Le déclenchement de la révolution était imminent et c'est ainsi que fut décidée la création du Front de Libération Nationale et de son aile militaire représentée par l'Armée de Libération Nationale. La première mission du Front consistera à entrer en contact avec l'ensemble des courants politiques composant le mouvement national afin de les inciter à rejoindre les rangs de la Révolution et à mobiliser les masses pour la bataille décisive contre l'occupant français et arrêté la date du 1er novembre 1954 pour le déclenchement de l'action armée. Aussi fallait-il définir la carte des zones, désigner leur direction de façon définitive et mettre les dernières touches à la carte du plan d'attaque de la nuit du 1er novembre. Pour ce qui est de l'Oranie, l'on s'affairait activement pour être au rendez vous de ce jour historique d'où les réunions qui se succédaient à travers tout l'Ouest de par la coordination intensive entre les régions. La fabrication et la préparation des bombes Pour ce qui est de Zabana celui-ci était occupé à la préparation des bombes et les instructions était de doter chaque Zone de deux bombes chacune. Selon le livre de Boualem Nedjadi, Zabana instruira Zoubir et Keffif, de récupérer pendant la nuit l'ensemble du matériel cacher dans un endroit qu'il leur avait indiqué et qui devait servir au montage des bombes. Le matériel sera transfèré au domicile du militant, Ben Ali Benzina qui habitait au douar Messâada, prés de Hassi El Ghala ; ce dernier faisait partie du groupe de M'hamed Fartas. Kouini Menacer cadre du parti à Ain Témouchent et son groupe prêtèrent assistance à Zabana dans son travail de préparation des bombes ainsi que Mohamed Negaoui qu'on retrouvera dans le groupe d'Ali Cherif Cheriet lors de l'attaque de la caserne d'Elckmül. La fabrication des bombes se fera dans la ferme d'Ahmed Belkheir à Messâad, en attendant les membres du groupe de Zabana devaitent récupérer des galets usés que les services techniques entreposaient au parc de la ferraille de l'usine. A l'approche de la date décisive, Zabana se faisait discret et ne donnait que très rarement signe de vie, il venait discrètement à Saint Lucien chez son ami Stambouli prendre une douche, se restaurer et faire sa prière puis repartait. Une dernière réunion aura lieu le 30 octobre 1954, au domicile du militant Fizi Saleh à Médiouni, à Oran ; elle regroupera tout l'état major de la Zone 5 que Larbi Ben M'Hidi avait désigné, nommé, et investit de tous les pouvoirs. Ce sera la dernière réunion du commandement de la Zone 5 avant le déclenchement. De nombreuses décisions seront prises, des missions attribuées concernant la proclamation du 1er novembre aux divers chefs de secteurs : Secteur 1 : Larbi Ben M'Hidi et Abdelhafid Boussouf (OS) (Tlemcen, Sabra, Maghnia), Secteur 2 : Ouaddah Benaouda (OS) et Kadda Berrahou (Ain Témouchent) Secteur 3 : Hadj Benalla (OS) secondé par Athmane Bouhjar (El Amira). Secteur 4 : Ramdane Ben Abdelmalek (OS) (le Dahra Mostaganem). Secteur 5 : Ahmed Zabana (Sidi Bel Abbès, Mascara, Sud – Oranais). Zabana et le 1er Novembre 1954 ? Lorsque l'on, se remémore ces hommes, qui ont été les artisans de cette épopée révolutionnaire, l'on est confronté à une certaine réalité de la vie de ces nationaliste convaincus, jeunes et biens préparés à ce jour pour entrer dans l'histoire de l'Algérie. Selon l'écrivain, Ils étaient des baroudeurs qui ne craignaient pas la mort, car ils avaient fait leur baptême du feu, durant la Seconde Guerre mondiale, dans les champs de batailles européens. Ils avaient côtoyé des Américains, des Anglais et de nombreux soldats des forces alliées en participant à la libération de cette France qui avait spolié et colonisé le pays et qui avait promis monts et merveilles aux algériens, mais après sa victoire