Azzedine Gaci, imam de la mosquée de Villeurbanne (France), par ailleurs enseignant-chercheur à l'Ecole de chimie, physique et électronique de Lyon, a publié, il y a quelques jours sur Facebook, un post qui soulève une question d'ordre philosophique mais qui est directement inspiré des derniers événements tragiques que connaît le Proche-Orient. Gaci a écrit: «Parmi les erreurs que l'on fait lors d'une tentative de réconciliation entre deux personnes, c'est que l'on demande souvent à l'opprimé de faire preuve de sagesse et de pardonner, et jamais à l'oppresseur de réparer tout le mal qu'il a fait.» Ce post a suscité plusieurs commentaires, principalement de nos compatriotes, en Algérie, ainsi que de la Communauté musulmane de France. D'abord un certain Rachid s'interroge: «Est-ce que ce n'est pas avant tout à l'oppresseur de réparer son injustice pour que l'opprimé puisse lui pardonner ? La question du pardon est difficile à appréhender. Peut-on pardonner quand l'injustice est avérée et que celui qui a commis cette injustice s'est rallié des soutiens faisant passer l'opprimé pour l'oppresseur ? Il me semble que pardonner, dans ce cas, est tout simplement impossible.» Pour le dénommé Sabri, «Nous avons tendance à supposer que le pardon accordé par la personne opprimée conduira l'oppresseur à réparer ses méfaits, mais cette issue heureuse n'est pas toujours vraie. Par ailleurs, il est plus facile de croire qu'un opprimé puisse faire preuve de sagesse et de pardon car, à contrario de l'oppresseur, il a eu son lot de souffrance. Une personne qui a baigné dans la souffrance peut faire le choix de s'en débarrasser en voulant rompre avec la chaîne de haine qui le lie avec l'oppresseur. Il accepte de pardonner car il ne veut pas reprendre à son tour le rôle de l'oppresseur. La sagesse, c'est ainsi parfois ne pas vouloir reproduire la souffrance que l'on a subie. Mais est-ce possible de pardonner quand nos plaies ne sont pas encore cicatrisées et que le fautif de notre mal ne se reconnaît pas comme l'auteur de notre douleur et n'intervient pas pour notre rémission ?» Aziz, quant à lui, cite le grand leader sud-africain Nelson Mandela: «C'est toujours l'oppresseur et non l'opprimé qui détermine la forme que prend la lutte. Si l'oppresseur utilise la violence, la violence, pour l'opprimé, n'est qu'une forme de légitime défense.» Nous laisserons le mot de la fin à un certain Noureddine qui souligne: «Le maître mot dans une tentative de réconciliation est le terme «justice ». L'opprimé pardonne mais n'oublie pas, alors que l'oppresseur oublie souvent ce qu'il a fait. Mais la roue tourne: si tu es injuste, un jour viendra où c'est toi qui devra payer.»