Mostaganem, ville de culture et d'arts, est la capitale nationale de l'art de la sculpture, à la faveur de la 1ère rencontre artistique en la matière. Une circonstance qui a pris effet hier pour durer le temps de deux jours riches et diversifiés en manifestations auxquelles prennent part parmi les plus talentueux. L'école régionale des beaux arts de Mostaganem s'est en effet dotée de ses beaux atouts pour abriter un évènement artistique grandiose. L'occasion qui a drainé une cinquantaine de sculpteurs venus prendre part pour l'exposition de différentes œuvres dont les sujets se caractérisent par une diversité tant en matière thématique que celle de fond par rapport à la matière. Et puisqu'il s'agit d'art, l'école a vu également la participation d'autres artistes de renom connus dans d'autres disciplines artistiques. L'évènement auquel le directeur de l'école et non moindre artiste El-Hachemi, a donné un sens « pour sensibiliser enseignants et élèves sur la portée de cet art pour une meilleure inspiration et la réalisation de travaux diversifiés », demeure sur une autre paire de manches, le prélude d'une nouvelle décision qui verra dispense au sein de l'école des beaux arts à partir de la rentrée prochaine d'après l'artiste. Pour sa part, Abdelhamid Laroussi, de l'Union nationale des artistes algériens, n'a pas manqué de porter de son piment pour immortaliser cette circonstance en réservant une fresque à laquelle prendra part l'ensemble de participants parmi les artistes pour une réalisation commune et dont le thème n'est pas pour autant spécifié. Laroussi qui parle de la sculpture chez-nous, ne va pas pour autant du dos de la cuillère pour livrer sans ambages ses sentiments intimes : « la sculpture en Algérie a un passé très lointain plusieurs fois millénaire et faire référence à ce passé nous amène vers les périodes reculées de l'histoire. Je me réfère à l'occasion, à Mr Slimane Hachi, auteur de « aux origines des arts premiers en Afrique du Nord », qui fait état de la présence de figurines et objets modelés en terre cuite dans les abris sous roche d'Aflou à Bejaia. Une de ces figurines a été exposé dernièrement, elle est large de quelques centimètres, et date de quinze mille ans. Au fil de l'histoire et à chaque époque des franges du passé nous sont restituées par des sculptures ou des restes de mosaïques ou de constructions révélateurs du génie créateur des habitants de diverses contrées du Nord d'Afrique… » La sculpture et les dogmes… algériens La sculpture, c'est aussi une autre vue par l'artiste plasticien Mohamed Massen : « il ne faut pas être un clerc pour affirmer que la sculpture est le parent pauvre du paysage visuel dans notre pays. Très pauvre, en effet, puisqu'il n'y a pratiquement presque jamais eu de manifestation culturelle spécifique à ce moyen d'expression ». Franco, Massen, argumente sans façons cet état de fait qu'il impute à un caractérisé manque de culture chez-nous. « les raisons à cela sont multiples, elles trouvent leurs racines dans le manque de culture de l'objet tridimensionnel à vocation autre qu'utilitaire. Nos pérégrinations de galerie en galerie, de musée en musée, de vernissage en vernissage ne nous ont donné que de très rares occasions de voir des sculptures d'auteurs algériens. Le même désintérêt se retrouve dans le domaine de la statuaire publique, qui offre à notre regard des œuvres stéréotypées, faites souvent en matière banale (béton, ciment et autres) à l'effigie de héros de notre histoire notamment ceux de notre lutte de libération. Les interdits dogmatiques à caractère religieux sont une autre raison qui justifie la frilosité de nos artistes à s'investir dans ce domaine. Ce qui fait qu'on assiste à une exclusion quasi rédhibitoire de ce médium de l'habitus de notre société …» Mais tant mieux, Massen, n'est pas tout de même un pessimiste sur toute la ligne. A la faveur de certain frémissement que connait la sculpture, notre ami parle aussi d' »une petite émergence. Il ne s'emballe pas toutefois. « Nous privilégions la prudence : wait and see ». Et pour revenir à l'évènement, à signaler au demeurant, qu'aujourd'hui, l'école des beaux arts continuera à abriter d'autres manifestations et débats liés au sujet artistique. B. Abderrahmane