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La transition démographique et son impact sur l'augmentation de l'incidence des maladies du sang
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 03 - 2023

Au lendemain de l'indépendance, en 1962, la population algérienne comptait 11,62 millions d'habitants, un taux de mortinatalité très élevé et un taux d'alphabétisation inférieur à 5-10%. Soixante ans plus tard, la population algérienne compte au 1er janvier 2021, 44,6 millions d'habitants, soit une augmentation de 33 millions d'habitants, avec un taux d'accroissement de 384%. Par ailleurs, de 1962 à 1992, la structure de la pyramide des âges est restée inchangée, pendant près de 30 ans, avec un élargissement de sa base, correspondant à un fort taux de natalité et au caractère très jeune de la population dont plus de la moitié était âgée de moins de 30 ans. A partir de 2002, la structure de la pyramide des âges a commencé à montrer un rétrécissement de sa base au niveau des tranches d'âges entre 0-4 ans, 5-9 ans, 20-24 ans, 25-29 ans et 30-34 ans, au dépends d'un élargissement vers le sommet et correspondant à un vieillissement de la population. Ainsi, en 2021, la pyramide des âges en Algérie montre un taux de 29,58% parmi les 0-14 ans, un taux de 64,25% parmi les 15-64 ans et un taux de 6,17% parmi les 65 ans et plus. Cette augmentation au niveau de ces deux dernières tranches d'âges, correspond à un début de ce que l'on appelle la transition démographique. Cette transition est également confortée par l'augmentation de l'espérance de vie à la naissance, qui passe de 47,80 ans chez les femmes et 46,33 ans chez les hommes, en 1962, à plus de 76 ans en 2022, due en grande partie à l'amélioration des conditions de vie des Algériens, mais également grâce à la prise en charge sanitaire pendant six décennies ayant reflété le caractère social de l'Etat.
En hématologie, nombreuses sont les maladies malignes du sang, qui sont spécifiques des sujets âgés au-delà de la sixième décade. Ces affections sont de causes multifactorielles, liées aux cellules souches de la moelle osseuse, mais également à des anomalies de fonctionnement du système immunitaire à cet âge avancé de la vie, en rapport avec la senescence.
En Algérie, sous l'égide de la société algérienne d'hématologie, de nombreuses enquêtes épidémiologiques nationales ont été réalisées au cours des hémopathies malignes, de 1994 à 2021, et ce, afin d'évaluer leurs incidences, leurs prévalences ainsi que leurs âges d'apparition. Au terme d'environ 30 années d'évolution, une étude de méta analyse, portant sur l'épidémiologie de ces maladies malignes du sang a été réalisée dernièrement en Algérie, et publiée dans l'Algerian Journal of Health Sciences. Cette enquête a permis de mettre en évidence une nette tendance à la progression aussi bien de l'âge au diagnostic que de l'incidence de ces maladies malignes des sujets âgés au niveau du pays. A titre d'exemple, parmi les principales maladies malignes du sang, on relève au cours des leucémies aigues myéloïdes, une augmentation de 10 ans de l'âge au diagnostic, qui passe de 39 ans en 1995 à 49 ans et 2021, et son incidence qui est multipliée par 2,5 (qui passe de 0,53/100.000 habitants en 1995 à 1,32/100.000 habitants en 2021). Pour le cancer des os ou Myélome multiple, l'âge au diagnostic est passé de 60 ans en 1994 à 73 ans en 2021, soit une augmentation de 13 ans, ainsi que son incidence qui est passée de 0,63/100.000 habitants en 1994 à 2,3/100.000 habitants en 2021 avec une augmentation de 3,65 fois plus. Pour les leucémies lymphoïdes chroniques, ou maladie du sang, associée aux ganglions, l'âge au diagnostic est passé de 64 ans en 2007 à 69 ans en 2020 avec une augmentation de l'âge de 5 ans et une augmentation de l'incidence, qui passe de 0,57/100.000 habitants en 2007 à 0,69/100.000 habitants en 2020, soit un facteur d'accroissement de 1,21. Enfin, au cours des syndromes myélodysplasiques, et qui correspondent à des défaillances de fabrication des éléments cellulaires du sang, l'âge au diagnostic est passé de 65 ans en 1995 à 69 ans en 2019, soit une augmentation de 4 années et une incidence qui passe de 0,07 en 1995 à 0,38/100.000 habitants en 2019, soit une augmentation de 5,42 fois.
L'augmentation des incidences de ces pathologies malignes, peut être expliquée en partie, par une meilleure couverture sanitaire et des moyens du diagnostic, plus performants, mais le fait de constater une augmentation parallèle de l'âge au diagnostic, témoigne indirectement du « vieillissement de la population algérienne». Par ailleurs, la comparaison de l'âge d'apparition de ces maladies malignes du sang avec les données de la littérature, montre une nette tendance à la progression de l'âge au diagnostic ainsi que celle de l'incidence de l'ensemble des hémopathies malignes en Algérie. Ce changement de présentation du point de vue du profil âge des patients serait en rapport semble-t-il avec la notion de transition démographique de la population algérienne qui a débuté depuis les années 2000.
En effet, au cours de ces dernières années, cet âge moyen a tendance à s'élever pour se situer dans la fourchette de ceux décrits en Europe ou aux USA et ceci est lié au fait que le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus, est estimé actuellement à plus de 4 millions d'habitants et devrait atteindre 10 millions d'habitants dans les quelques prochaines années vers l'horizon 2040, soit une augmentation de 7,43% par rapport à l'année 2021 (n=45 024 000) (dont la population âgée de plus de 60 ans est de 4 520 000) avec une augmentation de l'espérance de vie à la naissance à 82 ans chez l'homme et 83 ans chez la femme, selon l'ONS.
Ainsi, en termes de prévisions, le nombre des habitants âgés de plus de 60 ans aura doublé en 20 ans, et au vu de la tendance à l'augmentation progressive de l'incidence spécifique des maladies malignes du sang des sujets âgés, le nombre très élevé de ces maladies qui s'en suivra aux environs de 2040 va engendrer de graves problèmes de logistiques en matières de structures d'hospitalisations et en particulier pour les leucémies aigües, dont les services d'accueil actuellement sont très insuffisants. A cette injustice d'accès aux soins pour l'ensemble de cette frange de la population (problème d'éthique majeur), s'ajoute le manque de formation spécialisée en gériatrie ainsi que l'encadrement paramédical spécifique. Il est alors, temps pour les pouvoirs publics de se pencher sur ce problème pour se préparer à contenir l'afflux de patients âgés lié à la transition démographique et au vieillissement de la population algérienne par une réorganisation des services de santé, avec l'ouverture de structures médicales spécialisées, en particulier en gériatrie et l'introduction de l'enseignement de la gériatrie dans les facultés de médecine du pays.
*Médecin spécialiste des maladies du Sang - Président du Pôle Greffe de l'EHU 1er Novembre Oran - Coordinateur national du Groupe Algérien d'étude des leucémies aigues et Myélodysplasies - Professeur des Universités - Université Ahmed Benbella 1, Oran, Algérie.
Référence :
1/ Office National des Statistiques: ONS. https://www.ons.dz
2/ La Banque mondiale en Algérie. https://www.banquemondiale.org › country › algeria
3/ Bekadja MA et al. Impact de l'âge et de la transition démographique sur les hémopathies malignes en Algérie. Etude de méta analyse portant sur une période allant de 1992 à 2021 (30 ans). Algerian Journal of Health Sciences, Vol 4, Num 2,(2022) : 181-189.


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