L'immolation par le feu, les tentatives de suicides dans toutes leurs formes, la harga sont autant de moyens qui expriment sans équivoque des signes d horizons brouillés. Ces actions choquantes et révoltantes que blâme généralement la société et qu'incrimine la religion sont devenues de nos jours des actes banalisés auxquels ont recours les jeunes et moins jeunes pour exprimer l'ultime stade du désespoir. Comment peut-on en arriver là? Les causes sont diverses. Ces personnes qui font sacrifice de leur propre personne se tuent ou tentent de le faire, par manque d'espoir et de perspectives. A cause de la hogra, de l'injustice et de la désinvolture avec laquelle leurs innombrables problèmes sont traités. Parce qu'ils sont au chômage, parce qu'on leur refuse un logement ou un dossier de porteur de projet au niveau de l'une des structures d'appui à l'issue d'une longue attente, parce qu'ils ont faim avec leurs parents ou leurs progénitures ou parce qu'ils ont été humiliés dans les couloirs d'une administration ou carrément dans la rue. Les femmes quant à elles, sacrifient leurs vies pour mettre fin aux mauvais traitements que leur font subir leurs maris ou leurs belles familles. Pour ne citer que des exemples à Mostaganem concernant la seule année 2011, nous nous remémorons les tentatives de suicide de deux étudiants à l'université de la Salamandre, qui voulaient se jeter du haut d'un étage, un 25 avril pour contester une décision de l'administration qu'ils ont jugé abusive. Le 9 juillet, le premier jour du jeûne, un jeune homme âgé de 28 ans s'est immolé par le feu à l'intérieur du domicile familial, sa mère qui tentait de le secourir a été elle aussi atteinte par les flammes. Les deux personnes succombent à leurs brûlures mettant en émoi toute la localité de Bouguirat. La raison, cette fois –ci est familiale. Le 10 octobre, le drame se déplace à Ain Nouissy où une jeune femme, âgée de 26 ans se donne la mort en utilisant l'arme de son mari qui était policier. La dernière semaine de l'année 2011, a été marquée par la tentative de suicide par immolation d'un jeune au sein même de la cité administrative devant le siège de l'ANSEJ où le jeune s'était aspergé d'essence et était sur le point de commettre l'irréparable si ce n'est l'intervention de certains fonctionnaires . Ce jeune homme était fatigué par les tergiversations de l'ANSEJ qui aurait continuellement remis à plus tard, le traitement de son dossier. A Ouargla, pour ne citer que ce cas hors wilaya,Abdellah Kebaïli, 25 ans, jeune avocat au chômage qui s'est immolé le 14 novembre dernier au sein même de la Direction de l'emploi et a succombé à ses blessures au Centre des brûlés de l'avenue pasteur (Alger Centre). Diplômé de droit, l'avocat n'a pas réussi à trouver un emploi en dépit de ses multiples démarches auprès de l'administration. Cette recrudescence de l'immolation par le feu est liée essentiellement à l'acte commis par Mohamed Bouazizi qui était vendeur de fruits et légumes ambulant, en Tunisie. Fils d'ouvrier agricole, son activité de vendeur constituait le seul revenu régulier de sa famille. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser. Le 17 décembre 2010, à l'âge de 26 ans, il s'asperge d'essence et s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Le 4 janvier 2011, il meurt au centre de traumatologie et des grands brûlés. Il devient une référence, le « martyr de l'injustice » et beaucoup de jeunes arabes imitent son geste. Comble du paradoxe ; Ils s'immolent par le feu pour réclamer plus de dignité. Une autre manière de se suicider s'est multipliée par ces temps de grand désespoir : la Harga Les harragas, ces candidats à l'émigration clandestine, qui brûlent les frontières et empruntent entassés, des embarcations de fortune. Ces gens qui bradent leur vie contre une chimère quoique sachant que la mort les guette dans les flots de la méditerranée. Cette tragédie se déroulait et se répétait dans l'indifférence la plus totale des pouvoirs publics. Il aura fallu les protestations de l'Europe que ces harragas soient désormais jugés et emprisonnés lorsque les garde-côtes les abordent. Ces mesures ont fait réagir négativement les Harragas. Et pour cause vingt harragas algériens interceptés