner sur leur position et condamner ce qu'ils jugent eux comme une invasion russe en l'Ukraine. L'on se rappelle que les pays africains font partie du gros lot des pays qui ont voté contre ou qui n'ont pas participé aux votes des résolutions soumises à l'Assemblée générale de l'ONU et condamnant l'invasion russe en Ukraine, ainsi que l'annexion des territoires ukrainiens et autres résolutions suspendant la Russie du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en raison de la guerre en Ukraine. Et les multiples déplacements du Secrétaire d'Etat américain en Afrique pour tenter de les rallier aux positions américaines et européennes n'ont pas été couronnés de succès. C'est cette réalité qui a poussé les Etats-Unis à revoir ses cartes sur le continent africain, où la Russie et la Chine ont tissé des liens très forts. Bien évidemment, les Etats-Unis, par la voix de leur Secrétaire d'Etat, Antony Blinken, ont soutenu que ce sommet qui se tiendra à Washington ne cherche en rien à contrer d'autres sommets, mais la vérité est bien autre. Officiellement, le sommet abordera les thèmes de la démocratie et le gouvernement, la sécurité, le commerce, l'investissement et le développement, mais d'autres sujets ne seront pas en reste, comme la pandémie et, inévitablement, le changement aux conséquences négatives de l'invasion de l'Ukraine. En somme, selon la secrétaire adjointe du bureau des Affaires africaines, Molly Phee, les discussions tourneront lors de ce sommet Etats-Unis/ Afrique autour de « l'établissement de partenariat du 21e siècle ». La même responsable n'a pas caché, lors d'une conférence de presse tenue jeudi dernier, qu'en organisant le sommet des dirigeants USA-Afrique, l'objectif des USA est de « reconfigurer » les relations entre les deux continents. Et, contrairement aux autres sommets, celui de Washington verra la participation de la société civile, les entreprises et le secteur privé, les jeunes dirigeants et la diaspora à Washington DC, en sus de la participation de 49 gouvernements (le Burkina Faso, la Guinée, le Soudan et le Mali, actuellement suspendus par l'Union africaine, ainsi que l'Erythrée, pays avec lequel les Etats-Unis n'entretiennent pas de relations diplomatiques, ne sont pas invités) et de la commission de l'UA. Certainement que ce sommet va permettre de régler les pendules de Washington à l'heure africaine, mais est-ce que cela va pour autant réduire l'influence de la Russie et de la Chine dans le continent ?