Le coup de manivelle a été donné ce samedi et la machine s'est mise en route. Il ne s'agit pas, rassurez-vous, de tournage d'un nouveau film, car des films il y en a eu ces dernières décennies, mais plutôt des consultations politiques sur les réformes décidées par le Chef de l'Etat lors du Conseil des ministres tenu le 2 mai dernier. Deux semaines seulement se sont écoulées après l'annonce du Président de la République des nouvelles réformes politiques, et voilà que la machine est en route. Chargé de mener les consultations, M. Abdelkader Bensalah a ouvert le bal en donnant la parole à la délégation du parti El Islah qui fut la première à être reçue. Pour mettre à l'aise les représentants de ce parti, M. Bensalah s'est montré rassurant en indiquant à ses invités qu'il était ouvert à toutes formes de dialogue en précisant : « Aucun projet de texte ne vous sera imposé » (…) « C'est de vos points de vue, analyses, commentaires, suggestions et propositions que sortiront les éléments du projet de révision de la Constitution (…). Voilà qui est sagement dit. Reste à savoir comment vont se dérouler toutes les consultations à venir et quelle sera la ligne de conduite à suivre en cas d'une éventuelle déviation ? Car il va sans dire que toutes les parties concernées par ce grand débat n'ont pas la même vision de la situation, ni ne défendent les mêmes causes. Quand des citoyens ont investi la rue pour crier leur ras-le-bol, on a vite dit qu'ils avaient faim et qu'il fallait leur permettre de manger, et c'est au sucre et à l'huile qu'on a pensé en premier lieu, en rabaissant leurs prix. Alors qu'en réalité les préoccupations et les revendications des Algériens étaient tout autres. Si on leur avait prêté attention, on aurait vite compris qu'elles étaient leurs demandes. Au fond, ce que demandent les Algériens c'est un peu plus de considération, davantage de justice dans le respect des lois, sans favoritisme quelconque. Les consultations sont en cours mais rien n'a filtré en ce qui concerne la liste des acteurs invités à se prononcer. Qui représenterait la société civile ? Pour que les discussions puissent avoir lieu dans la transparence la plus absolue et dans un esprit de clairvoyance, il eut été souhaitable de publier la liste de tous les intervenants. Il aurait été également souhaitable que soient établies les grandes lignes, en prenant en considération les revendications des Algériens, sur lesquelles auraient à plancher ceux qui sont appelés à se concerter sur l'avenir du pays et ce, en plus de leurs propres propositions, suggestions et avis. Dans un ordre général, les problèmes les plus urgents restent liés aux inégalités socio- économiques dont sont victimes les Algériens de la basse classe souffrant d'un pouvoir d'achat en décalage avec la réalité quotidienne.