Le Professeur retraité Si Ramdane, veut changer de sujet, aujourd'hui à la demande du collectif, il va nous parler de la Révolution. Si Ramdane détient quelques vérités, dont il a trouvé l'occasion de les véhiculer à travers sa Halqa quotidienne. « Vous savez, notre glorieuse Révolution, a commencée avec des gens simples, des pauvres, des démunis complètement, des illettrés qui n'avaient jamais obtenu une chance pour fréquenter l'école. Mais ils détenaient un vrai trésor c'est le patriotisme et le nationalisme. Et comme par hasard les nationalistes sont très avancés en culture, Ândhoum Thakafa kebira. C'est seulement en 1956, que la Révolution a reçu ses grandes lettres de noblesse : l'engagement de l'association des Ulémas, le ralliement des modérés, la création de l'UGTA et de l'UGCA. L'armée de libération nationale commençait à être encadrée par des gens instruits. Nous étions à cette époque des étudiants membres de l'Union générale des étudiants musulmans algériens. Alors Kaddour tu dois savoir cette histoire ? » L'étudiant réponds toujours par la même réplique : « Ma âla balich Cheikh, hadi ma Qrinahach ! » Le vieux postier intervient : « C'était la section d'Alger qui décida seule d'une grève illimitée » Le professeur enchaine : « Le bureau de l'UGEMA autant que le FLN ne feront qu'accompagner puis récupérer le mouvement parti sur un prétexte, ne visant que les universitaires en principe, mais aboutissant à l'expression d'un véritable engagement en faveur de la Révolution. Il ne faut jamais oublier ce que signifiait le sacrifice d'une carrière pour les étudiants algériens et les lycéens algériens à l'époque d'un colonialisme criminel. Beaucoup d'entre nous ne reprendrons que difficilement leurs études après l'indépendance, et la grève illimitée avait été décidée à un mois des examens. Tu peux nous donner des chiffres ya Kaddour ? » -« Ma âla balich Cheik, hadi ma Qrinahach ! ». Tout de suite le vieux postier répond : « Ah ya Z'mane, Si Ramdane nous a retourné à la belle époque des vrais Thouars. Pour les chiffres, si ma mémoire est bonne, ceux-ci sont étonnants lorsqu'on les mesure à partir des cinq décennies de l'indépendance algérienne : sur les 5.700 étudiants de l'unique université de l'époque ; 684 seulement étaient algériens dont 67 femmes. Et sur les 7 132 lycéens algériens, un millier rejoindront le maquis dès les lendemains du mouvement ». Le professeur Si Ramdane, précisera : » C'est de cette grève que l'on peut dater le début d'une véritable politique d'encadrement du FLN. Pour l'histoire, il faut aussi rappeler que la France n'a formé d'Algériens (indigènes) de 1860 à 1915 que 02 médecins, 01 pharmacien, et 02 sages-femmes. Il y a aussi la fameuse grève du 19 mai 1956 : le départ des étudiants et lycéens algériens vers le maquis donnait un avantage immense au FLN. L'armée française y répondra, un an et demi après, par une grosse opération d'intoxication qui laissera des séquelles jusqu'à aujourd'hui, dans les rapports de l'intellectuel algérien avec les détenteurs du pouvoir ou de la légitimité. A suivre