L'invité au forum de cette semaine est M. Bouali Djilali, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) de la wilaya de Mostaganem, accompagné de MM. M'barek Mansour et Ouali Samir respectivement secrétaire général et trésorier de ladite Union. L'Union générale des entrepreneurs de la wilaya de Mostaganem a été créée en 1989, à un moment où il était devenu nécessaire de doter les entreprises privées du BTPH de moyens leur permettant de relever le défi afin de se montrer à la hauteur de la mission dont elles sont investies, eu égard à la règlementation en vigueur. Ainsi, comme dans toute union, association ou un quelconque syndicat, au niveau de l'UGEA les fonctions et les attributions de tout un chacun sont clairement définies dans un cadre règlementaire précis. Quand il nous arrive de régler un problème quelconque d'un entrepreneur ce sont tous les adhérents qui en bénéficient au retour. Dès lors qu'il nous arrive de défendre les intérêts moraux ou matériels des adhérents il est tout à fait clair que c'st toute la corporation des entrepreneurs qui est bénéficiaire, dira M. Bouali. Cette problématique est posée avec acuité. De 1989 à ce jour, plusieurs rencontres des adhérents ont été organisées à l'effet de débattre des problèmes et difficultés auxquels se trouvent confrontés les entrepreneurs dans leurs relations diverses durant la réalisation des projets qu'ils leur sont confiés. Il est utile de souligner que la corporation a participé pleinement à la résorption du chômage, à la création des entreprises et à leur soutien. A titre de rappel, tient à préciser M. Bouali, il y a quelques décennies pour construire quelques logements il fallait au moins dix ans. Il s'avère donc que depuis la création de nouvelles entreprises privées dans le BTPH, le nombre s'est multiplié par 100 voire 200 parce que, tout simplement, le nombre d'entreprises a augmenté proportionnellement aux besoins du terrain et ce, en un temps record. Cependant, il se trouve que dans n'importe quelle association ou syndicat les adhérents, dans leur majorité, ne cherchent, avant tout, que du profit. Dès lors qu'une personne s'affilie dans n'importe quelle structure de ce genre, elle vient avec une idée préconçue suivante : « qu'est-ce que tu me donnes ? », selon M. Bouali, cela veut dire qu'est-ce que l'UGEA peut m'offrir comme avantage ? Il s'agit là d'une attitude tout à fait logique et compréhensible dans la mesure où certains entrepreneurs font passer leurs propres intérêts avant toute chose, alors qu'ils ont un rôle à jouer au sein de l'union et ce, dans l'intérêt général de la corporation. L'UGEA est représentée au niveau des commissions de recours préalables de la CNAS, des impôts et de la CNR. Elle a également pour rôle d'intervenir auprès des maîtres d'ouvrages pour l'établissement des cahiers de charges, le règlement des problèmes éventuels que rencontrent ou peuvent rencontrer les entrepreneurs. Par ailleurs, d'autres avantages sont offerts aux adhérents notamment en ce qui concerne les abattements auprès des assurances. L'UGEA est conventionnée avec les assurances Baraka qui nous offre des abattements allant jusqu'à concurrence de 50 %, ainsi qu'avec la SAA et la CAAR, dira M. Bouali. Quant à la question relative aux entrepreneurs défaillants et les mesures à prendre en vue de les solutionner, à priori la démarche entreprise par l'UGEA n'a pas pour but de défendre l'entrepreneur en tant que tel. Une précision : en tant que syndicat, au même titre que tout autre syndicat, nous ne sommes pas un syndicat à caractère revendicatif. Nous considérons que nous sommes une force de proposition auprès du pouvoir public. Notre objectif se si tue au niveau de la défense de l'entreprise elle-même, lorsqu'elle rencontre des difficultés, et non l'entrepreneur défaillant (qui ne sait pas gérer son entreprise) ou malhonnête. De ce fait, notre rôle se limite dans la défense d'un métier considéré comme outil de travail et non un entrepreneur malhonnête. Au sein de