Le lobby de la friperie sort ses griffes. Les députés se soumettent et les sénateurs s'inclinent. Les grands muets de la République viennent encore une fois démontrer, si besoin est, qu'ils n'ont jamais été à la hauteur des espérances du peuple algérien et qu'ils n'ont servi que des cercles occultes. Les grands muets de la République se réveillent enfin d'un long sommeil qui les a conduits pendant plus de quatre années aux quatre coins du monde sans pour autant se rappeler ce qu'ils ont eu comme rêves ou cauchemars. Ils se sont réveillés aussi brusquement que la seule image qui les a frappée est celle de la friperie dont l'autorisation d'importation venait à expiration. Et là, il s'agit bien entendu, de servir les intérêts suprême non pas de la nation mais d'un certain lobby de la friperie en Algérie, qui sévit encore, et frappe à chaque fois qu'on essayera de toucher à ses intérêts. Aujourd'hui, le député algérien s'habille chez les grands magasins connus pour leurs marques de costumes allant de Pierre Cardin à Yves Saint Lorent, c'est ce qu'on appelle aussi ‘'El-Griffa'', des chemises en soie sentant l'importation à des kilomètres, et le tout, couronné par des chaussures italiennes ou américaines. Le député algérien ne lésine pas en matière de look, même si parfois il frise le ridicule, il se permet même le luxe et pourquoi pas, de passer des week-ends à l'étranger. A 30 millions par mois, ajoutant à cela les dividendes des voix pour faire passer certaines lois et en plus de quelques petites affaires ici et là, notre député est aux anges, il ne demande rien, sauf peut-être un second mandat, et ce n'est pas trop demandé à son avis. Mais il faut de temps à autre penser au peuple, et notre député est là pour y veiller. Que demande le Peuple ? Du Pain, de la friperie et l'eau. Pour le pain et l'eau, l'Etat s'en charge, pour la friperie, le député est là, aucun souci. Tant qu'il est là, l'Algérien d'en bas n'aura aucun souci à se faire, les ballots de ‘'chiffons'' jetés par les occidentaux feront l'affaire, ils seront destinés au peuple, car celui-ci doit s'habiller et à la manière dont décide ce député au service d'un lobby qui gangrène et met à mal l'industrie du textile du pays. La proposition des sénateurs n'a pas été retenue. Le blocage de l'article 123 autorisant l'importation du chiffon, n'a pas trop duré puisque le bureau de Mr.Bensalah, pris de cours, a rejeté la proposition des sénateurs qui souhaitaient à ce que la loi de finance complémentaire soit votée article par article. L'importation de la friperie en devises sonnantes dénote d'un déclassement social de l'Algérien, réduit à se fringuer dans des échoppes nauséabondes, alors que le pays croule sous les pétrodollars. C'est le paradoxe d'une Algérie incompréhensible. Le premier ministre a pourtant affirmé qu'il n'était pas question d'importer de la friperie. C'est une perte sèche d'argent en devise d'une part, et mettrait notre industrie du textile en péril d'autre part. Et pourtant ce sont des députés du RND qui étaient à l'origine de cet article autorisant l'importation de la friperie… ! Le vote de cette proposition a fait couler beaucoup d'encre. Elle a été vivement dénoncée par la Fédération nationale du textile et cuir qui a tiré la sonnette d'alarme, d'autant plus que l'Etat vient d'injecter 2 milliards de dollars pour relancer le secteur du textile. Aujourd'hui, il est plus que prouvé que nos députés après leur long sommeil, ne se réveillent que pour se mettre en ordre de bataille en faveur de certains groupes de pression. Ils ont été élus par le peuple pour défendre les intérêts de groupes occultes qui sont loin de défendre les intérêts des citoyens. El-Griffa pour le député, la friperie pour le peuple. C'est ainsi et pas autrement.