Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan ! La ponctualité, Ce n'est pas ma vertu première ! Hier matin, je ne vous dirais pas où j'étais précisément car du kif-kif au même, toutes les sphères bureaucratiques du bled se valent. A 8h20, je me suis douté de l'heure affichée sur mon portable. Il n'y avait personne hormis le gardien. Ah ! La belle époque ! Quand le passage de l'autocar et l'ouverture ou la fermeture de la poste et de la mairie étaient des repères horaires absolument précis et indéfectibles ! Les nouvelles mœurs veulent que ce soit une femme de ménage qui vous reçoit avec serpillère et frottoir. Salem ! Vous saluez. Vous demandez l'excuse pour le dérangement. Vous priez Dieu pour qu'il aide cette pauvre employée, et vous enjambez son seau d'eau pour accéder à l'espace accueil vide. Les derniers fonctionnaires ‘'naturellement'' loyaux et soucieux du respect de l'heure sont partis à la retraite ou à jamais. A commencer par Papa Moudir ou son subalterne chef de quelque chose, auxquels personne n'a le droit de demander à quelle heure ils rentrent, la disponibilité du personnel administratif à 8h précises ou à 16h30 tapantes est depuis fort longtemps, une obligation d'exception. Des exceptions à l'instar d'une visite annoncée d'un haut chef, de la taille d'un vizir. Coïncidant généralement avec les parachutages de nouveaux chefs voulant montrer le henné de leurs mains ou prouver leur pouvoir, des feuilles d'émargement apparaissent de temps à autre, ici et là, dans certaines entités bureaucratiques. Aucune administration ne peut se targuer d'être le modèle, si ce n'est celui du pire, en matière de ponctualité. Durant l'été, les vacances et la vacance riment parfaitement, alors que le ramadhan, surtout estival, parachève le comble. Avec amertume ou pas, le dindon de la farce n'a pas d'autres choix que celui de s'assujettir aux nouvelles mœurs désormais ‘'normales et ordinaires'' de son administration. Nous n'avons jamais été des japonais. Aussi, tout se passe comme si le temps nous appartiendrait. Rien d'étonnant, donc, de voir des passeports et des cartes grises livrés au bout d'une année, ou une ANSEJ étudier un dossier pendant une éternité. Au pays où tout le monde prend son temps, la ponctualité n'est pas encore une vertu première ! Malheureusement !