l'union nous militons toujours pour la qualité de la prestation, tient à préciser M. Bouali. La qualité n'est pas une chose nouvelle et ce n'est pas M. le wali qui est venu l'imposer. Il est tout à fait vrai que M. le wali représente une autorité et exige la qualité. Nous sommes disposés, en tant qu'union, à défendre la qualité des services faits, car il y va de notre crédibilité. Comme il est vrai aussi qu'il existe une formule au niveau de tous les secteurs que ce soit à caractère : commercial, industriel ou autres qui dit : relation – qualité – prix, selon le président de l'UGEA. Et d'ajouter : quel que soit le maître d'ouvrage, celui-ci n'est pas responsable des prix, et nous le reconnaissons. D'autant plus que nous sommes dans un pays où les prix sont libres. Il y a certes une règlementation mais il n'en demeure pas moins que la concurrence est courante en matière de prix ; comme existe aussi un code des marchés que tout un chacun est tenu de respecter. Cependant, nous considérons qu'à un certain moment les prix avaient été plafonnés par le ministère et c'est ce qu'avait fait Mme le wali, quand elle est venue à Mostaganem, en plafonnant les prix des logements LSP d'abord à 700.000 DA puis à 1.100.000 DA. Il n'échappe à personne que parmi les entrepreneurs certains sont illettrés. Ces derniers ne représentent pas réellement la conception même de l'entreprise ni sa force. Ce n'est que maintenant que la plupart d'entre eux commence à prendre conscience de ce qu'est une entreprise. Il se trouve que même ceux qui prétendent avoir un certain niveau intellectuel prêtent dans la confusion et ne sont pas en mesure de déterminer avec exactitude ce qu'est un entrepreneur au sens vrai du terme. Parce que tout simplement dans leur esprit, ils visent directement le BTPH dès lors que nous parlons d'entrepreneurs. Alors que c'est faut. La notion d'entreprendre est universelle et s'applique à tous les métiers ; Est considéré comme entrepreneur toute personne entreprenant une activité commerciale, industrielle ou autres, tient à souligner M. Bouali. En Algérie, avec le volume et la masse importante d'argent investi dans les infrastructures de base comme par exemple la construction d'immeubles, qui est importante, il est tout à fait normal que le nombre d'entreprises du BTPH soit lui aussi important pour pouvoir réaliser cet important programme. Il nous est arrivé, d'ailleurs, d'avoir eu recours à des entreprises étrangères pour faire face aux besoins du terrain. L'UIGEA encourage la création d'entreprises et participe au développement de celles-ci, du fait qu'elle est considérée aussi comme étant une association appelée ASPE c'est-à-dire une association pour la sauvegarde et la promotion des entreprises. Partant de cette logique, l'entrepreneur est tenu de respecter les normes de construction, si nous voulons arriver à réaliser un meilleur cadre de vie, dira le locuteur. Pour ce qui est de la relation de l'UGEA avec les autres partenaires que sont le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre et l'entrepreneur, M. Bouali dira : ce qui est primordial dans ce cadre là, c'est l'ouvrage à réaliser, quelle que soit sa nature et son importance du point de vue volume. Dans la réalisation d'un ouvrage trois opérateurs interviennent simultanément, représentés par une triangulaire. Au sommet se trouve le maître d'ouvrage, à la base nous avons le maître de l'œuvre (bureau d'étude) puis, en face de lui, l'entreprise de réalisation. Les deux derniers partenaires ont tous une relation contractuelle avec le maître d'ouvrage, considéré comme étant le patron. Si l'un des opérateurs venait à faillir ou manquer de précision, nous déboucherons inexorablement vers un problème. Si le maître d'ouvrage faillit à sa mission des problèmes surgiront dans la réalisation de l'ouvrage à savoir : soit la réalisation n'est pas conforme aux règles, ou bien n'est pas réalisée à temps. Cependant, il est à savoir que des textes favorisant les relations contractuelles