La mémoire et les noms, comme celui de Bencheikh Abdelkader, ne sont peut être qu'un lointain souvenir qui n'a peut être plus sa raison d'être, si l'on juge par les réactions de certains, mais tient éveillé les consciences de ceux qui y sont fidèles et qui partagent les mêmes valeurs pour éviter l'oubli. Le nom de Bencheikh Abdelkader, devrait être inscrit à titre posthume et honoré de par son courage et sa bravoure reconnus par tous, et ce au nom de l'idéal, de la liberté et d'un peuple qui jadis ne faisait qu'un, mais ce héros comme tant d'autres a sombré dans les méandres de l'oubli. Aussi si l'on juge par les comportements de nos jours, il semble que nous avons oublié, que la mémoire collective d'un peuple se définit par le lien et par le serment qui ont uni des hommes de diverses obédiences et classes dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Cette mémoire, nous lie à eux que l'on veuille ou non, aussi est-il du devoir de chaque citoyen algérien digne de ce nom de les évoquer en toute occasion, afin de ne pas les oublier, car se les remémorer nous permet de nous rappeler de leur nom, à jamais. Ici à Mostaganem ceux qui connaissent Bencheikh Abdelkader se sont toujours rappeler à ses souvenirs, car il a marqué la ville de Mostaganem et les témoignages recueillis des quelques survivants sont importants, car ils offrent un champ immense à l'investigation pour les historiens, mais aussi aux écrivains, journalistes, qui ont cette obligation morale pour partir à la quête de cette mémoire particulière et si précieuse et ce pour les générations présentes et à venir qui ignorent jusqu'à son nom. La mémoire, a toujours été nécessaire dans la vie des peuples, du fait qu'elle constitue un facteur de communion avec tous les hommes qui nous ont quittés dont Bencheikh Abdelkader. Aussi ne faut-il rien négliger, pour construire l'historique, qui est l'élément essentiel dans la vie d'un peuple et d'une nation, par la transmission générationnelle, qui doit être relayée par l'engagement pris envers eux afin de les immortaliser. Bencheikh Abdelkader, dit Kadi Bezaouch Bencheikh Abdelkader, dit Kadi Bezaouch est né le 04 juillet 1927 à Mostaganem, issu d'une famille modeste et honorable, il est le fils de Bencheikh Belkacem. Le Chahid Kadi Bencheikh a passé sa jeunesse et vécu à Tigditt ou il a fréquenté l'école primaire Jean maire, devenu à l'indépendance Mehdi Benkhedda, ou il apprit la langue française. Respectueux des traditions et des coutumes, il suivra parallèlement les cours en langue arabe considéré à cette époque comme langue secondaire. Son père était jardinier de profession spécialisé dans la culture des fleurs, aussi l'on rapporte que dés sa prime jeunesse kadi a aidé son père au jardinage, comme tous les jeunes par tradition dans notre milieu, adolescent il a travaillé dans la manufacture de cigarettes Gustave Jobert devenu à l'indépendance SNTA. Dés son jeune âge, Kadi Adhère au Scouts El Fallah et ce dés les premières années de sa création, l'on rapporte qu'il aimait le scoutisme et avait cette volonté tenace de servir sa communauté et son pays. Après un long parcours au sein des scouts El Fallah, il accèdera à la branche Djoual (routiers), il avait pour compagnons: Benkhlouf Hmida dit Moulay Chérif, Kridech Abdelkader, Benmalti Laredj, Bouhella Touati, Benahmed Laredj, Bendani Abdllah, Bennoua Abdllah, Benbrahim Mohamed dit Migzou ainsi que plusieurs autres. Pendant toute la durée de son parcours dans le scoutisme il se distinguera lors de plusieurs sorties, dont celle de deux (2) jours aux environs de Sig avec quelques routiers et qui s'est effectué à pieds prouvant ainsi à ses maitres son endurance. Après un long parcours en activités scoutes, il devient chef de meute, et pour les jeunes de son époque il était leur chef et leur point de repère, rapporte-t-on. Kadi Bencheikh était un scout très actif, à cette époque et le mouvement scout attirait beaucoup de jeunes, et comme chacun le sait ici Mostaganem le mouvement des Scouts El Fallah était renommé du