sur l'Allemagne Nazi celle-ci s'est retournée contre ceux qui on combattu un certain 8 mai 1945, massacrant plus 45 000 civils. Aussi, faut-il rappeler ici que 230 000 Algériens avaient été mobilisés et que des dizaines de milliers ne sont jamais revenus au pays, et sont morts pour libérer la France. Certains avaient fait de la prison pour appartenance au mouvement nationaliste. Ils étaient aussi de l'aile radicale du mouvement national. Pour rappel, lors de la dissolution du PPA en 1939, beaucoup d'entre eux ont continué le combat dans la clandestinité. Mais les règles rigoureuses en matière de clandestin seront mieux appliquées après la découverte de l'organigramme de l'OS pour la bonne raison que tous ces militants avaient suivi rigoureusement et avec assiduité les cours enseignés lors de leur incorporation dans l'organisation. Ce qui fait qu'ils changeaient souvent de caches et d'arbis et prenaient de grandes précautions pour effacer toute trace de leur présence. Ils changeaient souvent de noms et prénoms. La méthode employée par Mohamed Nedjadi dit Si Bekkai s'est révélée efficace et qui a servi plus tard de modèle lors de la mise en place des commandos ALN et FIDA. Selon les témoignages recueillis par l'écrivain : Ces premiers hommes qui formaient les groupes de commandos n'étaient point des enfants de chœur ; ils étaient aguerris pour la lutte clandestine ; ils étaient les premiers héros de la guerre d'indépendance. Pour eux, 1954 était le début de la fin du cauchemar qu'a vécu l'Algérie durant plus d'un siècle. A partir de cette date, ils ne se faisaient plus d'illusions quant à la lutte sur le plan politique ; ils étaient convaincus profondément que seule la lutte armée pouvait aboutir à la libération du pays. Qui n'a pas connu la torture a connu la prison. Qui n'a pas séjourné dans les geôles a brandi le drapeau ce jour là. Qui n'a pas porté une banderole a entonné l'hymne national. Hadj Benalla a témoigné qu'Amirouche a été vu le 1er mai brandissant avec ses camarades à Relizane le drapeau en chantant Min Djibalina. Nombreux sont ceux qui ont déjà fait de la prison durant les évènements de mai 1945 à l'exemple de Houari Souiah et Hammou Boutlilis ou lors du démantèlement de l'OS comme Hadj Benalla, Zabana, Hammou Boutlilis, Nasser Kouini… Ces éléments ont trouvé dans l'OS, un moyen de se former politiquement, d'apprendre le maniement des armes, et la technique de la guérilla. L'expérience des anciens d'Indochine et de la 2 ème guerre mondiale seront un atout durant la guerre de libération nationale Ils ont mis en pratique leur expérience de baroudeur et de grands combattants de la Seconde Guerre mondiale a l'instar de Ben Bella, Ben Boulaid, Boudiaf, Larbi Tayeb et d'autres encore dont un ouvrage complet ne pourrait suffire à décrire leur bravoure dans les champs de bataille européens… Les anciens d'Indochine occuperont aussi une place importante durant la guerre de libératrion nationale ; ils donneront beaucoup de fil à retordre aux troupes coloniales. Quant aux tactiques de la guérilla utilisées durant la guerre de libération nationale, les français s'apercevront rapidement que se sont ces anciens de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d'Indochine qui seront le fer de lance de l'ALN. La France ne leur pardonnera jamais. Ces moudjahidine sont passés maître dans l'art de la guérilla. C'étaient les premiers héros de la guerre d'indépendance. Ils n'étaient pas tous fichés auprès des Renseignements généraux français ou bien si ils l'étaient les fichés, manquaient de renseignements et n'étaient pas remplis correctement, ces hommes étaient devenus habiles après des années de formation par l'activité clandestine. Larbi Ben M'Hidi est resté plusieurs années à Oran sans que les RG puissent le retrouver.