entre les uns et les autres existent et définissent clairement le rôle de chacun. En ce qui concerne l'UGEA, elle intervient à un autre niveau. Les maîtres d'œuvre ou l'ordre des architectes et les maîtres d'ouvrages représentent, chacun en ce qui le concerne, l'Etat. Nous, nous considérons que les problèmes éventuels doivent être réglés au démarrage, c'est-à-dire avant même le lancement du projet. Pourquoi ? Pour la simple raison que l'entrepreneur est considéré d'abord et avant tout comme étant un outil de travail, dont la mission principale est de produire un ouvrage d'art. Il n'est en aucun cas le concepteur de l'ouvrage à réaliser. Quelle que soit la conception de celui-ci, l'entrepreneur n'a qu'un seul droit dans celle-ci. Je n'ai pas le droit, en tant que président de l'UGEA, ni les prérogatives de porter un quelconque jugement sur la conception du maître de l'œuvre. Le seul droit dont je peux jouir, c'est lorsque je constate qu'il y a des défaillances dans l'un des plans au niveau du respect des normes, comme par exemple si une poutre, à l'entrée n'est pas à la hauteur exigée. Mais je n'ai en aucun cas le droit de m'immiscer dans le domaine architectural en tant que tel. A côté, nous avons une administration publique habilitée à effectuer des contrôles à savoir le CTC (contrôle technique de la construction). Cependant, il y a lieu de relever un problème, non sans importance, qui se situe au niveau des documents relatifs à l'ouvrage et mis à la disposition de l'entrepreneur lors de la soumission à savoir les plans. Ces derniers sont confectionnés sur papier 21 x 31 dont la lecture, notamment les chiffres, est impossible. Il faudrait des lunettes et une loupe pour pouvoir lire. Le second problème concerne le délai accordé à l'entreprise pour vérifier les plans, les assimiler y apporter les observations nécessaires et mettre les prix est plus qu'insuffisant. Il en est de même pour le bureau d'étude. En ce qui concerne le monopole de certains entrepreneurs sur les marchés, auquel il est fait allusion, M. Bouali affirme que la situation monopoliste de certains projets est conforme au code des marchés publics. Les marchés peuvent même être agréés de gré à gré. Dans quel cas est-ce possible ? C'est lorsqu'un projet donné ne peut être réalisé que par un seul entrepreneur, comme dans le cas de la très haute tension électrique où nous ne disposons que d'une seule entreprise, c'est celle de Karif. Le monopole en question n'a été démantelé par personne pour la simple raison qu'il y a un volume de travail qui est exigé. Or à Mostaganem nous avions de petits entrepreneurs qui n'avaient pas le gabaris demandé pour de grands projets. Il arrive que souvent le cahier des charges proposé par le maître d'ouvrage nécessite une entreprise importante pour la réalisation d'une telle œuvre. Nous disposons, à Mostaganem, de quelques entreprises qui avaient démarré, dans les années 1995, petitement mais au fil des ans elles sont devenues importantes. Le monopole n'est guère un problème en soi. Le problème se situe à un autre niveau à savoir celui des moyens humains et matériels de l'entreprise pour faire face à des projets volumineux. Or, ces moyens ne sont détenus que par 3 ou 4 entreprises. Les autres prétendent être entrepreneurs alors qu'ils n'entreprennent rien. Quant au monopole dont avait parlé M. le wali, il ne concernait pas les entreprises de réalisation. M. le wali avait parlé du monopole des bureaux d'études, car il est vrai que certains bureaux d'études détenaient le monopole des projets. Comme il a parlé, par ailleurs, de la similitude de toutes les bibliothèques communales relevant de la wilaya de Mostaganem dont le marché a été attribué à un seul bureau d'études. En outre, il y a lieu de savoir que ce système, dit d'adaptation, n'est pas conforme à la réglementation en vigueur. Comment concevoir alors qu'un même plan puisse être appliqué à plusieurs sites dans différentes régions ? Peut-on réaliser le même projet à la fois à Ouled