L'Algérie a-t-elle trouvé une solution à l'équation complexe entre consommation intérieure du gaz et besoins d'en exporter plus vers l'étranger ? Le problème ne se posait nullement ces dernières années, quand la Russie assurait l'essentiel de la consommation européenne en gaz, à des prix imbattables, mais depuis l'éclatement du conflit en Ukraine et les sanctions décidées contre la Russie, notamment énergétiques, la situation a changé du tout au tout. Tous les pays européens cherchent, désormais, à assurer leur approvisionnement en gaz auprès de nouveaux exportateurs, dont l'Algérie, très sollicités pour livrer plus de quantités de gaz à l'Europe. L'Algérie a, ainsi, augmenté ses livraisons de gaz à l'Europe, à l'Italie notamment, pays avec lequel de gros contrats ont été signés, sans arriver à satisfaire une demande très importante et très pressante. Les autorités algériennes avouaient que la très forte consommation intérieure en gaz, dont près de la moitié consacrée à la production d'électricité, enregistrant une augmentation de 200% ces trois dernières décennies, greffée à une production qui n'a pas augmenté proportionnellement à l'évolution croissante de la demande intérieure, constitue un grand obstacle à l'augmentation des exportations vers l'étranger. Mais, la dernière déclaration du président Tebboune, lors de sa visite, mardi, au pavillon des industries pétrolières du Groupe Sonatrach, à la Foire de la production algérienne (FPA-2022), affirmant l'Algérie ambitionne de doubler sa production gazière destinée exclusivement à l'exportation, révèle une évolution des données posées par « l'équation complexe ». Avec une production qui tourne actuellement autour de 102 milliards de m3 de gaz, dont la moitié est consommée localement, le président dit espérer qu' « en 2023, nous atteindrons une production de 100 mds de m3 de gaz destinée exclusivement à l'exportation ». Le recours à l'énergie renouvelable ou propre pour couvrir une partie de la consommation intérieure en gaz n'est pas exclu, d'autant que la transition énergétique est menée tambour battant. Mais on ne peut compter sur cette source d'énergie que dans le moyen et le long terme, car dans l'immédiat sa production sera très limitée. Ne reste, donc, que l'augmentation de la production de gaz qui peut équilibrer l'équation entre les exportations prévues en 2023 et la consommation intérieure en gaz. Naguère, l'Algérie n'a pas cherché à augmenter sa production en gaz, se contentant d'assurer les livraisons pour les marchés conclus avec les entreprises étrangères et de répondre à la hausse de la consommation intérieure, et ce en grande partie à cause de l'impossibilité de concurrencer le prix du gaz russe livré à l'Europe, ainsi qu'une fermeture hermétique du marché de l'exploration gazière et pétrolière aux investisseurs étrangers. Aujourd'hui, le plus grand changement de la donne, qui transforme l'équation complexe en équation simple, et qui donne du tonus aux ambitions de l'Algérie sur le plan des exportations du gaz, est à ce niveau de l'ouverture de l'investissement aux étrangers dans le domaine de l'exploration gazière et pétrolière. En témoigne le contrat d'une durée de 25 ans signé, au mois de juillet dernier, entre Sonatrach, Eni, Occidental et Total, pour un imposant montant de quatre milliards de dollars.