fait de son activité nationaliste devenant ainsi le centre de rémanence du nationalisme de l'Ouest. El Fallah était une école du civisme et du patriotisme et la majorité des routiers adhéraient au PPA (le parti du peuple algérien) qui avait rassemblé en son sein à Mostaganem une très grande majorité de citoyens. Un homme courageux et dévoué à la cause Son adhésion au PPA, était pour les militants nationalistes d'un apport considérable pour le mouvement, qui avait besoin de renforcer ses rangs. Selon les rares témoins Kadi était un militant très intelligent, actif et courageux et ses camarades disaient de lui qu'il était très dévoué à la cause. En mai 1945, suite à la grande manifestation dans la ville de Mostaganem, il fut arrêté par la police coloniale avec une grande majorité de militants dont : Slimane Berbère, Benkhlouf Mohamed dit Hmida, Mostefa, Benmalti Laredj, Benbrahim dit Migzou, Hadj Mohamed Benzahaf et plusieurs autres. Après plusieurs mois de détention, il sera libéré avec ses compagnons de la prison militaire d'Oran suite à un jugement devant le tribunal de cette ville dont plusieurs furent amnistiés. En tant que militant sincère et dévoué à son parti, il continua ses activités politiques avec plusieurs de ses camarades scouts, par sa loyauté il fut même affecté à une cellule rattachée à l'organisation secrète, leurs réunions s'effectuaient entre militants à des endroits différents malgré les arrestations et la surveillance policière, il n'en continua pas moins à activer dans la clandestinité dans le parti, mais finira par être découvert. Pour ne pas être arrêté, et sachant qu'il ne pouvait plus activer en ville, il prendra le maquis en1956 dans les montagnes du Dahra, qui était la 2eme région de la zone 4° de la wilaya 5. Dans le maquis, il rencontra plusieurs de ses anciens amis de jeunesse et autres ou il sera accueilli avec cérémonial, à-t-on rapporté du fait qu'il était déjà connu pour son dévouement et son militantisme. Il assumera des responsabilités au sein de l'ALN avant d'être arrêté encore une fois par l'armée coloniale en 1959 aux environs des montagnes de Fergoug dans la wilaya de Mascara, et sera emprisonné à Sig, ou d'ailleurs le rejoindra son épouse Khrofa arrêtée quant à elle par l'administration coloniale, cette grande Moudjahida et ex épouse de ce héros que nous avons eu l'occasion de l'interviewé est toujours en vie. Les deux frères Bensabeur et Allal de Kadi Bencheikh donneront aussi leur vie pour l'indépendance de l'Algérie Après quelques mois de détention, il s'évadera pour rejoindre une deuxième fois ses frères de combat dans la 2ème région dans le Dahra et fera son devoir luttant pour la liberté et pour l'indépendance de son pays. Il tombera au champ d'honneur en cette même année de 1959 avec bon nombres de ses frères de combat, Il ne sera d'ailleurs pas le seul de la famille Bencheikh, à se sacrifier, car ses deux frères Bensabeur et Allal aussi donneront leur vie pour l'indépendance de l'Algérie, ainsi sera sa destinée et celle de ses deux frères, dont certains ignorent même leur existence. Aujourd'hui, l'on est enclin à se demander, qu'elles sont les voies et moyens pour perpétuer la mémoire de ces hommes? Qui doit décider de ce qu'il faut commémorer, de ce qu'il faudrait oublier et quels sont les hommes à glorifier alors que tous ceux qui sont mort pour l'Algérie sont tous égaux dans le combat? Où commence et où s'arrête le devoir de mémoire ? Lorsque l'on parle de devoir de mémoire, l'on a ce sentiment de malaise qui tient entre mémoire et histoire, alors que le sacrifice de tous ces hommes était au nom d'un idéal. Evoqué Bencheikh et tous les hommes et femmes, à l'occasion de ce cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie devrait revêtir un caractère solennelle, pour se rappeler à ces oubliés et à tous les exclus de l'histoire, d'où qu'ils soient ou d'où qu'ils viennent, car tous ces héros avaient pour objectif l'indépendance de l'Algérie, aussi honorons les comme il se doit et soyons digne d'eux. « Source SMA »