par les garde-côtes, ont aspergé leurs embarcations d'essence et y ont mis le feu. Tentative d'immolation collective par le feu, alors que le corps de cinq Harraga tous originaires de Hadjadj (wilaya de Mostaganem) morts noyés sur les côtes espagnoles seront rapatriés cette semaine. Cette fin tragique n'a pas dissuadé les candidats à ces voyages de la mort puisque depuis le mois d'octobre, date de ces faits, on a enregistré beaucoup de tentatives de ce genre souvent avortées car interceptées par les garde-côtes. Le recours aux brûlures fatales ou à prendre le large pour un sort incertain est une nouveauté déstabilisante qui s'inscrit dans le sillage de ce qu'on appelle « le printemps arabe » pour désigner des fratricides au quotidien. Là encore tandis que le sang coule à flot et que l'on sacrifie des vies humaines, on parle de liberté. C'est le signe d'une grave dégradation psychique sur laquelle il faudra bien se pencher un jour. Soutient un psychanalyste en soulignant que c'est bien la preuve que nos sociétés ont atteint le stade ultime de la désespérance. C'est « un acte de protestation publique», explique la psychiatre franco-tunisienne Saida Douki. «C'est la façon la plus voyante de protester quand on ne peut ni parler ni être entendu. C'est le cri des opprimés de toutes natures», estime t-elle. Et ce dernier geste ne peut être ni caché, ni oublié. Pour la psychiatre, parler de troubles mentaux est l'ultime tentative des autorités de cacher la réalité. «Ces actes sont très porteurs de sens. C'est trop facile de dire que ce sont des fous. C'est une manière de cacher le message, de le discréditer, pour faire taire ce cri.» Pourtant, en nous référant au cas-Bouzidi- l'immolé devient un héros national pour avoir fait le sacrifice ultime qui a permis à la société de se réveiller.Cependant, dans cette logique l'on oublie que le suicide est un acte interdit en Islam QUE DIT L'ISLAM A PROPOS DU SUICIDE ? Les enseignements islamiques nous indiquent que celui qui se suicide encoure la colère d'Allah dans la mesure où après la mort, il subira une punition éternelle : la personne ayant commis le suicide recommencera sans cesse l'acte avec les mêmes moyens utilisés pour se tuer. A ce propos, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Quiconque se précipite du haut d'une montagne et se tue sera jeté dans la géhenne où il ne cessera de dégringoler éternellement. Quiconque se tue à l'aide d'un poison gardera ce poison éternellement en enfer. Quiconque se tue à l'aide d'une lame, celle-ci restera dans sa main et plongée dans son ventre en enfer où il restera éternellement. » (Rapporté par Boukhari, 5778) Si le Paradis est interdit à celui qui se suicide à cause d'une douleur insupportable, quel sera le châtiment de celui qui se tue à cause d'une affaire plus ou moins perdue, à cause de son échec à un examen, ou à cause d'une fille qui a refusé de l'épouser ? L ‘islam nous interdit de nous tuer par nous-mêmes. quiconque commet cela, par excès et par iniquité. Quelles que soient les pressions psychologiques, quelle que soit la gravité des soucis dans lesquelles le musulman est confronté, il ne peut pas se résoudre à se tuer puisqu'il sait que cet acte le conduira en Enfer et au châtiment douloureux. Le refus de se nourrir jusqu'à la mort est une forme de suicide et d'homicide volontaire. Comment un musulman qui croit en Allah et au Jour du jugement dernier peut-il chercher à échapper aux douleurs d'Ici-bas en se plongeant dans un châtiment plus sévère et plus durable, celui de l'Au-delà. L'Islam exige du Musulman d'être fort et plein de volonté devant les dures épreuves. Il ne lui permet en aucun cas de fuir la vie et de rejeter ses responsabilités à cause d'une épreuve qui le touche ou d'un espoir déçu. Le croyant a été créé pour la lutte et non pour rester oisif, pour le combat et non pour la fuite. Personne ne traverse cette vie sans éprouver un quelconque type de problème. Pour ce qui concerne ceci, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Tout ce que subit le Musulman est une expiation en sa faveur, même l'égratignure et la piqure d'une épine. » Allah nous dit qu'après chaque difficulté vient la facilité, ainsi aucune situation ne demeure permanente.