Le faste de l'automne de l'année dernière, soit 1432 de l'Hégire équivalent à 2011, n'a pas eu lieu à Sidi Harrat Benaïssa El Idrissi durant la waâda d'hier. Les causes sont multiples et l'effet n'en est qu'un : le but ancestral n'a pas été atteint. Le contrecoup de cette année est dû à la déviation du dessein même de cette manifestation grandiose qui perdure depuis plus de 600 ans. La rencontre a pour but non seulement la confluence des Hararta de tous les coins du monde vers les terres de leurs ancêtres d'où furent dirigés vers d'autres contrées savants et exégètes pour prêcher la parole d'Allah, mais aussi chefs de guerre, braves cavaliers et moudjahidine pour défendre cette noble terre. Ce grand rendez-vous, nécessaire à plus d'un titre, sert en premier aux retrouvailles et à la réconciliation des uns avec les autres. Et cette dernière clause n'a pas eu son brevet cette année alors que c'était la condition sine qua non chez certains organisateurs et membres influents de ces chorfas descendants du prophète Mohamed que la paix et le salut soient sur lui. Si la fantasia est le clou du spectacle, son baroud n'a pas duré la veille de la waâda suite aux rafales de vents qui ont même renversé les guitounes érigées à l'occasion. Et le mauvais temps en jour de fête est source de mauvaise humeur, bien sûr. La journée d'hier a été marquée par le départ précipité des convives et autres visiteurs avant la prière même de la mi-journée. Cette prière du dhor est aussi fondamentale en cette rencontre et à laquelle prennent part généralement les participants à la mosquée attenante au mausolée de Sidi Harrat Benaïssa El Idrissi et qui s'en suit par les appréciations de la cérémonie, les impressions de chacun, les suggestions et enfin le bilan. Cette année, contrairement à l'année dernière, marquée par la présence des autorités civiles et militaires dont M. Kadhi Abdelkader, le wali de Relizane, la waâda a été désertée et les spéculations allaient bon train. Pour certains, il y a eu manquement aux promesses d'électrification et de couverture sanitaire des Hararta, pour d'autres le méchoui et la tchicha de l'année dernière commandés par son entourage ont défrayé la chronique passant outre la tradition du « classicisme » de ces journées d'allégresse, d'invocation aussi et d'imploration. Mais « l'anéantissement » de la banderole de bienvenue chez les Hararta par le chef de daïra de Zemmora qui opta pour un accueil sous un ciel aphone entre deux poteaux muets qui ne jouèrent pas le rôle qui leur était dévolu fut évoqué comme un signe prémonitoire. Il va de soi que les Hararta attristés et affligés depuis que leur sol même sur lequel résonna le Saint Coran aussi bien sous l'initiation de Sidi Harrat Benaïssa El Idrissi lui-même et puis sous ses descendants durant des siècles, fut revendiqué par des flibustiers mal intentionnés, se vaudront de relever la tête. L'aigreur dure et les nouvelles générations fuient les us, coutumes et traditions. Pour la majorité de cette tribu guerrière, l'intelligentsia n'a pas joué son rôle et a laissé libre cours à des pseudo-notables pêcheurs en eaux troubles. Enfin, l'on ne jure désormais chez les Hararta que par les intellectuels et la place revient de droit aux chercheurs et universitaires, notaires, avocats, médecins et autres têtes pensantes et influentes pour sauver ce qui reste de cette noble tribu dévastée par les calculs étroits et l'intérêt personnel.