Depuis l'annonce, ce samedi, part le syndicat des conducteurs de taxis de la hausse de 50 % sur les prix des places concernant deux directions à partir du centre ville, les taxis sont presque en rade. Les usagers de ce moyen de transport se disent dépassés par la situation, parce qu'il n'existe aucune autre alternative. Avant samedi le prix de la place du centre ville vers les autres quartiers était de seulement 10,00 DA par personne, à l'exception de la ligne desservant la cité des 600 logements (Université de Kharrouba), à partir de la station située face au marché couvert dont le prix de la place est passé de 15,00 à 20,00 DA. Auparavant, il était impossible de monter dans un taxi sans se faire bousculer. Dès qu'un taxi s'apprêtait à s'arrêter, et avant même que les passagers en descendent, il était pris d'assaut par les usagers qui attendaient. Ces derniers s'agrippaient aux poignets des portières pour être les premiers à monter. Il est évident, dans de telles situations, que ce sont les jeunes, les robustes et les sans gêne qui agissent de la sorte sans même se soucier des personnes âgées ou malades. Le conducteur assiste passivement, car l'essentiel pour lui est de repartir avec quatre places. Il lui importe peu de savoir qui est le premier ou le dernier. C'est le dernier de ses soucis. Les transporteurs publics desservant les mêmes lignes à l'aide de minibus n'ont pas réagi et continuent à ne percevoir que 10,00 DA par place (les bagages ne sont pas pris en charge, alors qu'avec les taxis, quand ils ne refusent pas, ils exigent un droit de place), quelle que soit la direction à partir de la station située sous le pont du 17 octobre. Ils ne sont pas perdants, en quelque sorte, parce qu'ils ont récupéré certains passagers habitués des taxis qui ne les prennent plus depuis samedi dernier, en raison de la hausse des prix. M. Ahmed, la cinquantaine, habitant la cité des 348 logements trouve inconcevable l'augmentation des prix. « Je prends le taxi deux fois par jour durant toute la semaine. Après avoir fait mes calculs, en prenant le bus, je gagne 60,00 DA /semaine ». Et d'ajouter : « les conditions de transports ne sont pas les mêmes, certes ; mais il faut faire avec ». Karim, un jeune étudiant, fréquentant l'université de Kharrouba, se dit « embarrassé » Selon lui, la solution est difficile à trouver parce qu'il est astreint parfois par des horaires de cours. « Quand je n'ai pas cours à 8 heures, surtout en hiver, je ne suis pas obligé de prendre le taxi. Je me plie aux contraintes tout en essayant de voir la solution qui m'arrange le mieux et arrange surtout mon porte monnaie. Mon père est retraité et je ne peux me permettre des dépenses exagérées. Dieu merci, c'est ma dernière année », conclue t-il. Une dame, la quarantaine environ, enseignante, se dit « déconcertée ». Elle ne semble pas surprise, apparemment. Selon elle, « les prix augmentent régulière dans notre pays. Aujourd'hui ce sont les taxieurs, demain ce sera, peut-être, les bus et c'est le sachet de lait ou la baguette de pain. Au point où nous en sommes ?... » Elle a interrompu la discussion sur ce point parce qu'elle devait prendre le taxi. A la station des bus, desservant les mêmes lignes, deux personnes, au-delà de la soixantaine, ne trouvant pas de réponse, à priori, finissent par nous confier que « quelque chose ne va pas » « Pourquoi des augmentations de toutes sortes à longueur d'année ? Le mois de Ramadhan arrive et qu'est-ce que ça va être ? »