Le début du Ramadhan, c'est vendredi ou samedi, jeudi correspondant à la nuit du doute. Durant cette dernière semaine précédant l'arrivée de ce mois à la saveur toute particulière, les ménages n'ont pas manqué de s'activer pour se préparer à l'accueillir. Mais disons-le tout de suite, quand on évoque le mois de carême, la majorité des gens pensent avant tout à la nourriture. Il n'y a qu'à voir l'engouement affiché par de nombreux ménages à l'égard de tout ce qui se rapporte à la cuisine pour s'en faire une idée précise. Les commerçants d'ustensiles de cuisine sont ciblés par les ménagères dont les bourses sont assez pourvues et qui ont pris l'habitude, à l'approche du mois de Ramadhan, de renouveler quelques articles sollicités en ce mois, à l'exemple de l'incontournable couscoussier servant à la préparation du repas de l'aube « Shor » qui, pour de très nombreuses familles, est un plat de couscous sucré « mesfouf » à la cannelle pouvant être agrémenté, selon les moyens financiers dont disposent les familles, de raisins secs, dattes, tranches d'œufs durs et d'autres éléments innovants. Et comme dans la région on imagine mal le repas de rupture du jeûne sans la fameuse « Hrira », les mères de familles sont également tentées par l'achat de bols dans lesquels elles peuvent servir leur soupe traditionnelle qu'elles espèrent délicieuse. Pour réussir justement leur « hrira » et les autres mets qu'elles seront amenées à préparer au cours de ce mois, les ménagères ont besoin d'épices. C'est la raison pour laquelle ces dernières prennent d'assaut les boutiques de vente d'épices et d'aromates et « font main basse » sur tout ce qui s'y trouve : cannelle, cumin, poivre noir et poivre rouge, safran, graines de coriandre... ou encore ce mélange d'épices appelé communément « Ras el hanout » ainsi que le frik (blé vert concassé) prisé par beaucoup d'amateurs de « chorbas ». Après ces emplettes, il reste à s'approvisionner en viandes, fruits et légumes et il ne faut surtout pas attendre la veille pour le faire car le risque est grand de ne trouver que des miettes. En effet, tout ce qui peut être mangé se volatilise même si, par ailleurs, tout le monde dénonce la cherté de la vie et prétend éprouver les pires difficultés pour joindre les deux bouts. Les viandes rouges sont intouchables pour de nombreuses familles vu les prix affichés, certaines font, quand même, des efforts, quitte à s'endetter, pour s'offrir ne serait-ce qu'une petite quantité pour entamer le mois. D'autres plus nombreuses préfèrent faire l'impasse sur la viande d'agneau et de celle du veau pour se rabattre sur le poulet de chair qui, pour leur malheur, atteint 370-380 Da le kilogramme. Certains ménages doivent faire « des acrobaties » pour s'en offrir un peu. Les légumes sollicités en ce mois restent chers à l'exemple de la pomme de terre vendue entre 40 et 45 Da/kg), la carotte jusqu'à 80 Da/kg dans les magasins, la courgette et la betterave à 60Da/kg, le poivron et le haricot vert à 100 Da/kg, la laitue à 80-90 Da/kg ou encore l'ail à 200 Da/kg. Le pois chiche, incontournable, est quant à lui cédé à 340 Da/kg, ce qui n'est pas pour faire plaisir aux ménagères. Pour ce qui est des fruits, la datte, fruit par excellence de ce mois est très chère, il faut la payer à plus de 300 Da/kg pour espérer avoir des dattes mangeables. Même les fruits de saison comme le melon et la pastèque restent assez chers quand on recherche la bonne qualité. Les frais inhérents à la préparation du mois de Ramadhan peuvent être élevés si on n'y fait pas attention et risquent de grever sérieusement les budgets familiaux. Si le Ramadhan est bien préparé sur le plan gastronomique, qu'en est-il du comportement des gens, des commerçants, entre autres, à l'approche de ce mois sacré. Il faut avouer que les habitudes ne changent pas tellement, du moins quelques jours avant le début de la période d'abstinence. Nombre de commerçants, les plus véreux d'entre eux, profiteraient même de la période pour « s'enrichir » en déplumant les pauvres consommateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. Pourtant, ce mois devrait être celui de la dévotion (la vraie, pas celle des tartuffes), de la tolérance, de la générosité et de la solidarité. Il ne suffit pas, en effet, de s'abstenir de manger pour dire qu'on respecte le mois de Ramadhan. Tout le monde en est conscient, mais nombreux sont ceux qui ne font pas l'effort nécessaire pour adapter leur comportement aux principes attendus de ce mois qui leur donne l'occasion de rectifier le tir. Bon Ramadhan aux lecteurs de notre journal, à tous les Algériens et à tous les musulmans où qu'ils se trouvent.