Maallah, à Aïn-Nuissy ou au bord d'un oued sans tenir compte de certains paramètres ayant un rapport avec la spécificité du sol, entre autres ? Il est d'autant plus vrai que M. le wali avait parlé de cela mais conformément au code des marchés publics, en faisant remarquer qu'il fallait revenir au concours d'architecture, en référence à l'article 34 du code des marchés qui stipule : « Le concours est la procédure de mise en concurrence du don de l'art en vue de la réalisation d'une opération comportant des aspects techniques, économiques et esthétiques ou artistiques particuliers ». A cet effet, M. le wali n'a en aucune manière enfreint le code des marchés publics. Nous, en tant que représentants de l'UGEA, nous marchons dans le même objectif, tenait à préciser M. Bouali. M. le wali a aussi parlé d'autres choses tout à fait logiques. Il est inconcevable que l'étude d'une université puisse être faite en 45 jours. Il est à signaler que l'étude en elle-même prend au moins deux fois plus de temps que celui de la réalisation. Pourquoi ? Parce que lorsque le dossier est complet, ficelé et ne comporte aucune anomalie il facilitera la mission de l'entrepreneur qui, une fois les travaux lancés, ne s'arrêtera pas jusqu'à l'achèvement total du projet. Or, très souvent, une fois les travaux engagés le chantier est interrompu une semaine après parce qu'un problème imprévu a surgi entre temps. Cela peut arriver au niveau des fouilles lorsque l'étude du sol n'a pas été faite convenablement. Il est donc clair que de l'étude va dépendre la réalisation de l'ouvrage. Quant aux problèmes rencontrés par certains entrepreneurs avec l'AFWMOS, M. Bouali a été, on ne peut plus explicite. L'AFWMOS était au départ une entreprise relevant de la commune qui a été créée dans des circonstances un peu particulières. Je considère que malgré les dettes enregistrées par l'Agence foncière, l'importance des dettes auprès de la commune de Mostaganem s'élevaient à 17 ou 19 milliards de centimes qui n'ont pas, à ce jour, été remboursées. A son arrivée à Mostaganem, Mme le wali avait plafonné le logement LSP en demandant aux bureaux d'études de faire des études en ce sens. M. Mordjen, en ce qui le concerne, l'avait évalué à 700.000 DA, alors qu'il était évalué préalablement à 1.200.000 DA. C'est ainsi que les promoteurs privés s'étaient retirés de la course afin de ne pas travailler à perte. C'est donc ainsi que l'ensemble du programme a été attribué à l'Agence foncière. Il était donc prévisible qu'il était impossible que l'Agence foncière soit en mesure de gérer ce marché. La démarche engagée par ladite Agence a été la suivante : elle commence par lancer 500 logements. Les futurs attributaires après s'être inscrits devaient verser leurs apports initiaux. Avec ces apports elle termine un ancien projet et ainsi de suite. Le problème de l'Agence foncière est un problème très épineux. Pour ce qui est des problèmes rencontrés par certains entrepreneurs avec l'AFWMOS, il s'est avéré que quelques uns ne possédaient aucun document officiel, mis à part un P.V. de chantier. Ces derniers n'avaient ni marché, n i convention ni DOS ; absolument aucun document officiel vis-à-vis de la réglementation. Ne respectant pas la réglementation en vigueur ils ont travaillé avec la complicité de l'Agence foncière. L'UGEA, pour sa part, a entrepris les démarches nécessaires en vue de la régularisation des situations au cas par cas, dira M. Bouali en guise de conclution. Si par le passé le nombre d'entreprises privées du BTP était presque insignifiant, aujourd'hui il connaît un net accroissement. Cet accroissement est dû au fait que l'entreprise algérienne a survécu, durant la période précédente, à la facilité qui était accordée aux entreprises nationales qui avaient droit de cité ainsi qu'aux entreprises étrangères. Aujourd'hui, les entreprises privées algériennes sont en mesure de relever le défit eu égard aux vastes programmés engagés par l'Etat au cours des différents plans qui se sont succédés.