Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Sans surprise ! L'Office qui nous compte tous les 10 ans vient de découvrir à quel point l'économie du bled était fausse. Que le secteur étatique n'est qu'une coquille vide, avec autour, une vorace faune privée occupée à s'auto-enrichir sans créer de richesse. Au lieu d'investir, elle s'investit dans le bazar de l'épicerie et de la gargote. La branche de l'Import-Import a échappé à la découverte car, SDF ou virtuelle, elle reste difficilement repérable sur le terrain des statistiques. Au lieu de bâtir une économie, le régime héritier de l'Algérie a préféré faire la politique. Plus exactement de la boulitique. On vit au jour le jour. Maman l'Etat compte sur son pipe et son gazoduc, ses sujets sur son assistanat ou sur leur vitesse dans l'enrichissement dans la débandade sociale démocratisée. Pendant 50 ans de développement dans la voie du sous-développement, tout a été politisé. De la traversée de la route, au choix de quelle couleur peindre les façades du centre-ville, ou acheter les protège-cahiers des écoliers. Du Tout-Etat on est passé au privé tous corps d'Etat, et nous voilà au Pas-d'Etat qui inquiète. La rente nourrit le souk, et l'informel le régule. En attendant les jours meilleurs, c'est promis par Mustapha le vizir du mercantilisme : Maman l'Etat, incapable de régir la mafia de l'Import-Import qu'elle a enfantée et grossie reviendra à la vente du sucre et du cumin dans ses épiceries des défuntes futures Edipal, Edied et autres Edimco. D'ici-là, la mentalité Epicerie fait office de base de l'économie. Pas comme autrefois quand elle était héritée de père en fils. Quand la classe moyenne avait son statut garant de l'équilibre, et les gens achetaient selon le strict besoin et non pour rivaliser avec son voisin. C'est incroyable dans des espaces aussi petits, ce qu'on peut ranger comme incroyables quantités de marchandises. L'épicerie, c'est l'art d'empiler et d'amasser les articles dans la minuscule boutique, et la spéculation dans la vaste arrière-boutique. On entasse les besoins du client sur les pauvres étagères, surchargées à la limite du craquement. Dessus, les articles vont et viennent, d'autres font la tête.Et puis, être épicier ce n'est pas un métier facile. Sa langue agile, sa caisse dans la poche, et sa comptabilité dans la tête sans une moindre facture, il faut vraiment être aux aguets et intelligent. Diplomate également. La connaissance du terrain où l'on roule aussi est importante. Il faut savoir être branché pour sentir la bon réseau donnant sur la filière du meilleur filon sur la marchandise soumise à pénurie. Et le produit le moins cher pour gagner plus. L'épicerie reste la mère du commerce. Derrière le comptoir, le client n'a pas le choix. Il s'adapte, à son serveur et à son Smig de misère. Souvent impatient qu'on le serve, on préfère servir avant celui qui casque cash. Tendre son cou et se laisser faire, il doit s'y prêter quand il y a des retards dans le virement ou quand Alger tarde à envoyer le budget. Quand le blé vient à manquer au moment précis où l'achat du sac de farine urge. Partout, dans les quartiers des villes ou aux douars qui ne sont pas connus par leurs élus qui ne sont pas connus davantage, il existe encore des clients d'épicerie qui vivent et survivent à crédit. Pour on ne sait combien de cinquantenaire encore ...